mardi 30 octobre 2012

«Chinese Middle Class Attitudes Towards International Affairs: Nascent Liberalization?»

Texte rédigé par Félicia Legault

Johnston, Alastair Iain. «Chinese Middle Class Attitudes Towards International Affairs: Nascent Liberalization?», The China Quarterly, No. 179, September 2004, pp. 603-628.

Alastair Iain Johnston est professeur spécialisé en relations internationales à Harvard.  Ses principaux champs d’intérêts et d’enseignements gravitent autour de la socialisation des institutions internationales, de l’analyse de l’identité dans les sciences sociales et les sources des mentalités selon des choix stratégiques en référence à la Chine et à l’Asie de l’Est.  L’article étudié s’inscrit dans ces thèmes en abordant les préférences et les intérêts de la classe moyenne de Beijing face aux politiques extérieures de la Chine. L’article se base sur les résultats du Research Centre on Contemporary China à l’Université de Beijing dans les années 1998 à 2002 inclusivement.  Ces recherches constituent la première étude systématique, appliquant les règles des sciences sociales et non gouvernementales, sur l’opinion populaire chinoise concernant différentes questions internationales. L'échantillonnage a été réalisé selon une probabilité proportionnelle à la taille (une forme d'échantillonnage aléatoire stratifié), ceci afin d'assurer que l’échantillon représente le plus près possible la population de Beijing.  Les données étaient recueillies au moyen d’entrevues face à face avec les personnes interrogées.  


Les questions relatives à la politique extérieure avaient comme base celles du Chicago Council of Foreign Relations (1994 et 1998), tandis que le questionnaire général reposait davantage sur le modèle établi par la University of Michigan’s Detroit Area Study.  En examinant l’attitude de la classe moyenne de Beijing vis-à-vis le libre-échange, les institutions internationales, les dépenses militaires, les États-Unis et le nationalisme, l’auteur conclu que la classe moyenne démontre une ouverture plus grande vis-à-vis d’un libéralisme naissant que les classes plus pauvres.  Ces résultats vont également dans le même sens que ceux que prédisent les théories en relations internationales.  Selon Johnston, il est important d’étudier les visions et préférences de la classe moyenne sur des questions de politique extérieure.  Ainsi, avec la montée du rôle des entrepreneurs en politique, on ne sait pas comment ces opinions pourraient éventuellement interagir avec les politiques gouvernementales.  Il devient alors primordial de savoir ce que cette couche de la société chinoise pense.

Johnston commence par définir le concept de classe moyenne selon des critères économiques, soit en fonction du revenu par ménage (plus de 3 000 yuans par année).  Il poursuit en affirmant que l’échec du PCC à promouvoir les doctrines du marxisme-léninisme l’on forcé à se tourner vers le nationalisme pour légitimer son pouvoir politique.  Les résultats des statistiques recueillies sur cette question affirment que la classe moyenne est la plus critique envers le nationalisme tel que l’impose le PCC.  L’auteur tire cinq conclusions basées sur l’analyse des données statistiques.  Premièrement, les visions des relations internationales sont cohérentes en fonction du revenu où la classe moyenne répond toujours en majorité du côté libéral à la plupart des questions posées à cet effet.  Cette classe moyenne est donc généralement en faveur du libre commerce, des traités de désarmement, contre la hausse des dépenses militaires, ressent davantage une certaine amitié envers les États-Unis et se trouve plusieurs ressemblance avec ces derniers, pense qu’une interdépendance économique entre les pays diminue les conflits et qu’elle est constituée des gens plus riches, plus éduqués et mieux informés sur le monde.  Deuxièmement, le développement de la classe moyenne ayant des opinions modérées va augmenter le bassin de gens ayant une opinion libérale en ce qui concerne les relations internationales.  Troisièmement, malgré le fait que le parti espère présenter un front uni en ce qui concerne leur politique extérieure, il est évident qu’il y a des différences dans les intérêts et les préférences selon le groupe socio-économique considéré.  Quatrièmement, l’opinion de la classe moyenne de Beijing est sensible, et donc variable, face aux actions des autres nations et notamment celles des États-Unis.  Finalement, les résultats obtenus ne sont pas surprenant selon les théories prépondérantes dans le domaine des relations internationales.      

Cet article s’inscrit bien dans le cadre de notre cours car il traite de l’attitude de la classe moyenne face à la libéralisation économique promue par le régime politique chinois contemporain.  En abordant leurs préférences en matière de politiques économiques extérieures, on peut alors mieux comprendre l’opinion de la classe moyenne face au régime politique actuel et l’emphase que met ce dernier sur le développement économique.  Ainsi, l’article pose une question fondamentale pour notre cours : est-ce que l’opinion d’une classe moyenne grandissante avec son revenu aura une plus grande influence sur les réformes politiques et la démocratisation comme ce fut le cas dans d’autres pays ?  L’article donne une bonne idée de l’opinion de la classe moyenne de Beijing, mais reste de par ce fait une analyse partielle de l’ensemble des valeurs de la classe moyenne chinoise.  De plus, les conclusions de l’analyse reposent au final sur l’acceptation de la définition de la « classe moyenne » choisie par l’auteur, laquelle demeure particulièrement arbitraire et basée sur des principes occidentaux.

Aucun commentaire: