lundi 29 octobre 2012

À QUOI SERT LE PARTI COMMUNISTE CHINOIS?

Par David Bilodeau Gonthier

Vermander, Benoît. « À quoi sert le Parti communiste chinois? », Études, 2005/4, Tome 402, p. 461-470.

Benoît Vermander est un jésuite français vivant présentement en Chine. Docteur en science politique, il est chercheur et professeur associé à la faculté de philosophie de l’université Fudan à Shanghai. Il a rédigé de nombreux travaux depuis 1996, et la majorité de ceux-ci portent généralement sur le thème des religions chinoises dans le monde d’aujourd’hui et sur la place de la Chine dans la mondialisation.
Dans son article paru en 2005, À quoi sert le Parti communiste chinois, il se pose la question à savoir si le PCC, compte tenu de ses forces et de ses faiblesses, est encore capable de contrôler la Chine moderne. Peut-il encore maintenir l’ordre et la mobilisation nationale? Est-il devenu un frein au développement de la Chine? Quel est l’avenir du Parti?
  D’après l’auteur, la force du Parti repose largement sur 3 points importants. Premièrement, le PCC est légitime, car c’est ce dernier qui a relevé la Chine et qui lui donné tout ce qu’elle a aujourd’hui. Il a assuré l’indépendance nationale, la reconnaissance internationale, et favorisé les progrès économiques actuels, notamment sous la gouvernance de Deng Xiaoping. Deuxièmement, le PCC est fort, car le Parti est fortement intégré à l’appareil étatique. Nous pourrions même dire que le Parti est l’État, alors que le secrétaire général du PCC est presque qu’automatiquement le chef de l’État. Enfin, la troisième force du Parti est sa relative stabilité interne, puisque ce dernier semble avoir réussi à organiser un système de passation des pouvoirs qui permet une transition politique fluide et sans violence.

Toutefois, Vermander note que depuis 2003-2004 les mouvements de protestations contre le Parti augmentent et son de plus en plus audacieux. À la base, le PCC se voulait être une avant-garde prolétarienne. Mais ce rôle a lentement changé de nature, et le Parti tend désormais à favoriser la classe dominante et une certaine ploutocratie (les riches qui gouvernent). Comme le rapporte l’auteur, « une fois les bases du développement économique assurées,  le Parti communiste devient un frein plus qu’une locomotive pour l’accès aux étapes suivantes du développement national ». Les nouveaux besoins de la société chinoise nécessitent une plus grande part du pouvoir laissé aux initiatives citoyennes et privées, ce que le PCC refuse de faire. D’autant plus que le fort taux de corruption (variant entre 5 et 15% du PIB) des membres du gouvernement vient favoriser la mauvaise image du Parti.
Bien au courant de cette situation, le PCC tente par tous les moyens de régler ce problème en cherchant une voie de renouvellement. Au lieu d’être un levier de mobilisation matérielle, il pourrait plutôt proposer une mobilisation spirituelle avec l’aide du néo-confucianisme. Il pourrait aussi chercher à redéfinir son rôle de défenseur du prolétariat à celui de défenseur de la classe moyenne. C’est d’ailleurs dans ce contexte d’incertitude qu’est apparu le concept de démocratie dans les échelons inférieurs de la société. Cependant, bien que le PCC soit enclin à user d’un soupçon de démocratie dans son fonctionnement, il rejette catégoriquement le système occidental, laissant ainsi la porte ouverte à une évolution vers un « autoritarisme assoupli » (PCC reste en contrôle, mais plus de latitude aux nouvelles élites et modernisation du système judiciaire). Benoît Vermander conclut finalement son article en énonçant les deux hypothèses possibles selon lui quant à l’avenir du PCC : soit qu’il perdra lentement son pouvoir suite à la modernisation de la Chine, soit qu’une crise sociale ou économique le fera éclater.
Selon moi, M. Vermander a très bien représenté l’état du Parti communiste chinois à l’heure actuelle, et les deux hypothèses qu’il émet sur l’avenir du Parti corroborent ce que plusieurs semblent déjà anticiper. Par contre, je trouve un peu exagérée son affirmation plus globale comme quoi la démocratisation serait impossible en Chine. Tout pays démocratique a autrefois été sous la gouverne d’un régime autoritaire avant de changer de système. Et malgré les différences culturelles, je ne vois pas pourquoi la Chine ne pourrait pas faire de même.

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