lundi 29 octobre 2012

La télévision chinoise


Daphné Richet-Cooper, La télévision chinoise, entre contrôle de l’État et forces du marché.

Texte de Jonathan Gaudreau

Daphné Richet-Cooper détient une maîtrise en études chinoises à l’Université de Londres, une maîtrise en histoire contemporaine à l’Université de Paris et un baccalauréat en mandarin à l’Institut national des langues et cultures de l’orient. Elle parle couramment le mandarin, le français et l’anglais. Ses recherches portent sur l’histoire du trafic d’opium entre le Yunnan et l’Indochine et sur les minorités ethniques transnationales sino-birmanes. Dans cet article, l’auteure cherche à expliquer l’évolution récente de la télévision chinoise comme outil à la fois de divertissement et de propagande de l’idéologie du parti communiste chinois. L’article traite aussi des transformations dans le milieu médiatique qui ont été réalisées suite à l’ouverture de la Chine en 1978 par Deng Xiaoping. L’auteure utilise comme source des articles scientifiques.

Selon l’auteur, alors qu’auparavant la télévision était complètement sous contrôle et financement étatiques, elle est maintenant tiraillée par, d’un côté, le privé, et de l’autre, l’État. Les stations de télévision doivent désormais se lancer dans une course aux dons et aux subventions. Alors que les médias comptent désormais sur le financement privé, le contenu reste strictement contrôlé par le parti communiste. Le journal quotidien d’informations doit « agi[r] de façon positive à l’égard de la société, expliquer les politiques initiées par le Parti et le gouvernement tout en poussant le peuple à travailler durement, afin d’atteindre certains buts économiques et sociaux ». On offre donc un contenu aseptisé qui se résume à des nouvelles « positives ». L’auteure mentionne aussi l’apparition récente de réseaux payants, puisque le financement issu de la publicité est insuffisant, ouvrant ainsi la porte aux dons privés et à la corruption. Un autre phénomène récent est l’apparition de journalistes incarnant le capitalisme « à la chinoise », c’est-à-dire « jeune[s], intelligent[s] et […] profondément nationaliste[s] ».
Ce type de journalistes, connus à l’Étranger, emmène le gouvernement à regarder la possibilité d’ouvrir une chaîne d’information en continu en anglais, calquée sur CNN, où seront mises de l’avant la croissance chinoise et les missions diplomatiques du gouvernement. Par la suite, l’auteure donne l’exemple de la soirée de la fête du nouvel an chinois qui est organisée à chaque année par le réseau CCTV depuis 25 ans. Un groupe d’internautes avait décidé d’organiser un gala « alternatif » pour les travailleurs migrants, les étudiants et les membres de la diaspora, avec le slogan « le gala du Nouvel An du peuple fait par le peuple » nommé Shanzhai (Shanzhai est le nom donné à toutes les contrefaçons en Chine). Les producteurs avaient réussi à avoir du financement provenant de grandes compagnies d’internet afin d’enregistrer et de diffuser le gala en ligne. Puis, soudainement, la SARFT (administration de la radio, des films et de la télévision de l’État) a fait annuler le gala par tous les moyens : annulation de la réservation de la salle de spectacle, annulation soudaine des contrats par les compagnies d’internet qui avaient accepté précédemment d’héberger le spectacle. Tout porte à croire que le gouvernement voyait cet anti-gala comme une potentielle menace à l’unité du pays et à la propagande du parti. Daphné Richet-Cooper termine en écrivant que le gouvernement a délaissé la propagande idéologique de la période maoïste pour la remplacer par l’idéologie du « développement personnel et national, par le biais des forces du marché ». Cependant, aujourd’hui, l’explosion du nombre de Chinois ayant accès à internet entraîne un ramollissement de l’emprise du gouvernement chinois sur la population, puisque celle-ci a maintenant accès à un contre-discours qui ne se trouve pas sur les ondes de CCTV.

Ce texte, très critique du gouvernement chinois, résume d’autres textes provenant d’autres auteurs et n’emmène rien de nouveau dans le domaine. Cependant, cet article est pertinent dans le cadre d’un cours d’économie politique de la Chine, puisqu’il montre du doigt un des plus grands leviers du pouvoir idéologique qu’exerce l’État chinois sur sa population : la télévision. Avec des réseaux monolithiques comme CCTV, le discours alternatif n’a aucune place et les chinois qui n’ont pas accès à internet où à des sources alternatives seront facilement malléables grâce à cet outil qu’est la télévision étatique.

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