Par David Bilodeau Gonthier
Vermander, Benoît. « À quoi sert le Parti
communiste chinois? », Études,
2005/4, Tome 402, p. 461-470.
Benoît Vermander est un jésuite français vivant
présentement en Chine. Docteur en science politique, il est chercheur et
professeur associé à la faculté de philosophie de l’université Fudan à
Shanghai. Il a rédigé de nombreux travaux depuis 1996, et la majorité de
ceux-ci portent généralement sur le thème des religions chinoises dans le monde
d’aujourd’hui et sur la place de la Chine dans la mondialisation.
Dans son article paru en 2005, À quoi sert le Parti communiste chinois, il se pose la question à
savoir si le PCC, compte tenu de ses forces et de ses faiblesses, est encore
capable de contrôler la Chine moderne. Peut-il encore maintenir l’ordre et la
mobilisation nationale? Est-il devenu un frein au développement de la Chine?
Quel est l’avenir du Parti?
D’après
l’auteur, la force du Parti repose largement sur 3 points importants. Premièrement,
le PCC est légitime, car c’est ce dernier qui a relevé la Chine et qui lui
donné tout ce qu’elle a aujourd’hui. Il a assuré l’indépendance nationale, la
reconnaissance internationale, et favorisé les progrès économiques actuels,
notamment sous la gouvernance de Deng Xiaoping. Deuxièmement, le PCC est fort,
car le Parti est fortement intégré à l’appareil étatique. Nous pourrions même
dire que le Parti est l’État, alors que le secrétaire général du PCC est
presque qu’automatiquement le chef de l’État. Enfin, la troisième force du
Parti est sa relative stabilité interne, puisque ce dernier semble avoir réussi
à organiser un système de passation des pouvoirs qui permet une transition
politique fluide et sans violence.
Toutefois, Vermander note que depuis 2003-2004 les
mouvements de protestations contre le Parti augmentent et son de plus en plus
audacieux. À la base, le PCC se voulait être une avant-garde prolétarienne.
Mais ce rôle a lentement changé de nature, et le Parti tend désormais à
favoriser la classe dominante et une certaine ploutocratie (les riches qui
gouvernent). Comme le rapporte l’auteur, « une fois les bases du
développement économique assurées, le
Parti communiste devient un frein plus qu’une locomotive pour l’accès aux
étapes suivantes du développement national ». Les nouveaux besoins de la
société chinoise nécessitent une plus grande part du pouvoir laissé aux
initiatives citoyennes et privées, ce que le PCC refuse de faire. D’autant plus
que le fort taux de corruption (variant entre 5 et 15% du PIB) des membres du
gouvernement vient favoriser la mauvaise image du Parti.
Bien au courant de cette situation, le PCC tente par
tous les moyens de régler ce problème en cherchant une voie de renouvellement.
Au lieu d’être un levier de mobilisation matérielle, il pourrait plutôt
proposer une mobilisation spirituelle avec l’aide du néo-confucianisme. Il pourrait
aussi chercher à redéfinir son rôle de défenseur du prolétariat à celui de
défenseur de la classe moyenne. C’est d’ailleurs dans ce contexte d’incertitude
qu’est apparu le concept de démocratie dans les échelons inférieurs de la
société. Cependant, bien que le PCC soit enclin à user d’un soupçon de
démocratie dans son fonctionnement, il rejette catégoriquement le système
occidental, laissant ainsi la porte ouverte à une évolution vers un
« autoritarisme assoupli » (PCC reste en contrôle, mais plus de
latitude aux nouvelles élites et modernisation du système judiciaire). Benoît
Vermander conclut finalement son article en énonçant les deux hypothèses possibles
selon lui quant à l’avenir du PCC : soit qu’il perdra lentement son
pouvoir suite à la modernisation de la Chine, soit qu’une crise sociale ou
économique le fera éclater.
Selon moi, M. Vermander a très bien représenté l’état du
Parti communiste chinois à l’heure actuelle, et les deux hypothèses qu’il émet
sur l’avenir du Parti corroborent ce que plusieurs semblent déjà anticiper. Par
contre, je trouve un peu exagérée son affirmation plus globale comme quoi la
démocratisation serait impossible en Chine. Tout pays démocratique a autrefois
été sous la gouverne d’un régime autoritaire avant de changer de système. Et
malgré les différences culturelles, je ne vois pas pourquoi la Chine ne
pourrait pas faire de même.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire