lundi 29 octobre 2012

Xu Jilin : « Shanghai Culture Lost »

Par Adrien LACROIX

Eminent historien de la pensée moderne chinoise, Xu Jilin est l'auteur de nombreux essais et livres sur les tendances intellectuelles et des individus dans la Chine du XXe siècle. Depuis le milieu des années 1990, il est également devenu un commentateur critique influent sur les préoccupations intellectuelles chinoises de la période contemporaine d’après 1978.
Xu est professeur d'histoire à l'East China Normal University, où il dirige l’institut de recherche sur la pensée et la culture contemporaine chinoise. Il a été conseiller de l'Académie d'Histoire de Chine (RPC) depuis 1998. Xu est communément considéré par ses pairs intellectuels en tant que défenseur du libéralisme modéré par rapport au débat entre libéralisme et nouvelle gauche qui s'en est suivie depuis les années 1990.

L’auteur dans cet article analyse les raisons pour lesquelles la culture de Shanghai commence à se perdre depuis de nombreuses années et si il existe encore un espoir que celle-ci renaisse des ses cendres. Auparavant, au début du XXème siècle, Shanghai était une ville à la culture resplendissante, elle était l’endroit des médias nationaux, de l’édition, du cinéma et du divertissement tandis que Beijing quant à elle était le centre académique. Toutefois, la fondation de la nouvelle Chine en 1949 et la délocalisation de la capitale à Beijing a changer la donne. En effet, la densité culturelle fut déplacée au nord. Alors que Shanghai était une ville qui avait su développer sa propre culture pendant une période d’ouverture sur le monde, l’économie planifiée des années 1950 à 1980, stoppa court à toute culture propre à Shanghai. C’était une période de monopole, une période conservatrice refermée sur elle-même avec une dépendance de l’état et une peur de la compétition.

L’un des problèmes exposé par l’auteur est que ceux qui font la culture à Shanghai ont tous été forcé à devenir employé de l’état dans un domaine privé, la plupart acceptant en raison des avantages que cela leurs apportaient. Ces artistes n’osaient et n’osent toujours pas  faire dans l’original et se cantonnent sur le moyen dont les précédents artistes ont fait pour réussir, ils continuent à chercher de l’aide auprès du système. Tout comme la nouvelle génération qui se contente de vivre une vie sans encombre aux frais de leurs parents. Le fait que la culture en Chine est toujours très centralisée à Beijing contrairement à d’autre domaine comme l’économie qui se régionalise ainsi que l’implication du monopole de l’état et de son idéocratie dans la production culturelle a fortement influencé la perte de la culture shanghaienne, l’état déterminant  les allocations pour les ressources culturelles. La nouvelle Chine a entraîné un changement de Shanghai qui est passé d’une ville dirigiste à une ville bureaucratique sans plus aucun contrôle et c’est sans surprise que Shanghai a perdu sa culture individuelle unique. En effet cela entraîna le retrait de figures culturelles nationales et internationales en raison de la gestion trop régularisée et ordonnée de la ville. Shanghai n’avait plus de liberté d’expression, la ville n’autorisait pas la pluralité et dès qu’un « outsider » faisait son apparition, il perdait très vite son indépendance et rentrait dans l’uniformité. Finalement, la perte du dialecte de Shanghai est une autre raison car une langue est propre à une culture. Si la nouvelle génération n’est plus capable de le parler alors la culture shanghaienne aura du mal à redevenir quelque chose d’unique.
L’auteur, par ses propres arguments, cherche à montrer à travers cette article l’influence qu’à eu le PCC et son économie de marché sur la perte de culture à Shanghai. En effet, le pouvoir mono parti et la centralisation à Beijing qu’à ordonné l’état a fait perdre toute opportunité à Shanghai de maintenir son statut de ville à la culture forte. Toutefois, l’exposition universelle de 2010 a montré que Shanghai avait le potentiel de redevenir une ville culturelle ouverte à toutes les nations du monde, malgré le fait que le gouvernement a peur de donner une image de centre culturel émergent à Shanghai. Il a peur que Shanghai réentre en compétition avec la capitale du nord. Mais, les shanghaiens savent que la culture va renaître car indépendamment de leur manque d’enracinement culturel et historique, Shanghai a toujours gardé une longueur d’avance grâce à sa capacité à changer selon les circonstances et ne jamais rater de nouvelles opportunités.
Le texte nous montre bien comment l’ancien mode de fonctionnement du PCC a ralentit le développement de la Chine, l’exemple de Shanghai montrant bien la situation. Le PCC en voulant trop de pouvoir s’est restreint sur son siège et n’a pas voulu que d’autres villes puissent faire concurrence. Il est maintenant de se demander si la mise en place d’un nouveau système de gouvernance en Chine pourrait permettre une relâche du pouvoir et une régionalisation d’autres domaines et ainsi permettre une harmonisation nationale. L’article expose bien les résultats engendrés par le PCC et nous fait nous demander quel chemin le PCC devrait maintenant adopter pour garder son pouvoir tout en ayant le soutien de la population.

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