mercredi 19 décembre 2012

Sms, Communication, And Citizenship


Kevin Latham (2007). « Sms, Communication, And Citizenship In China's Information Society. »  Critical Asian Studies, 39:2, 295-314 
Par Adrien Lacroix

Kevin Latham est maître de conférences en anthropologie sociale au département d’anthropologie et sociologie de l’université de Londres. Il est également membre du Centre d’Etudes chinoises et membre associé du Centre Médiatique et d’Etudes Cinématographiques de cette même université. De plus, il est professeur invité à la Beijing City University. 
La Chine est entrée dans une nouvelle ère de l'information qui appelle à un reconsidération de certaines présuppositions essentielles de la relation entre les médias chinois, la communication, la société et la culture. Prenant l'exemple des SMS (Short Messaging Services, l’auteur dans cet article explore les relations changeantes entre les médias chinois, le pouvoir, la subjectivité politique et la citoyenneté. Les SMS constituent aujourd'hui un important nouvel ensemble de pratiques de communication en Chine, avec par exemple 220 milliards de SMS envoyés en 2003 et ce n’était que le début de cette nouvelle ère. Il est généralement utilisé de deux marnière différentes : soit pour l’écriture de messages personnels soit pour recevoir des informations après abonnements à des services. Néanmoins, il explique que les médias et la communication ont joué un rôle fondamental dans la construction de la subjectivité politique chinoise, et donc la citoyenneté, depuis la fondation de la République populaire de Chine (RPC) Au même moment, la combinaison d'un paysage médiatique commercialisé et libéralisé avec une nouvelle Chine largement ouverte sur le reste du monde a dans une certaine mesure indéterminée le rôle des médias comme la « gorge » et la « langue », qui est le porte-parole du Parti Communiste Chinois.

vendredi 7 décembre 2012

Comparing Online Activities in China and South Korea


CHUNG, Jongpil, Comparing Online Activities in China and South Korea, Asian Survey, vol. 48, no.5, Univerity of California Press, Septembre/Octobre 2008, pp. 727-751

Chung Jongpil est professeur assistant au département de Sciences politiques de l’université Kyung Hee à Séoul, en Corée. Ses recherches traitent principalement de la relation entre les technologies de l’information et les régimes politiques de la Chine et de la Corée du Sud. 
Le but de cet article est de comparer la façon dont l’Internet est utilisé par les dirigeants des pays autoritaires et démocratiques. 

Pour composer son article, Chung Jongpil se base sur des évènements d’activisme survenus grâce à l’Internet en Chine et en Corée du Sud et sur son analyse de ces évènements. Il fait également appel à certains spécialistes pour appuyer ses théories et son texte. 

The Power of Internet in China


Billet de Camille Dufour-Blain

Evgeny Morozov a écrit le livre The Net Delusion : The Dark Side of Internet Freedom en 2011. Il a été un spécialiste invité à l’université Stanford aux États-Unis de 2010 à 2012. Il a écrit pour plusieurs magazines et journaux donc le New York Times, The Economist, The Wall Street Journal, Financial Times et London Review of Books .

L’article The Power of Internet in China : Looking Beyong People’s Power est une critique du livre The Power of the Internet in China de Guobin Yang et de sa pensée. Guobin Yang a publié sur plusieurs sujets sociaux en Chine dont l’Internet, la société civile et le mouvement étudiant de 1989. Il a un doctorat en littératures anglaises avec une spécialisation en traduction littéraire de l’université d’études étrangères de Beijing et un doctorat en sociologie de l’université de New York . Dans le texte, l’auteur fait part de ses réflexions par rapport audit livre de Guobin Yang et il ne se sert d’aucune autre source; tout vient de lui. 
Tout d’abord, il commence l’article en expliquant ce qu’est le livre de Yang et les théories qui y sont avancées, notamment sur la e-civil society qui est le monde des activistes, des ONG, etc Alors que les spécialistes font habituellement plus attention aux images de contrôle et de divertissement qu’a l’Internet en Chine, Yang met le monde des activistes comme étant une des images et des caractéristiques de base. Or, pour Yang, l’État peut seulement s’adapter à  cet activisme sur Internet ou le contraindre et, selon Mrozov, c’est là que Yang sous-estime la façon dont le gouvernement s’est adapté à l’Internet. Yang devrait donc ajouter une quatrième image de l’Internet en Chine : celle de l’Internet en tant qu’outil de propagande et de source d’information (sur les citoyens, par exemple) du gouvernement. 

jeudi 6 décembre 2012

Géographie des lieux d'accès à Internet


Par Fabrice Tô
Puel Gilles, « Géographie des lieux d'accès à Internet. Les conditions de l'accès public et les modèles d'usages dans les grandes villes de Chine », L'Espace géographique, 2009/1 Vol. 38, p. 17-29.

Gilles Puel est un géographe au Département de Sciences économiques & Gestion de l’Université de Toulouse le Mirail.

Tout d’abord, l’auteur commence par expliquer le fonctionnement des distributeurs Internet en Chine, qui sont tous des entreprises privées. Il explique que le gouvernement va essayer de prendre contrôle d’Internet en règlementant les cybercafés et les entreprises liées au cyberespace, mais qu’il doit avant tout faire face aux propres règlementations locales qui priment. L’auteur affirme que son texte explique comment les acteurs locaux façonnent le marché de l’Internet café et modèlent les formes de l’accès et les dynamiques urbaines. L’auteur tente d’expliquer comment ces changements vont affecter les villes, créant une nouvelle géographie des lieux d’accès à Internet qui va changer le monde urbain tel qu’on le connait. 

Géographie des lieux d’accès à Internet


Gilles Puel, « Géographie des lieux d’accès à Internet, les conditions de l’accès public et les modèles d’usages dans les grandes villes de Chine », Belin, L’espace géographie, 2009/1, Vol. 38. 
Texte de Véronique Forest-Marchand.

Gilles Puel est géographe au Département de Sciences économiques et de Gestion, à l’Université de Toulouse le Mirail. Il travaille également au sein du Groupement de Recherche Économique et Sociales (GRES) ainsi qu’au Laboratoire d’Études et de Recherches sur l’Économie, les Politiques et les Systèmes Sociaux (LEREPS). 

Dans son article, Gilles Puel se base sur plusieurs études concernant le développement et la gestion des cybercafés chinois, afin de mieux comprendre l’impact social, politique et économique des cafés internet en Chine. En Chine, pays qui compte le plus grand nombre d’internautes au monde depuis fin 2007, mais où la censure gouvernementale de la «toile» est encore très vive, les cafés internet sont des lieux de prédilection pour naviguer sur le web. Puel explique que cela est du en grande partie au fait qu’assez peu de chinois possèdent l’équipement nécessaire pour se connecter efficacement à la maison. En effet, environ un chinois sur cinq possède un ordinateur tandis que les cafés internet investissent beaucoup dans la qualité et la nouveauté de leur matériel informatique, afin d’attirer et de conserver leur clientèle. 

Historicizing Online Politics


Texte de Vanie-Ève Aubertin

Zixue Tai, « Review of Historicizing Online Politics : Telegraphy, the Internet, and the Political Participation in China de Zhou Yongming», The Journal of Asian Sutdies, Volume 67, numéro 1, février 2008, pp. 293-294. 

Aux dernières nouvelles, Zhou Yongming est professeur au département d’anthropologie à l’Université du Wisconsin. Il s’intéresse particulièrement à la mondialisation, au changement culturel, aux politiques économiques, médiatiques et écologiques. Il étudie le nationalisme, le tourisme, les drogues, le cyberespace en Chine. 

Le livre de Zhou Yongming est une étude comparative sur l’attitude du gouvernement chinois face à l’avènement des nouvelles technologies de la communication, c’est-à-dire l’arrivée de la télégraphie qui précède la chute de l’Empire dynastique des Qing et l’arrivée d’internet qui suit la politique d’ouverture de la Chine peu après la mort de Mao. Tout comme Christopher R. Hughes, Zhou affirme l’importance du contexte dans lequel de telles technologies sont introduites à une société. Il démontre également l’effet « mobilisant » de ces technologies. 

mercredi 5 décembre 2012

Han Supremacism on the Chinese Internet


Jonathan Gaudreau

James Leibold – More than a Category: Han Supremacism on the Chinese Internet
 The China Quarterly, 203, septembre 2010, pp.539-559.

James Leibold est un historien politique spécialisé sur la Chine moderne avec comme principal champ de recherche l’ethnicité, l’identité raciale et nationale en Chine moderne et les connexions entre la mémoire collective et l’identité ethnique dans la Chine contemporaine. Il détient un baccalauréat en Études est-asiatiques de l’Université Wittenberg, une maîtrise en Études est asiatiques de l’Université Washington, puis un PhD en histoire chinoise de l’Université de Californie du Sud. Il travaille maintenant sur l’analyse critique de l’identité « Han » en Chine, le cybernationalisme Han et il s’intéresse à savoir comment l’internet, en Chine, façonne l’identité politique.
Dans ce texte, Leibold tente de contextualiser et examiner la forme que prend le nationalisme chinois sur internet. Il démontre comment un groupe de jeunes chinois « urbains » se réapproprie les vieux clichés Han pour remettre en question les politiques multiculturelles du PCC, tout en mettant la « race Han » sur un piédestal, attaquant toutes les autres minorités chinoises. Son étude prend un exemple majeur : le cas de Yan Chongnian, historien de 74 ans. Celui-ci, lors d’une dédicace de livre, s’est fait gifler au visage à deux reprises par un homme (Huang Haiqing) qui, alors que la sécurité l’emmenait, criait « Han traitor, Han traitor! ».

Géographie des lieux d’accès à Internet


Gilles Puel, « Géographie des lieux d’accès à Internet, les conditions de l’accès public et les modèles d’usages dans les grandes villes de Chine », Belin, L’espace géographie, 2009/1, Vol. 38. 
Texte de Véronique Forest-Marchand.

Gilles Puel est géographe au Département de Sciences économiques et de Gestion, à l’Université de Toulouse le Mirail. Il travaille également au sein du Groupement de Recherche Économique et Sociales (GRES) ainsi qu’au Laboratoire d’Études et de Recherches sur l’Économie, les Politiques et les Systèmes Sociaux (LEREPS). 

Dans son article, Gilles Puel se base sur plusieurs études concernant le développement et la gestion des cybercafés chinois, afin de mieux comprendre l’impact social, politique et économique des cafés internet en Chine. En Chine, pays qui compte le plus grand nombre d’internautes au monde depuis fin 2007, mais où la censure gouvernementale de la «toile» est encore très vive, les cafés internet sont des lieux de prédilection pour naviguer sur le web. Puel explique que cela est du en grande partie au fait qu’assez peu de chinois possèdent l’équipement nécessaire pour se connecter efficacement à la maison. En effet, environ un chinois sur cinq possède un ordinateur tandis que les cafés internet investissent beaucoup dans la qualité et la nouveauté de leur matériel informatique, afin d’attirer et de conserver leur clientèle. 

More Than a Category: Han Supremacism on the Chinese Internet


Texte de Tian Jiang

James Leibold, « More Than a Category: Han Supremacism on the Chinese Internet. »  The China Quarterly 2010.

James Leibold est un politicien, et historien de la Chine moderne, il a obtenu son phD en histoire de la Chine à l’Université de Californie du Sud (en anglais, University of Southern California, USC). Il est un spécialiste sur l’éthnicité, la race et les identités nationales de la Chine moderne. Ses projets de recherche actuels consistent une analyse critique de  l’éthnicité "Han" et l’influence de l'Internet  dans le domaine politique dans la société chinoise contemporaine.

Cet article nous montre que l’Internet a un grand influence sur nationalisme chinois moderne. Dans son étude, il a démontré que la relation entre des Hans et des autres éthnicités monoritaires est difficile à maintenir.  Cela remonte au dynastie de Qing, la confrontation entre des manchus et des Hans est très important, comme le ‘’Loi de la queue” (剃发令). Dans le temps de Guomintang, sous la règne de Jiang Jieshi, la situation s’empire, les traites chinois sont nommés Hanjian (汉奸),soit les traites des Han, alors Han est présenté comme le seul nation en Chine. Avec arrivée du PCC, il crée des  régions autonomes pour calmer la situation, en accordant des avantages sociaux et économiques aux nations minoritaires (少数民族). 

Just Doing Business or Doing Just Business


Texte de Zhen Xia Xing

Dann, G. Elijah and Neil Haddow.  “Just Doing Business or Doing Just Business: Google, Microsoft, Yahoo! And the Business of Censoring China's Internet.”  Journal of Business Ethics, Vol. 79, No. 3 (May, 2008), pp. 219-234.

G. Elijah dann possède un doctorat en philosophie de l’Université de Waterloo ainsi qu’un doctorat en théologie de l’Université de Strasbourg. Il a enseigné et enseigne toujours la philosophie et la religion dans divers université canadienne. Son collègue Neil Haddow a un doctorat en philosophie de l’Université de Waterloo. Il enseigne dans le département des sciences politiques à l’Université du Manitoba.
Leur texte critique les compagnies d’internet occidentales qui ont choisi de faire affaire avec la Chine. Ces compagnies doivent se plier aux exigences des autorités chinoises en censurant les informations jugées inappropriées. Les auteurs expliquent comment ces compagnies violent les droits des citoyens chinois en empêchant la libre diffusion d’information. Ils analysent ensuite les justifications et excuses de ces compagnies qui s’avèrent insuffisantes. Le fait de commercer avec la Chine leur oblige tout de même à avoir une responsabilité morale. 

mardi 4 décembre 2012

Shaping the Internet in China


« Shaping the Internet in China »

Texte par Trinh Phan

HARWIT, Eric and Duncan Clark. “Shaping the Internet in China: Evolution of Political Control over Network Infrastructure and Content”, Asian Survey, Vol. 41, No. 3, May-June 2001, pp. 377-408.

Eric Harwit est un professeur associé des études asiatiques d’University of Hawaii. Duncan Clark est le fondateur et directeur administratif de BDA China Ltd. à Beijing. Cet article est l’objet d’un sondage sur l’usage d’Internet, qui a eu lieu à Shanghai pendant l’été 2000, et où trente personnes (Chinois, étrangers, officiels et universitaires) y ont répondu. Les auteurs ont tiré quelques hypothèses sur le développement d’Internet en Chine de cette enquête. 

Selon eux, la question des profits est un incitatif important pour le gouvernement de faire développer le réseau dans tout le pays. Le gouvernement chinois vise à exploiter le réseau international pour accéder aux avantages éducationnels et commerciaux étrangers. Cependant, ce but entre en conflit avec le désir de contrôler l’information. 

« China’s ‘Networked Authoritarism’ »


Rebecca MacKinnon, « China’s ‘Networked Authoritarism’ », Journal of Democracy, vol. 22, no. 2, Avril 2011, pages 32-46.

Texte de Pascale Couturier
Rebecca MacKinnon est une ancienne journaliste pour CNN à Beijing et à Tokyo. Elle est co-fondatrice de Global Voices Online et occupe un poste au Global Network Initiative, ainsi qu’au Committee to Protect Journalists. Elle a gradué de Harvard en études gouvernementales. Depuis, la majorité de ses ouvrages portent sur les enjeux reliés à internet et les nouveaux networks dans le monde contemporain.
L’article de MacKinnon tente de démontrer en quoi Internet ne démocratisera pas rapidement la Chine puisqu’il y a de nombreux problèmes à résoudre dans sa gestion avant d’en arriver-là. D’après elle, la Chine subit un «network autoritarism »  puisque le même parti reste au pouvoir malgré les nombreuses discussions sur les problèmes du pays publiées sur des sites web et médias sociaux. Certes, ces discussions peuvent parfois avoir un impact sur la politique, mais elles ne garantissent ni une plus grande liberté, ni de meilleurs droits à l’utilisateur. 

Géographie des lieux d'accès à Internet


Texte de Sumaya Flores-Bonin
Puel Gilles, « Géographie des lieux d'accès à Internet. Les conditions de l'accès public et les modèles d'usages dans les grandes villes de Chine », L'Espace géographique, 2009/1 Vol. 38, p. 17-29.

Gilles Puel est géographe au département de Sciences économiques et Gestion de l’Université de Toulouse II-Le Mirail. Il se penche particulièrement sur les questions liant la technologie et les territoires. Cette question est au cœur de l’article « Géographie des lieux d'accès à Internet. Les conditions de l'accès public et les modèles d'usages dans les grandes villes de Chine ». En effet, dans son texte, Puel fait d’abord une mise en contexte de l’utilisation d’internet en Chine, dirige ensuite le lecteur vers le phénomène des cybercafés puis en explique la réglementation à laquelle les propriétaires doivent se plier, toujours en gardant en tête qu’à cause de la grande superficie du pays, les réglementations sont plus ou moins respectées ou renforcées selon les régions. 

China’s « Networked Authoritarianism »


China’s « Networked Authoritarianism »

Billet de Jérémie Deschênes

MACKINNON, Rebecca. « China’s « Networked Authoritarianism »», Baltimore, Johns Hopkins University Press, Journal of Démocracy, vol 22., 2011, pp.32-46 

Activement impliquée dans plusieurs mouvements prônant la liberté de presse dans le monde, Rebecca MacKinnon est co-fondatrice du projet à but non lucratif Global Voices Online destiné à faciliter l’échange d’informations entre les « blogueurs » et les sources médiatiques traditionnelles. Ayant travaillé comme chef du bureau de CNN à Beijing et Tokyo, elle maîtrise parfaitement le dossier des problématiques liées à la censure et à la manipulation de l’information en Chine. Le texte China’s « Networked Authoritarianism » est la version écrite d’un exposé offert devant le U.S. Congressional Executive Comission on China en mars 2010. 

Ce texte revêt un rôle principalement iconoclaste puisqu’il tend à contredire la croyance commune corrélant démocratisation politique et démocratisation des moyens technologiques de communications ( internet, mobiles...). Tout en entérinant les facettes émancipatrices de l’internet, MacKinnon tente de démontrer que la Chine participe actuellement à l’élaboration d’un archétype de contrôle social via l’élargissement populaire de ses plates-formes technologiques. En effet, le PCC ainsi que d’autres gouvernements autoritaires instaureraient en ce moment des techniques avancées de censures, surveillances et législations afin d’encadrer l’utilisation du web à leur propre avantage. Au-delà des simples préoccupations liées à la censure du contenu, l’auteur place les législations encadrant le marché des télécommunications et des services internet comme la clé de voûte du développement démocratique des médias de masse.

Géographie des lieux d'accès à Internet


Géographie des lieux d'accès à internet. les conditions de l'accès public et les modèles d'usages dans les grandes villes de Chine

Texte d’Alexandre Ferland

Puel Gilles, « Géographie des lieux d'accès à Internet. Les conditions de l'accès public et les modèles d'usages dans les grandes villes de Chine », L'Espace géographique, 2009/1 Vol. 38, p. 17-29.

Gilles Puel est maître de conférence HDR (habilitation à diriger des recherches) en géographie et aménagement à l’Université de Toulouse 2 – Le Mirail. De plus, il est chercheur pour le Laboratoire d'Études et de Recherches sur l'Économie, les Politiques et les Systèmes Sociaux (LEREPS). Ses recherches portent sur les relations entre la filière technologies de l'information et de la communication et le développement durable, la question des mobilités et des services géolocalisés dans l’espace urbain, le développement des téléservices à la « campagne » et les interactions entre les dispositifs sociotechniques et le développement des métropoles. Ses travaux visent les grandes métropoles chinoises ainsi que les villes et l’urbanisation des campagnes européennes. Le texte de Puel analysé dans ce billet a pour sujet les cybercafés en Chine.

lundi 3 décembre 2012

Blogging alone: China, the Internet, and the Democratic Illusion?


Blogging alone: China, the Internet, and the Democratic Illusion?

Par David Bilodeau Gonthier

    James Leibold, titulaire d’un doctorat en histoire chinoise, est un maitre de conférences à la « Faculty of Humanities and Social Sciences » de l’université La Trobe en Australie, ainsi qu’un historien politique de la Chine moderne. M. Leibold se spécialise notamment sur le rôle que joue l’ethnicité, la race, et l’identité nationale dans la société chinoise contemporaine. Dans son article paru dans la revue « The Journal of Asian Studies », il cherche à démontrer l’influence de la blogosphère chinoise sur la vie sociale et politique de la société en analysant les comportements et les habitudes des internautes chinois.
Pour réaliser son étude, l’auteur a analysé des sondages sur les habitudes d’utilisation d’Internet, des recherches comparatives, et sa propre expérience avec l’Internet chinois. Il en vient à la conclusion que l’utilisation massive de blogues en Chine ne permettra pas nécessairement de révolutionner drastiquement le pays, car ces blogues, plutôt que de pousser vers une libéralisation du régime, servent surtout au divertissement et produisent de la désinformation.
    M. Leibold ne nie pas le fait que l’Internet a potentiellement le pouvoir de mener à une révolution. Toutefois, il s’est rendu compte que la majorité des Chinois utilisaient le cyber-espace pour des activités ludiques, que ce soit pour télécharger de la musique, jouer à de jeux vidéos, chercher des informations sur ses vedettes préférées, ou tenir un blogue. Il caractérise d’ailleurs ce dernier d’infotainment, un lieu où l’on donne de l’information, souvent inutile d’après l’auteur, dans l’unique but de [se] divertir. M. Leibold admet néanmoins que certains blogues peuvent avoir leur utilité dans le développement de la société chinoise, et que plusieurs discussions portent effectivement sur des questions d’ordre politiques ou sociales, ou critiquent le parti. Mais ces blogues sont rares et sont la plupart du temps noyés dans une marée de divertissement. L’auteur croit ainsi qu’Internet, au lieu de donner du pouvoir au peuple, tend à renforcer le pouvoir gouvernement qui profite alors d’une population qui se dépolitise.

The Power of the Internet in China

The Power of the Internet in China: Looking Beyond People’s Power

Texte de Grégoire Chevillat

Morozov, Evgeny, « The Power of the Internet in China : Looking Beyond People’s Power », Asia Policy, n°10, 2010, pp. 171-175.

    Evgeny Morozov est un chercheur biélorusse, il est spécialiste de l’impact social et politique des nouvelles technologies. Il contribue régulièrement au magazine américain Foreign Policy pour lequel il tient un blog intitulé Net effect. Son ouvrage phare, The Net Delusion : the Dark Side of Internet Freedom, est paru en 2011 et s’inscrit dans la lignée du présent article.

L’auteur commence à présenter la thèse d’un autre chercheur, Guobin Yang, pour ensuite mieux montrer en quoi cette thèse est erronée selon lui et nous apporter sa vision du rôle d’Internet en Chine. Guobin Yang est professeur à l’Université de Pennsylvanie et la thèse dont il est question dans l’article de Evgeny Morozov est issue de son dernier ouvrage : The Power of the Internet in China : Citizen Activism Online.

Pour Yang le plus grand avantage d’Internet en Chine est le fait qu’il crée un semblant de monde démocratique virtuel et qu’à terme, ce monde virtuel deviendra réalité et s’imposera de fait en Chine. En effet, grâce à l’activisme contestataire qu’il génère, Internet pousserait petit à petit la Chine vers la démocratie.

More than a category : Han supremacism on the Internet.

Billet par Marc-André Pagé

More than a category : Han supremacism on the Internet.
James Leibold. The China Quarterly, 203, septembre 2010. P. 539-559

    James Leibold possède un doctorat en histoire de la Chine. Son expertise est l’étude du rôle que l’identité nationale, la race et l’ethnicité ont joué dans l’histoire de la Chine. Il a écrit trois livres et au moins sept articles sur la Chine. Son dernier livre porte sur les frontières et les limites de l’identité chinoise moderne. L’auteur se fie à des recherches et de sa propre expérience pour communiquer ses arguments.

    Le thème de l’auteur est le nationalisme chinois. Il nous démontre à quel point les idées sur le thème se radicalisent avec l’Internet. Son texte débute avec un type qui, en public, gifle l’auteur d’un livre sur l’apport de la dynastie Qing dans l’histoire chinoise. Son  geste fut publiquement décrié par les intellectuels, mais nous apprenons que sur Internet et sur des blogues, le geste est applaudi et que des fonds ont même été ramassés pour venir en aide à l’agresseur.  Les internautes ont par la suite décrié la politique officielle du PCC sur le multiculturalisme chinois. Selon ces radicaux, les « Han » (l’ethnie majoritaire) sont discriminés et désavantagés par rapport aux autres minorités du pays. Selon ces internautes, les politiques du multiculturalisme sont revenues hanter le pays au complet et ils font porter le chapeau au PCC pour les évènements violents avec les Tibétains et les Ouighours. De plus, les disparités économiques entre les Han et les minorités se sont accentuées et non diminués. 

Sms, Communication, And Citizenship in China’s Information Society

Texte de Raymond Léa
Sms, Communication, And Citizenship in China’s Information Society

Kevin Latham (2007): Sms, Communication, And Citizenship in China’s Information Society, Critical Asian Studies, 39:2, 295-314

Je n’ai malheureusement pas trouvé d’information sur l’auteur.
Ce texte se concentre sur les relations entre les média chinois, le pouvoir, les subjectivités politiques et la citoyenneté via le SMS (Short Messaging Service) diffusé en Chine. En effet, le SMS constitue une importante nouvelle façon de communiquer en Chine. Il est d’ailleurs largement plus utilisé que l’internet et ce, par une plus grande population. Tout d’abord, l’auteur se questionne l’impact qu’on les sms en Chine sur les relations de la société.

En 2003, le nombre de sms a plus que doublé à 220 bilions, et ainsi le nombre n’a cessé de grandir d’année en année. Le sms a aussi transformé les interactions quotidiennes et même les célébrations traditionnelles. Par exemple, au cours de la semaine du jour du nouvel an chinois en 2005, plus de 11 billions de sms sont envoyés en Chine. En effet, la fête du nouvel an est devenu un point culminant dans le calendrier des sms, au moins 100 millions de chinois s’envoient des sms de souhait. D’ailleurs, comme la population chinoise communique de plus en plus avec leurs mobiles, le sms leurs a aussi donné une nouvelle façon de se tenir à jour de l’actualité, des nouvelles financières, des sports, des divertissements et bien d’autre genre d’information. Latham démontre alors un sondage effectué par le People Daily, en avril 2004 sur le service des sms. 45.9% ont répondu pour qu’ils utilisent le sms pour de nouvelles dispositions, 30.7% pour des informations pratiques, 28.3% pour des salutations ou des souhaits, 28% pour les photos, images et les sonneries, 27.2% pour des plaisanterie, 17.3% pour du divertissement et 9.2% pour du bavardage. Cependant, le sondage a trouvé une nette tendance à l’écart des nouvelles traditionnelles, du service d’information vers le divertissement et les interactions sociales.

Moral et affaires en Chine : un mariage difficile

Moral et affaires en Chine : un mariage difficile

Par David Imbeault

Analyse du texte «Dann, G. Elijah and Neil Haddow.  “Just Doing Business or Doing Just Business: Google, Microsoft, Yahoo! And the Business of Censoring China's Internet.”  Journal of Business Ethics, Vol. 79, No. 3 (May, 2008), pp. 219-234»

Les deux auteurs de cet article travaillent tout les deux dans le domaine de la philosophie. Au moment de rédiger l’article, Neil Haddow finissait un Ph.D. à l’université de Waterloo et se spécialisait à la philosophie morale et politique. G. Elijah Dann a étudié en théologie et a obtenue un Ph.D. de l’université de Waterloo en philosophie. L’article se situe précisément dans le champ de recherche de Neil Haddow puisqu’il y est presqu’exclusivement question de moral et de politique.

Les deux auteurs cherchent, dans l’article, à déterminer si les compagnies qui ont travaillés de concert avec le gouvernement chinois pour limiter le droit à l’information de la population chinoise ont moralement quelque chose à se reprocher et si oui, ce qu’elles auraient pu ou pourraient faire pour tenter de faire des affaires avec le gouvernement chinois tout en restant morales. Pour ce faire, les auteurs se basent avant tout sur des livres concernant le lien entre la moralité en elle-même et son lien avec les affaires. Ils font aussi appel à des ouvrages faisant le portrait de la Chine moderne et à des articles qui traite de la question de l’engagement des compagnies étrangères dans le système de censure de la Chine.

Blogging Alone : China, the Internet, and the Democratic Illusion?

Texte de Arnaud CHEN YUAN CHI AH LONE

Blogging Alone : China, the Internet, and the Democratic Illusion?

JAMES LEIBOLD
The Journal of Asian Studies page 1 of 19, 2011.
The Association for Asian Studies, Inc., 2011    à

James Leibold est un historien politique de la Chine moderne avec une spécialisation dans l'ethnicité et l'identité nationale dans l'histoire moderne de la Chine. Ses projets de recherche actuels comprennent une analyse critique de la catégorie des « Han » dans la Chine moderne, il analyse le cyber nationalisme « Han », et l’exploration de la façon dont l'Internet chinois influence le remodelage politique de l'identité, de la pratique et du discours dans la société chinoise contemporaine. Il est actuellement le coordonnateur du programme d'études asiatiques à La Trobe (Melbourne, Australie) et enseignants sur l'histoire et la politique contemporaine de la Chine moderne.

            L’article de James Leibold cherche à démontrer que se passe-t-il une fois les limites de l’état franchi (ou contourner). Il cherche à observer ces nouveaux espaces sociaux et  ces flux d’informations dans la vie public et privée de la Chine contemporaine. Il étudie le comportement et l’opinion de l’internaute chinois. Selon Daniel Drezner et Henry Farrell (l’un est un professeur en politique international et l’autre est un politologue) et leur définition du terme « blog », le blog représente le moyen le plus répandu et le plus dynamique pour communiquer sur internet. Pour les internautes chinois, le blog permet de participer à des débats (ou des discussions) au niveau national ou simplement se cantonner dans leur petit « monde » à eux. Les internautes qui souhaitent participer à ces pseudo- débats nationaux visitent les blogs, ces blogs constituent le meilleur moyen de présenter un sujet (ou débat), de promouvoir une ouverture politique, de lutter contre l’idéologie du parti (PCC) et de s’opposer (ou s’affirmer) face à cette autorité dominante. Le prix Pulitzer Nicholas Kristof déclare en 2006 qu’ « un simple blogue peut démarrer un feu de prairie » qu’avec par la « liberté d’expression » dans la blogosphère chinoise, il est possible de menacer l’autorité du PCC. Bien qu’internet puisse servir d’outil à une amélioration de la société chinoise, l’internet reste un instrument neutre et socialement malléable. 

Géographie des lieux d’accès à Internet

Texte de Vincent Dubuc-Valentine

Gilles Puel, « Géographie des lieux d’accès à Internet, les conditions de l’accès public et les modèles d’usages dans les grandes villes de Chine », Belin, L’espace géographie, 2009/1, Vol. 38, pages 17 à 29.

Gilles Puel est géographe à l’Université de Toulouse II-Le mirail ; laboratoire d’études et de recherches sur l’économie, les politiques et les systèmes sociaux. Ses études et travaux se situent à l’interface techniques/territoires/politiques publiques.

L’article de Gilles Puel nous informe sur la construction de cybercafés et ses dynamiques sociales en Chine. L’auteur se base sur trois études de types empiriques sur cinq métropoles (Pékin, Tianjin, Shanghai, Dalian et Chongqing). Ces trois études, comme nous allons le voir, portent sur comment se fait l’articulation des politiques de régulation des cybercafés par le gouvernement chinois par rapport au « jeu » des acteurs locaux, qui eux modèlent le marché des cybercafés. Les différentes manières de gérer l’espace des cybercafés par des acteurs locaux créent un espace « socio-spatial » qui forge et met en place une géographie urbaine de cybercafés. De plus, cette étude nous montre comment les usagers de ces cafés forment la construction de cet « écosystème ». De nouveaux quartiers formés de cybercafés font donc leur apparition. Pour ce faire, l’auteur va, entre autres, utiliser des revues scientifiques et des travaux qui ont été faits sur le sujet ainsi que des rapports de la CNNIC. Cette dernière est une agence gouvernementale qui dépend du ministère de l’Information qui,  tous les six mois, sort un rapport statistique sur l’Internet en Chine. Depuis 1998, le gouvernement central tente donc de stabiliser la jeune industrie de cybercafés en cherchant à  réglementant l’établissement de cafés Internet. Cette politique rencontre d’ailleurs de vives résistances.

Internet, nouveau territoire de lutte pour les opposants politiques en exil

Billet rédigé par Gabrielle Maisonneuve

Égré, Pascale, Internet,  nouveau territoire de lutte pour les opposants politiques en exil, Migrants.com, N°1240,  septembre-octobre 2002

      Pascale Égré est reporter pour le journal Le Parisien et se spécialise dans les questions sur la société et les migrations. Cet article fut sélectionné dans le cadre du dossier Lettres d’exil regroupant plusieurs autres témoignages d’exilés politiques. Celui-ci n’est qu’un aperçu des vécus des militants dans les pays où le peuple est réprimé. Nous faire partager leurs opinions et leurs expériences nous permet d’humaniser ce débat chaque jour plus enflammé. 

    L’Internet s’avéra être un outil inestimable de coordination et de diffusion de l’informationdans la  lutte contre les abus du pouvoir de l’élite dirigeante, mais s’agit-il en fait d’un cadeau empoisonné pour les militants? Cet article tiré du journal Le Parisien consiste en les témoignages de trois exilés politiques de nationalités et d’opinions différentes sur l’utilisation de l’Internet dans la lutte contre les violations des droits de l’homme commis par leur pays respectif. Une Tunisienne, un Mauritanien et un Chinois partagent leur passé et leur opinion sur la contribution de cette arme à double tranchant dans leur combat pour la justice. 

« Sms, Communication, And Citizenship In China's Information Society. »


Par Mélissande Poupart-Soucy

 Kevin Latham (2007). « Sms, Communication, And Citizenship In China's Information Society. »  Critical Asian Studies, 39:2, 295-314.

Kevin Latham est professeur invité à l’université de Beijing. Il se concentre sur l’anthropologie des médias, l’étude des médias, l’étude culturelle ainsi que sur la théorie postmoderne et poststructuraliste. Ses recherches ont porté récemment sur les médias chinois, et plus particulièrement sur les journalistes qui travaillent dans les journaux et à la télévision à Guangzhou.

Dans cet article, l’auteur veut offrir des exemples moins connus de types de médias et qui sont aussi considérés comme étant de la télécommunication. Il veut en plus faire ressortir la popularité grandissante des SMS et il désire montrer comment le développement récent de la télécommunication a influencé les relations médiatiques entre le citoyen et l’État. Pour le démontrer, il se sert surtout comme références des articles d’auteurs chinois.

Selon l’auteur, les médias servent à modeler un bon citoyen chinois et ils jouent un rôle important dans la mobilisation de la population pour des campagnes politiques et sociales.

« Blogging Alone: China, The Internet, and the Democratic Illusion? »

Texte de Thierry Parizeault

Leibold, James. (2011). « Blogging Alone:  China, The Internet, and the Democratic Illusion?», Journal of Asian Studies, pp. 1023-1041.

James Leibold est professeur à la « Faculty of Humanities and Social Sciences » de l’université de Melbourne en Australie. Il détient un baccalauréat en étude est-asiatique (université Witterberg), une maîtrise dans le même domaine (université de Washington) ainsi qu’un doctorat en histoire chinoise de l’université de Californie du Sud. Son champ de recherche s’oriente essentiellement sur les rôles de l’ethnicité, la race ainsi que l’identité nationale à travers l’histoire de la Chine, mais aussi au sein de la société chinoise contemporaine. Cet article de Leibold est un des rares où il traite de l’internet en Chine. Cette étude, où l’auteur s’appuie sur un grand nombre d’articles et de recherches de ses pairs, se penche sur les tendances et comportements des internautes chinois et dans quelle mesure le monde numérique met en place de nouvelles formes d’activisme et change la nature des rapports entre l’État et la population.

La communauté d’internautes en Chine est la plus grande qui existe à ce jour avec près de 500 millions d’utilisateurs. Lorsque nous parlons de l’internet en Chine, le débat entre le nouvel activisme chinois et les efforts du Parti pour contrôler cette nouvelle révolution numérique revient très souvent. Ce débat nous amène à nous demander en quoi cette dite révolution de l’information transforme l’identité de la société chinoise, mais aussi de quelle manière et dans quelle optique les différents acteurs qui la compose utilisent ce nouvel espace. Les nouveaux médias numériques permettent aux internautes d’interagir et de discuter sur un grand nombre de sujets. Les impacts qui en découlent diffèrent d’un auteur à l’autre. Alors que certains voient leur arrivée d’un oeil favorable et optimiste (révolution des communications, plateforme de débat publique et échange d’information de la base vers le sommet, etc.), Leibold trouve que ces conclusions peuvent être quelque peu prématurées. Avant de pouvoir dire que l’internet et les médias numériques transforment véritablement les relations entre l’État et la population, l’auteur croit qu’il faut d’abord prendre le temps d’explorer la façon dont ces nouvelles technologies regroupent et divisent à la fois les internautes et comment cela change la manière dont l’engagement social et politique se pratique au sein de la société.

"Networked Authoritarianism."

Texte de Gabrielle Renault

Rebecca MacKinnon, China's "Networked Authoritarianism." Journal of Democracy, Volume 22, Number 2, April 2011, pp. 32-46.

          Rebecca MacKinnon est une bloggeuse notoire en plus d’être Correspondante et Chef de bureau à Beijing pour la chaine télévisée CNN. Elle est aussi la co-fondatrice de Global Voices Online, un réseau international de blogueurs et de citoyens journalistes qui suivent et concentrent l'actualité de la blogosphère mondiale. Son article, «China's "Networked Authoritarianism», a été écrit à la suite du discours qu’elle a prononcé en mars 2010 pour le congrès américain sur la Chine. L’auteur y décrit les effets de «l’autoritarisme réseautique» sur le sentiment de légitimité du gouvernement chinois, ainsi que les différentes techniques déployées par ce même gouvernement pour gérer la façon dont les chinois discutent, apprennent et organisent en ligne.

          Selon elle, le sentiment de liberté que peuvent avoir les internautes chinois en parvenant à attirer l’attention du monde sur des problèmes ou des injustices qu’ils subissent, en sentant qu’ils ont la possibilité de parler et de se faire entendre, camouffle le fait que la censure opérée par le gouvernement n’a jamais été aussi sévère, et le contrôle et la manipulation des conversations aussi complets, que dans les dernières années. Cela est du en grande partie au fait que le gouvernement ne contrôle pas tout le monde, tout le temps, mais que la surveillance qu’il effectue est assez efficace et subtile pour que les chinois eux-mêmes ne soient pas conscients du niveau d’aveuglement et de manipulation auquel ils sont astreints. L’auteur explique aussi que le système de censure du gouvernement s’améliore et se renforce chaque année, si bien que la plupart des actions socialement « révolutionnaires » menées par des citoyens ordinaires ont un impact, oui, mais toujours à l’intérieur du «Grand Pare-feu Chinois», et qu’elles demeurent bloquées à l’intérieur du pays, hors de portée des médias internationaux. MacKinnon explique aussi que si certains mouvements activistes (ceux que l’on qualifie de mouvements de «coopération», i.e. qui proposent des solutions au lieu de simplement critiquer ouvertement les décisions du gouvernement) rencontrent plus de succès sur le net et ne sont pas aussi systématiquement étouffés que d’autres mouvements plus agressifs et revendicateurs, c’est que le Parti communiste chinois a adapté l’internet à sa convenance, de façon beaucoup plus réussie que ne peuvent le croire les observateurs occidentaux.

Internet Technologies in China

Kirsten E. Martin, “Internet Technologies in China: Insights on the Morally Important Influence of Managers”, Journal of Business Ethics, Vol. 83, No. 3 (Décembre 2008), pages 489-501

Texte par Catherine Gauthier

    Kirsten E. Martin est présentement assistante professeure de gestion stratégique et politique publique à The George Washington University School of Business. Elle a fait sa maitrise et son doctorat au Darden School of Business de l’Université de Virginie et se spécialise entre autre en éthique des affaires et s’intéresse aux technologies.

    Dans l’article Internet Technologies in China: Insights on the Morally Important Influence of Managers, elle analyse les questions de l’éthique et du pouvoir de la morale sur la technologie et l’influence que les gestionnaires et les développeurs ont sur son développement et son impact. Elle se base sur les recherches menées par d’autres spécialistes en Science and Technology Studies, à laquelle elle ajoute ses perspectives de spécialiste en éthique des affaires, pour développer son argumentation. Martin affirme que la technologie est sensible au temps, c'est-à-dire au processus de développement et aux phases du cycle de création d’une technologie, et au type, soit les attributs et la catégorie de technologie innovée. Ces deux facteurs influencent et sont influencés par les réalités humaines, soit d’ordre moral ou d’intérêts personnels, par l’idée de profit et les motivations à créer et distribuer une invention. 

« The Internet and the Framentation of Chinese Society. »


Jens Damm (2007).  « The Internet and the Framentation of Chinese Society. » Critical Asian Studies, 39:2, 273-294.

Texte de Samantha Gauvin

Jens Damm travaille sur plusieurs projets concernant plus particulièrement sur la technologie moderne et internet en Chine. Il a également travaillé sur la diaspora chinoise et taïwanaise ainsi que sur l’étude des genres. Il a fait sa maîtrise en sinologie et économie à l’Université de Trier en Allemagne et son doctorat en sinologie et études chinoises à l’Université de Berlin. Il est actuellement assistant professeur au «Graduate Institute of Taiwan Studies».

L’auteur de l’article étudié cherche à montrer dans quelle mesure les recherches réalisées depuis quelques années sur internet en Chine sont inadéquates: dans la majorité des recherches, internet conduit nécessairement à des développements politiques et sociaux. Ces développements seraient responsables d’une ligne directrice dépendante des innovations technologiques. Selon l’auteur, cette visée serait inappropriée pour deux raisons. Tout d’abord, elle donne aux internautes chinois un rôle différent de ceux en Occident. Ensuite, elle ignore la montée d’un mode de vie urbain et l’accentuation de la consommation depuis quelques décennies dans la nouvelle société chinoise. Ces déterminants auraient directement mené à une plus grande fragmentation et une accentuation sur l’identité politique. L’auteur utilise alors diverses recherches menées en Chine et en Occident et s’appui sur des évidences tirées du «Chine Bulletin Board Systems» (BBSs) à des fins d’argumentation.

vendredi 30 novembre 2012

Lectures pour la semaine prochaine


David B.G., Leibold, James, “Blogging Alone:  China, The Internet, and the Democratic Illusion?”  Journal of Asian Studies 2011.
Vanie-Ève, Yang, "Online Activism" + compte-rendu de Historicizing Online Politics de Zixue Tai
Pascale, MacKinnon, China's "Networked Authoritarianism."
Samanthan, Damm, « The Internet and the Framentation of Chinese Society. » 
Grégoire, “The Power of the Internet in China: Looking Beyond People's Power.”
Gabrielle R., MacKinnon, China's "Networked Authoritarianism."
Thierry, Leibold, “Blogging Alone:  China, The Internet, and the Democratic Illusion?”  
Catherine, Puel, Gilles, « Géographie des lieux d’accès à internet; les conditions de l’accès public et les modèles d’usages dans les grandes villes de Chine. 
Camille, "Comparing Online Activities in China and South Korea: The Internet and the Political Regime"
Jérémie, MacKinnon, China's "Networked Authoritarianism."
Zhenxia, "Just Doing Business or Doing Just Business". 
Phan, Harwit, "Shaping Internet in China."

Marc-André, Leibold, "More than a category : Han supremacism on the Internet."
David I Dann, G. Elijah and Neil Haddow.  “Just Doing Business or Doing Just Business: Google, Microsoft, Yahoo! And the Business of Censoring China's Internet.” 
Félicia, "public opinion in China" de Hsiao-Wen Lee
Jonathan,  Hsiao-Wen Lee, "More than a category : Han supremacism on the Internet."
Sumaya, Puel, « Géographie des lieux d’accès à internet; les conditions de l’accès public et les modèles d’usages dans les grandes villes de Chine. »
Catherine, Kirsten Martin,  “Internet Technologies in China: Insights on the Morally Important Influence of Managers.”
Adrien, Latham, "SMS, Communication and Citizenship in China's information society".


mercredi 28 novembre 2012

Pourquoi Internet ne démocratisera pas la Chine


Par Fabrice Tô
Hughes Christopher R., « Pourquoi Internet ne démocratisera pas la Chine », Critique internationale, 2002/2 no 15, p. 85-104.

Le professeur Christopher R. Hughes enseigne la politique internationale à la London School of Economics and Political Science. Il se spécialise dans les relations internationales de la région de l’Asie et, plus particulièrement, de la politique étrangère de la Chine.

Pour commencer, l’auteur explique en quoi l’adhésion à l’Organisme Mondial du Commerce va changer le paysage technologique de la Chine et apporter un semblant de démocratie. En effet, la Chine doit désormais accorder aux fournisseurs de services des autres membres de l’OMC un traitement qui ne soit pas moins favorable que celui qu’elle accorde aux siens. Cela permet donc à la concurrence étrangère de s’installer en Chine. Cependant, l’auteur explique clairement que le tout n’est que de la poudre aux yeux puisque le gouvernement peut limiter les entreprises étrangères en prétextant la protection du consommateur chinois, ce qu’il ne se gênera pas de faire. Il va même aller jusqu’à rendre les fournisseurs d’accès Internet responsable de la surveillance des contenus passant par leurs serveurs, ce qui démontre un contrôle important de l’État sur l‘activité en ligne. On arrête aussi les gens pour « perturbation de la stabilité sociale ». Les organismes mondiaux sont totalement impuissants face aux politiques intérieures et les entreprises étrangères ne dénoncent pas ses pratiques car elles ont peur de perdre leur entrée en Chine, même si elles sont obligées de travailler en partenariat avec des entreprises locales contrôlées par l’État chinois. D’ailleurs, les plus grandes compagnies de télécommunication sont tous sous le contrôle d’au moins un membre du Parti Communiste chinois, ce qui lie directement les entreprises dîtes « privée » chinoise avec l’État. On voit aussi que le système de Guanxi s’installe même dans les télécommunications puisqu’il est important pour une entreprise qui veut percer en Chine d’avoir de bonnes relations avec le Parti Communiste chinois. 

Les frontières chinoises de l’internet


Texte de Félicia Legault 

Douzet, Frédérick, «Les frontières chinoises de l’internet», Hérodote, 2007/2, n. 125, p. 127-142. 

L’auteure de Les frontières chinoises de l’internet, Fredrick Douzet est maître de conférences à l’Institut Français de Géopolitique de l’Université Paris 8.  Elle est également membre du comité de rédaction de la revue Hérodote.  Après avoir effectué ses études en sciences politiques et journalisme, sa thèse doctorale est axée, quant à elle, sur la géopolitique.  Ses principaux sujets de recherches portent sur des questions de géopolitique urbaine ainsi que sur les évolutions géopolitiques présentes en Californie et aux États-Unis.  Par ailleurs, l’auteure nourrit d’autres intérêts, notamment au niveau des enjeux propres au cyberespace ainsi que des médias, comme nous le verrons dans ce texte.  Cet article se base sur une quinzaine d’études écrites autant en français qu’en anglais, toutes provenant d’Occident.   

Les discussions en ligne en Chine


Texte de Tian Jiang

Arsène, Séverine, «Les discussions en ligne en Chine :  Développement collaboratif de normes spécifiques pour l'expression individuelle. »   Perspectives chinoises.  2008/2 (2008).

Séverine Arsène titulaire d'un doctorat en science politique de l'Institut d'études politiques de Paris. Ses recherches portent sur l'Internet et l'utilisation des médias en Chine. Ses écrits paru dans la Revue française de science politique, Perspectives chinoises. Son livre, «Internet et politique en Chine», a été publié par Karthala, Paris, 2011.

L'Internet chinois est très dynamique et prolifique. Il est devenu un outil puissant pour les personnes engagées en politique, ils jouent un rôle important dans le nouveaux modèles de décision politique, et qui menacent les autorités de prendre la décision en tenant compte les opinions de la masse. Par consequent, la question de la délibération populaire est devenue un enjeu important en Chine. On cherche à savoir il est un réel développement de la participation populaire ou un camouflage des politiques imposés du PCC.

En basant sur les discutions en ligne, elle cherche à savoir les opinions personnelles des interviewes sur le terme de « problème sociaux ». Elle remarque que l’Internet chinois ne permet pas de faire des échanges rationalisés d’arguments contradictoires entre pairs, débouchant sur l’élaboration d’une opinion publique, mais plutôt des des commentaires personnels. Parmi ces commentaire, il y avait beaucoups de violence verbale, selon le CCTV, l’Internet est un lieu sauvage, ce qui n’est pas un lieu pour les enfants. La violence  visuelle, la pornographie sont très faciles à trouver sur l’Internet …

Pourquoi Internet ne Démocratisera pas la Chine


Christopher R. Hughes, «Pourquoi Internet ne Démocratisera pas la Chine», Presses de Sciences Po : Critique Internationale, février 2002, no. 15, pages 85 à 104. 

Texte de Vanie-Ève Aubertin

Christoipher R. Hughes est professeur au département des relations internationales à la London School of Economics and Political Science. Il s’intéresse particulièrement à l’environnement, aux technologies de l’information et des médias en Asie du Sud-Est.

«En échange de son admission à l’OMC (Organisation Mondiale du Commerce), la Chine a accepté d’ouvrir son marché de la télécommunication aux investisseurs et aux services étrangers». L’auteur souhaite analyser l’impact de cette ouverture sur la Chine. Selon lui, elle n’est pas garante d’une libéralisation politique et d’une démocratisation. 
Au sein de cet accord d’ouverture, la Chine a accepté les conditions de GATS (Accord Général sur le Commerce des Services) qui dit que la Chine doit adopter une attitude économique et politique telle que les fournisseurs locaux et étrangers puissent jouir des mêmes traitements et donc, des mêmes chances sur le marché, et ce, pour six raisons.

mardi 27 novembre 2012

« The Connection Has Been Reset »

Texte de ZhenXiaXing

Fallows, James, « The Connection Has Been Reset », Atlantic Monthly, the Atlantic.com, Mars 2008.

James Fallows est un journaliste pour le magasine américain The Atlantic d’où il écrit des articles depuis la fin des années 1970. Il est diplômé de l’Université de Harvard en histoire et littérature américaine et d’Oxford en économie. Il a couvert extensivement en dehors des États-Unis et a déjà été le rédacteur de discours du président Jimmy Carter.

Dans cet article, James Fallows explique pourquoi accéder à des sites web basés à l’étranger est si lent et décrit aussi le fonctionnement de la censure. Le fameux « Great Firewall (GFW)» de Chine est très contrôlant mais en même temps pleine de brèches.

L’accès à l’information qui provient de l’extérieur passe par des « détroits » (Choke points) ce qui facilite le contrôle du trafic. Grâce aux nombreux « miroirs » installés dans ces détroits qui « reflètent  » ce flux, les ordinateurs affectés à la surveillance peuvent  décider oui ou non de bloquer le flux en partie ou en totalité. La décision de bloquer est fait en 4 étapes.

« Is Google Making Us Stupid ? »

Texte de Deschenes Jeremie.
 
Nicholas Carr est un auteur spécialisé dans l’analyse des technologies et de leurs impacts sur la culture et l’économie. Titulaire d’une maîtrise en littérature anglaise et américaine à Harvard, son portfolio compte plusieurs titres adulés par la critique dont le plus récent : «The Shallows: What the Internet Is Doing to Our Brains », était en course pour le Pulitzer de 2011. Chroniqueur occasionnel pour plusieurs revues influentes (The Guardian, The Atlantic, The New York Times, Wall Street Journal...), Carr participe activement à la sphère électronique en prêtant sa plume à l'Encyclopédie en ligne Britannica et en rafraichîssant quotidiennement son blogue personnel : Rough Type. L’article étudié : « Is Google Making Us Stupid ? » à été rédigé en 2008 et a reçu un accueil triomphal sur la scène universitaire. Traduit en une multitude de langues il collecta une multitude de prix et honneurs sur son passage.

Cet essai ne porte par directement sur la Chine mais dresse plutôt un tableau des impacts, voire des dangers de l’omniprésence du web dans nos vies. Carr débute son article en décrivant une scène du film Stanley Kubrick’s 2001: A Space Odyssey où l’ordinateur omniscient agonise alors que le protagoniste déconnecte un à un ses circuits, une experience partagé par l’auteur qui attribue celle-ci à son ( à notre ) rapport de plus en plus fusionnel avec le web. Tout en applaudissant les innombrables avantages du web en ce qui a trait à la recherche, l’auteur annonce d’entrée de jeu que ces commodités ont un prix encore aujourd’hui bien difficile à définir. En s’appuyant sur les travaux de M. McLuhan sur les médias, Carr remet à l’ordre du jour la fameuse thèse voulant que le contenant joue un rôle plus décisif sur les hommes que le contenu.

« Internet, nouveau territoire de lutte pour les opposants politiques en exil »

Texte de Sumaya Flores-Bonin

EGRÉ, Pascale. « Internet, nouveau territoire de lutte pour les opposants politiques en    exil », Hommes et migrations, migrants.comno 1240, septembre-octobre 2002, p.53-61.

    Pascale Egré est reporter-journaliste pour le quotidien français Le Parisien. Elle s’intéresse surtout à la question de la migration ainsi que diverses questions de société. L’article suivant ne provient cependant pas du Parisien, mais plutôt de la revue Hommes et migration, publication qui se spécialise tout particulièrement sur les faits migratoires et leurs conséquences; l’article de Pascale Egré faisait partie d’un numéro sur la relation entre les migrants et Internet.

    L’auteure présente Internet comme un outil de dissidence qui, lorsqu’il commença à devenir un peu plus accessible à monsieur madame Tout-le-Monde, se révéla être une nouvelle méthode de diffuser des idées ou des messages qu’il était difficile de partager en temps normal dans des régions sous régime autoritariste et ce, à partir soit de l’intérieur du pays ou même de l’extérieur. On nous présente trois témoignages – une jeune Tunisienne, un Mauritanien ainsi qu’un Chinois – trois « cyber-militants » vivant maintenant en France qui partagent leur expérience de la découverte d’Internet et de son utilisation à des fins militantes. 

« Digital Communication and Political Change in China »

Ashley Esarey and Xiao Qiang.  « Digital Communication and Political Change in China »   International Journal of Communication 5 (2011), pp. 298–319.

Texte de Parizeault Thierry

Ashley Esarey détient un doctorat en Science politique de l’université de Columbia à New York. À l’université de l’Alberta, il enseigne au département de Science politique et des Études Est-Asiatique. Ses recherches portent principalement sur les politiques domestiques chinoises et ses relations internationales, ainsi que les communications par l’appareil politique et les médias numériques en Chine. Xiao Giang est fondateur et éditeur en chef de China Digital Times, un site internet chinois de nouvelles (bilingue). Il a obtenu un diplôme en journalisme de l’université de Californie à Berkeley et est présentement professeur adjoint à l’école de l’information (School of Information) au même endroit. Ses recherches portent principalement sur le contrôle de l’internet par l’État chinois et c’est pourquoi il dirige le Counter-Power Lab, un groupe d’étudiant de recherche interdisciplinaire qui se penche sur les relations entre les médias numériques, la liberté et l’activisme sur le web.

L’arrivée d’Internet en Chine a obligé l’État chinois à revoir sa manière d’exercer le contrôle de l’information à travers les nouveaux médias. Cette révolution de l’information a véritablement changé les rapports entre celui-ci et les différents acteurs de la société. Même si le développement des technologies de l’information et des communications sont essentiels au développement économique, c’est une arme à double tranchant qui permet aussi de défier et confronter le pouvoir politique du Parti. Affaiblissant son contrôle de l’information, cette révolution a aussi permis de briser le monopole de la mobilisation politique qu’exerçait le Parti par le passé.

Les mutations de la citoyenneté

Les mutations de la citoyenneté

Texte d’Alexandre Ferland

Ong Aihwa, « Les mutations de la citoyenneté », Rue Descartes, 2010/1 n° 67, p. 109-117. DOI : 10.3917/rdes.067.0109

     Aihwa Ong est professeure en anthropologie socioculturelle à l’Université de la Californie. Elle a été à la tête de la Chaire de recherche du Centre d’étude d’Asie du Sud-Est de 1999 à 2001. Son principal domaine de recherche porte sur les interactions entre les systèmes de gouvernance, le politique, la technologie, la culture et la façon dont l'environnement constitué par ces interactions façonne les valeurs et les pratiques humaines dans les pays d'Asie du Pacifique. L’article d’Ong analysé dans ce billet se situe précisément dans son domaine de recherche.

     L’auteure tient à répondre à deux questions : en quoi consiste la mutation de la citoyenneté dans le monde et quelles en sont ses conséquences dans les pays du Sud-Est asiatique? Pour l’aider à répondre à ses questions, l’anthropologue se réfère à plusieurs articles de périodiques et de monographies scientifiques en lien avec la politique, l’anthropologie, l’économie et l’Asie.

« Internet Development, Censorship, and Cyber Crimes in China »


« Internet Development, Censorship, and Cyber Crimes in China. »
Bin Liang et Hong Lu
Journal of Contemporary Criminal Justice 2010 26: 103 DOI: 10.1177/1043986209350437

Texte de Véronique Forest-Marchand

Bin Liang est professeur au département de sociologie de l’université de Tulsa, en Oklahoma. Il est l’auteur de plusieurs articles portant sur la criminalité et le système légal chinois. Ses recherches portent actuellement sur la globalisation et sur son impact sur le système légal ainsi que sur la criminalité en Chine. Hon Lu est professeure à l’université du Nevada à Las Vegas. Elle a publié de nombreux articles sur la sociologie du droit et sur la criminologie comparée. Dans l’article intitulé  Internet Development, Censorship, and Cyber Crimes in China., les auteurs tracent un portrait global du développement de l’internet en Chine, depuis son implantation en 1994 jusqu’à  2009. Ils y expliquent les moyens employés, depuis 1994, par le gouvernement central chinois pour tenter de contrôler et de censurer internet et pour exercer son influence sur ce média révolutionnaire. Le « rideau de fer » ou le « great firewall» chinois, mis en place par le gouvernement pour contrôler l’utilisation d’internet en Chine, comporte plusieurs aspects. L’outil de contrôle prédominant utilisé par le gouvernement chinois, sur le plan de l’infrastructure d’internet, est la restriction de l’accès à l’information. Seules les compagnies et entreprises approuvées par le gouvernement peuvent établir un réseau de connections internet en Chine. De plus, les fournisseurs privés de service internet doivent être liés à l’un de ces réseaux de connections internet et installer des filtres sur leurs réseaux, pour bloquer  tout contenu internet jugé indésirable par le gouvernement. Enfin, les internautes doivent tous s’inscrire auprès de ces fournisseurs pour avoir du service internet.

“Internet Development, Censorship, and Cyber Crimes in China”

Texte de David Imbeault

Bin Liang and Hong Lu, “Internet Development, Censorship, and Cyber Crimes in China.” Journal of Contemporary Criminal Justice 2010 26.

Les auteurs du texte qui est ici présenté sont Bin Liang et Hong lu. Ils sont tous les deux professeurs d’université aux États-Unis. À l’université de l’état de l’Oklahoma dans le cas de Liang, qui y est professeur associé au département de sociologie, et a l’université du Nevada à Las Vegas dans le cas de Hong Lu, qui y est rattachée au département de justice criminelle. Les recherches de Liang tournent en ce moment autour de l’effet de la mondialisation sur le système juridique en Chine tandis que Lu se spécialise en criminologie comparative et dans les techniques de recherche quantitatives et qualitatives. Les deux professeurs apportent donc respectivement un bagage de connaissance face au phénomène et une méthode de travail qui se complètent. 

Dans ce texte, les auteurs tentent de dresser un portrait de l’évolution de l’internet en Chine et de la réaction du gouvernement face à celui-ci en s’intéressant particulièrement à la question de la cybercriminalité. Pour ce faire, les auteurs se basent majoritairement sur des articles de revues et sur quelques articles de journaux chinois.

« Blogging Everyday Life in Chinese Internet Culture »

Texte de Samantha Gauvin

Haiqing Yu, « Blogging Everyday Life in Chinese Internet Culture ».  Asian Studies Review December 2007, Vol. 3 I, pp. 423-433. 

Haiqing Yu est maître conférencier de la culture et les médias dans la Chine contemporaine à l’université de New South Wales en Australie. Elle est associée au JMRC et est l’une des chefs investigateurs du Australian Research Council Discovery project qui dirige le projet suivant : Internet Histories in Australia and Asia Pacific. Elle supervise des étudiants à la recherche tout en poursuivant ses propres recherches sur les structures sociales, politiques et culturelles des nouveaux médias en Chine. Elle a fait sa maîtrise en langue et littérature anglaise à Nanjing et détient un doctorat en culture et communication de l’université de Melbourne. Elle enseigne également dans les programmes d’études asiatiques et chinoises à UNSW.

L’article de Hinqing est en continuité avec ses travaux précédents, puisqu’il traite des dimensions populaire et quotidienne des nouveaux médias en Chine, mais traite plus particulièrement d’un phénomène relativement nouveau dans la culture Internet chinoise : les blogues. La croissance de blogues depuis 2002 amène différentes questions au niveau de la pratique des utilisateurs dans le contexte d’une culture chinoise contemporaine, mais également au niveau de la politique. L’auteur cherche à montrer l’émergence d’une nouvelle voie vers l’exercice de la citoyenneté chez les Chinois en tant qu’individu, non pas à travers la résistance, mais à travers un processus d’interaction sociale et d’une circulation de leurs propres histoires via les médias tel que les blogues. Les pratiques des masses consommatrices qui semblent à première vue apolitiques, sont en réalité révélatrices d’une certaine politique : leur immense influence est visible dans l’opinion publique chinoise au niveau de la politique, la culture et la société.

« Blogging Everyday Life in Chinese Culture »

Haiqing Yu, « Blogging Everyday Life in Chinese Culture », Asian Studies Review, Décembre 2007, vol. 31, pages 423-433.

Texte de Pascale Couturier

Haiqing Yu a fait ses études doctorales sur l’utilisation des médias et les études de la culture à l’Université de Melbourne. Elle travaille présentement sur des recherches portant sur la transformation des médias en Chine et la structure culturelle, sociale et politique qu’ils adoptent. Ses études portent aussi sur la sociologie des médias et  la communication culturelle. De plus, elle enseigne des cours d’études asiatiques à l’Université de New South Wales à Sydney.

Son article « Blogging Everyday Life in Chinese Internet Culture » tente de démontrer en quoi internet est en voie de devenir une plateforme pour l’activisme politique et pour la démocratie en Chine. Cette transition aurait comme origine non seulement le contexte de globalisation, mais aussi les demandes socioculturelles de la population dans le contexte de la Chine moderne. Pour se faire, l’auteure s’appuie sur l’exemple des « bloggeurs » qui, selon elle, démontrent comment internet est devenu un moyen pour les individus d’exprimer leur citoyenneté et leur opinion sur divers sujets politiques ou autres. Ainsi, ces individus deviennent des créateurs culturels et influencent l’opinion publique sur la politique, la culture et la société  et conséquemment,  affectent la manière dont les gens se servent d’internet à tous les jours en Chine.

Blogs, Censorship and Civic Discourse in China

Rebecca MacKinnon, “Flatter World and Thicker Walls? Blogs, Censorship and Civic Discourse in China”, Public Choice, Vol 134, No ½, Blogs, Politics and Power (Janvier 2008), pages 31-46.

Texte de Catherine Gauthier

    Diplôme d’Harvard, Rebecca MacKinnon a été journaliste pour CNN et tête dirigeante des branches de Beijing et de Tokyo. En 2004, elle cofonde Global Voices Online, un regroupement de journalistes, bloggers et traducteurs qui font la synthèse de la blogosphère mondiale. Elle fait partie d’organisations pour la liberté de presse et de prévenir la censure de l’Internet et les droits individuels sur la toile. Elle publie aussi en 2012 son premier livre, Consent of the Networked: The Worldwide Struggle For Internet Freedom. De plus, elle est elle meme bloggeuse, elle connait donc très bien le sujet.

    Dans l’article Flatter World and Thicker Walls? Blogs, Censorship and Civic Discourse in China, MacKinnon tente de démontrer que l’Internet et la démocratie ne sont pas qu’un, qu’il s’agit d’un outil et “non [d’]une cause de changement politique” (31) en Chine. Elle retrace l’histoire et l’utilisation des blogs entre 1994, date à laquelle la toile a fait son apparition en Chine, et 2008, date de l’article. Avec des exemples de compagnies de blogs et d’expériences de bloggers, elle en explique aussi la censure et les perceptions des utilisateurs chinois vis-à-vis la celle-ci.

lundi 26 novembre 2012

The rise of China’s middle class civil society?

Texte de Jonathan Gaudreau

Mobile, online and angry: the rise of China’s middle class civil society?

Ian Weber (Texas A&M University) détient un baccalauréat en journalisme de l’University of Southern Queensland, en Australie, une maîtrise en finances et un doctorat en éducation. Il enseigne au département de communication de l’Université A&M du Texas et se spécialise sur le développement des médias en Chine.

Ce texte traite de l’activisme social en ligne. La lutte pour les droits humains en Chine est orientée d’abord et avant tout vers la revendication d’un plus grand pouvoir économique, au détriment des revendications socio-politiques. À travers quatre cas, l’auteur démontre les différentes manières de pratiquer l’activisme et montre comment l’internet en est venu un outil de choix dans la résistance face au gouvernement et dans la planification de mouvements de la société civile. La première priorité du gouvernement chinois est de rejoindre des objectifs de développement économique et cela nuit bien souvent à l’émancipation des droits humains, alors un contre-pouvoir commence à s’organiser pour exiger plus de pouvoir individuel.

L’auteur construit son argumentation sur des articles scientifiques chinois qui traitent pour la plupart soit de l’internet, des médias et de la société civile ou des manifestations et de la classe moyenne chinoise. Weber étant lui-même spécialiste des médias chinois utilise deux de ses textes : Youth, media and culture in the Asia-Pacific Region et NIMBY comes to China. Lors de son paragraphe sur la théorie de l’action, il cite aussi abondamment Pierre Bourdieu.

« Internet, nouveau territoire de lutte pour les opposants politiques en exil »


Texte de Gabrielle Renault

Egré, Pascale « Internet, nouveau territoire de lutte pour les opposants politiques en exil. »  migrants.com.

          Pascale Egré est journaliste-reporter au quotidien le Parisien. Domiciliée en France, elle se spécialise dans les questions de société et des migrations. Son article, «Internet, nouveau territoire de lutte pour les opposants politiques en exil», retrace le parcours de trois dissidents politiques dont Internet a changé la vie. L’auteure nous présente donc trois témoignages, par lesquels nous pouvons comprendre ce que l’outil de communication qu’est Internet peut apporter à la lutte qu’ils mènent, ainsi que les bémols qui ressortent de leur expérience sur le Net.

          Selon Egré, Internet constitue un « outil majeur de circulation de l’information et de liberté d’expression […] qui s’offre comme un nouveau territoire d’affrontement politique et civique, qui se poursuit tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des frontières.» Il fournit ainsi une tribune à des exilés politiques, et leur fournit un réseau de contacts et de données. Mais si Internet offre de puissants moyens de diffusion et de coordination, il ne faut pas oublier qu’il est bien souvent sous le contrôle, ou du moins la surveillance, de l’État.

The Battle for Chinese Internet


Par Mélissande Poupart-Soucy

The Battle for Chinese Internet
QIANG, Xiao, “The Battle for the Chinese Internet.”  Journal of Democracy, Volume 22, Number 2, April 2011, pp. 47-61

Xiao Qian est un professeur adjoint à l’école de journalisme de l’université de Californie-Berkeley. Il est également le principal chercheur  au laboratoire de CounterPower, un groupe de recherche interdisciplinaire qui se concentre sur les croisements des médias numériques de la liberté d’internet et du cyber activisme. Il est aussi le fondateur et éditeur en chef du China Digital Times. Ses recherches se concentre sur les mesures de l’État pour censurer et contrôler internet.

Par cet article, l’auteur veut démontrer l’influence d’internet pour la liberté d’expression ainsi que son influence comme moyen de pression pour faire valoir l’opinion du peuple. L’auteur va parler de trois éléments pour décrire la dynamique entre les autorités et internautes sur internet : Feng (la censure), Shai (la révélation) et Huo (répandre rapidement). Il se base surtout sur des articles d’auteurs chinois et d’articles internet. Il va également utiliser un rapport provenant du CNNIC (Statistical Report on the Develpment of China’s Internet).

Feng représente la censure imposée par le gouvernement. Shai représente la nature nébuleuse d’internet qui fait en sorte que des informations difficilement accessibles ailleurs, le soient facilement là. Huo décrit le phénomène où les photos, vidéos et rapports de nouvelles se répandent très rapidement sur internet.

« Chine : Internet, levier de puissance nationale »

« Chine : Internet, levier de puissance nationale »

Texte de Trinh Phan

ARSÈNE, Séverine. « Chine : Internet, levier de puissance nationale », Politique étrangère, 2012/2, Été, pp. 291-303.

Séverine Arsène est docteur en science politique de l’Institut d’études politique de Paris. Elle étudie les représentations de la modernité en fonction de l’utilisation des réseaux sociaux médiatiques, et plus précisément comment les réseaux sociaux en Chine sont utilisés comme moyens de protestations en ligne.

Le Quotidien du Peuple en juillet 2001 explique que « le degré de développement des technologies de l’information et des réseaux est […] un instrument important pour mesurer le niveau de modernisation d’un pays et sa puissance nationale globale » et où la Chine déclare son « retour parmi les grandes puissances » au moyen de l’Internet. L’Internet représente une stratégie de développement et d’affirmation nationale pour le pays, mais il est soumis au contrôle du gouvernement au moyen d’un contrôle sophistiqué pour défendre les intérêts politiques et économiques chinois.

En février 2010, Hillary Clinton dénonce la pratique du« rideau de fer électronique » sur Internet, où la Chine était désignée pour sa censure et pour ses piratages des comptes Google. En juin de la même année, la Chine publie son White Paper on the Internet in China,dans lequel le Parti affirme qu’il « encourage l’utilisation extensive d’Internet » (commerce en ligne, divertissement…) et qu’il « encourage la liberté d’expression et la ‘supervision’ du gouvernement par l’opinion publique ». Tous, citoyens chinois ou étrangers, « ont le droit le droit d’utiliser Internet », mais « doivent obéir aux lois et règlements de la Chine [pour] protéger consciencieusement la sécurité d’Internet » et « adopter un comportement ‘responsable’ ». Les internautes sont fortement « rappelés » que la puissance de la nation chinoise et l’autorité du Parti passent devant toute opinion publique.

Tracing the Route of China’s Internet Censorship

Texte de Gabrielle Maisonneuve

Feng, Guangchao Charles et Steve ZhongshiGuo, Tracing the Route of China’s Internet Censorship: An Empirical Study, www.elsevier.com/locate/tele, publié le 12 septembre 2012, 11p.

    Guangchao Charles Feng est professeur au Hong Kong BaptistUniversity et a rédigé plusieurs articles consacrés aux nouveaux médias en Chine et à la censure que celle-ci lui impose. Steve Zhongshi Guo est également affilié au Hong Kong BaptistUniversity mais en tant que directeur associé pour l’Institut de Journalisme et Société. Il a travaillé comme journaliste durant 7 ans avant d’obtenir un doctorat en communication politique. Il a rédigé depuis et encore aujourd’hui énormément d’articles concernant l’émergence des nouveaux médias et leur impact sur la communauté.

    Cet article est consacré à l’aspect plus technique de la censure de l’Internet en Chine. Comment le système de censure fonctionne-t-il là-bas? Les auteurs, à l’aide de programmes électroniques, de testeurs et en se fiant aux travaux de recherche d’experts en informatique, au travail de recherchistes et à l’opinion du public et institutions chinoises, ont tenté de cerner le processus derrière la censure de blog et sites web, le niveau d’implication du gouvernement et la réaction des internautes. Pour ce faire, ils ont testé 23 sites web bloqués en Chine provenant de l’étranger, de Hong Kong en plus de sites domestiques. Ils ont identifié 5 méthodes de censure : le contrôle des ACL (Access Control List), le blocage des URL (Unique Ressource Locator) et des DNS (Domain Name Servers), le recodage des BGP (Border Gateway Protocol) et, le plus connus, le filtrage de mots clés. Les résultats de cette censure varient selon la méthode employée : le filtrage de mots clés, par exemple, si l’on entre ‹‹4 juin›› ou ‹‹Falun Gong›› dans un moteur de recherche comme Baidu, cela peut entrainer une coupure avec la connexion au serveur ou afficher un message indiquant que la recherche n’a donné aucun résultat et suggérer d’autres mots clés approuvés par le parti.