lundi 29 octobre 2012

« Anshen liming ou la dimension religieuse du confucianisme »


Texte de Samantha Gauvin

Sébastien Billioud et Joël Thoraval, « Anshen liming ou la dimension religieuse du confucianisme », Perspectives chinoises, numéro 3 (2008), p.96-116

Sébastien Billioud est maître de conférences et professeur associé sur la civilisation chinoise à l’Université Paris VII. Il est également membre du centre de recherche SEDET  à cette université même. De plus,  il chercheur associé au centre français de recherche sur la Chine contemporaine à Hong Kong. Ses études touchent l’anthropologie dans la Chine contemporaine, l’histoire intellectuelle chinoise et finalement la philosophie contemporaine chinoise. Joël Thoraval est maître de conférences également, mais au EHESS à Paris. Il travaille au sein du Centre d’Étude sur la Chine moderne et contemporaine. Ses recherches sont animées par son intérêt pour l’anthropologie culturelle et identitaires en Chine, l’évolution des cultures locales (au Nord-Ouest de Hainan), l’histoire intellectuelle contemporaine, ainsi que la philosophie chinoise contemporaine. 

L’article, écrit en collaboration par les deux auteurs, traite de la nouvelle dimension religieuse du confucianisme à l’aube du deuxième millénaire. Les auteurs divisent le texte en trois parties pour en faire l’analyse : les expériences personnelles et singulières qui font appel à la religiosité confucéenne, les mouvements de catégorisations remis en questions récemment qui permettent de comprendre davantage la notion de religion et finalement les trois projets réfléchis qui tentent de donner à la dimension religieuse du confucianisme une reconnaissance institutionnelle et officielle (religion particulière, civile et d’État). Ces trois aspects traités reflètent selon eux l’expression de Anshen liming, c’est-à-dire la quête d’un apaisement intérieur qui sous-entend une quête ou un souci du peuple chinois pour leur destin individuel et collectif à travers cette religiosité confucéenne. Les auteurs se basent sur différents témoignages dont celui de Mme D., entretiens, sites internet et articles dont certains ont été réalisés par eux-mêmes. 


Les auteurs vont tout d’abord montrer l’exemple de Mme D. puisqu’elle dit être parvenue à son cheminement personnel grâce à la dimension religieuse du confucianisme notamment. Ensuite, ils vont approfondir l’histoire du confucianisme pour montrer en quoi le confucianisme a vécu des bouleversements importants avec l’arrivée des Occidentaux et la fin de l’épisode maoïste, deux évènements qui se traduisent par l’émergence de nouvelles catégorisations telles que la philosophie, la science et la religion. Finalement, pour Billioud et Thoreval, le confucianisme à titre de religion particulière est une réalité, puisqu’elle est institutionnalisée et reconnue par le pouvoir dans certains pays asiatiques. Par contre elle n’est pas encore une religion d’État ou civile en Chine. 

Dans la première partie du texte, on comprend en quoi le renouveau confucéen ne doit pas être exagéré, car il est confronté à d’autres phénomènes religieux tels que le bouddhisme. Toutefois, il faut comprendre que plusieurs tensions caractérisent le renouveau confucéen. L’intérêt de l’article porte également sur l’importance que l’on doit accorder à la vitalité de ce phénomène et l’évolution des catégorisations religieuses données au confucianisme récemment. On comprend dès lors en quoi l’ouverture dont a fait preuve la Chine avec l’arrivée des Occidentaux a chamboulée profondément la perception des Chinois quant aux différentes catégorisations du confucianisme. En effet, de nombreux éléments qui permettraient de combler ses vides dont la dimension religieuse du confucianisme semblent avoir trouvés dès le début du XXe siècle certains adeptes. Avec Mao par contre, le confucianisme sous toutes ses formes est en chute libre, mais reprend de l’ampleur après la mort du leader. Ainsi, l’article permet de comprendre l’importance qu’on accorde encore aujourd’hui à l’aspect religieux du confucianisme dans une nouvelle Chine en plein développement, alors que le besoin religieux semble être un moyen concret pour répondre aux divers problèmes que le peuple et le gouvernement chinois vivent. De plus, le dernier aspect traité par les auteurs (les différents types de religion) soulève des questions essentielles par rapport aux décisions que le gouvernement doit prendre face à la réactivation de cette dimension religieuse du confucianisme et l’aspiration à un statut institutionnel non légiféré encore. 

Aucun commentaire: