mercredi 31 octobre 2012

Chinese Middle-Class Attitude toward International Affairs


Texte de Vanie-Ève Aubertin

Alastair I. Johnston, «Chinese Middle-Class Attitude toward International Affairs.» China Quaterly. No. 179, septembre 2004, pp. 603-628. 

Alastair Iain Johnston est un professeur en relations internationales à Harvard. Il se spécialise sur les institutions internationales, le principe d’identité et les relations internationales spécifiques à la Chine et en Asie de l’est. 

Johnston conçoit qu’il existe deux alternatives à la position de la classe moyenne émergente en Chine et de son influence. La première alternative implique une classe moyenne nationaliste, émotive et xénophobe. Ainsi, même si elle gagne en pouvoir face au PCC jusqu’à acquérir toute forme de poids politique qui se rapprocherait de la démocratie, on s’attendrait à ce que l’élite de l’électorat urbaine représente ces valeurs allant jusqu’à un antiaméricanisme. La deuxième alternative suggère qu’en comparaison aux autres groupes sociaux en Chine, la classe moyenne urbaine tend davantage vers une vision libérale (d’un point de vue économique évidemment) et internationaliste du reste du monde. L’auteur considère que, si l’on croit plus souvent la première alternative, c’est que c’est celle qui est le plus souvent dépeinte par les journalistes occidentaux. Or, Johnston doute de cette vision antiaméricaine et nationaliste due aux recherches statistiquement biaisées conduites par la plupart des journalistes. 



L’étude portée par Johnston est basée sur une collecte de données réalisée par le Research Center on Contemporary China à l’Université de Beijing dans le contexte d’une étude sur la région de Beijing spécifiquement de 1998 à 2002. 

Personne ne s’entend vraiment sur la définition de la classe moyenne et des critères qui la délimitent. Johnston considère que la classe moyenne en Chine est constituée par une élite économique. On peut par extension supposer que les capacités financières des individus qui constituent ce groupe déterminent leurs standards de vie et leurs habitudes de consommation. Ainsi, l’auteur définira ici son groupe à l’étude sur les revenus familiaux. 

L’auteur suggère quatre hypothèses sur la question des préférences de la classe moyenne en ce qui a trait aux politiques qui touchent les relations internationales en Chine. 

1. Les intérêts économiques de la classe moyenne les encouragent généralement à encourager une attitude de libre marché. 
2. Les intérêts économiques de la classe moyenne encouragent moins les dépenses militaires aveuglément par rapport aux classes plus pauvres puisqu’elle considère que de telles dépenses sont peu productives dans un contexte où le pays n’est pas menacé. 
3. Les individus de la classe moyenne auront généralement une vision plus positive des institutions internationales qui soutiennent le système capitaliste de la mondialisation sur le plan économique et des pays capitalistes en général. Cela découlerait d’une tendance plus libérale que les classes plus pauvres. 
4. En lien avec la mondialisation économique, les membres de la classe moyenne auront davantage d’occasions de voyager et d’obtenir de l’information sur le reste du monde ce qui entrainerait une plus grande ouverture d’esprit et une tendance moins marquée par le nationalisme que l’on attribue souvent au peuple chinois en général. 

Si ces hypothèses  sont confirmées, on peut pourra alors assumer que l’intégration de la Chine dans un système économique globale se verra immunisée en partie par les excès du nationalisme chinois. En effet, la classe moyenne, qui est le résultat de cette intégration, ne peut qu’être reconnaissante envers ce système qui l’a créé et ainsi, promouvoir les valeurs qui le supportent soit, le libéralisme, l’ouverture d’esprit et l’efficacité. 

L’étude se fait en cinq parties et elle compare les individus de la classe moyenne avec ceux de la classe moyenne potentielle (donc, immédiatement en dessous sur l’échelle salariale):

1. On enquête sur l’attitude de la classe moyenne par rapport à la mondialisation de l’économie en interrogeant les répondants de l’étude sur les taxes frontalières, la définition de l’interdépendance économique et l’effet de l’indépendance économie sur les conflits internationaux. 
2. On questionne les répondants sur la question des dépenses dans le domaine militaire. 
3. On consulte les répondants au sujet de leur sympathie par rapport aux États-Unis et sur leur avis qu’en à l’effet des relations entre les États-Unis et la Chine.
4. Sur la question de l’identité, Johnston parle du concept de «l’autre». C’est-à-dire, s’identifier en fonction d’un autre. On a demandé aux volontaires d’évaluer leur peuple et le peuple américain à savoir s’ils sont pacifiques ou belliqueux, moraux ou immoraux. Les enquêteurs ont, par la suite, fait la différence entre les deux.
5. On a évalué le degré de nationalisme de la classe moyenne en posant la question «est-ce que le peuple doit supporter le gouvernement même lorsqu’il a tort?». 

À partir des résultats de l’analyse statistique décrite plus tôt, l’auteur fait 6 conclusions. 

1. Il existe un lien entre la classe sociale à laquelle un individu appartient et sa vision du monde en général. 
2. Le fait que le développement industriel en Chine soit directement touché par son ouverture économique sur le monde et que ce développement ait directement influencé l’émergence d’une classe moyenne en Chine, on peut s’attendre à ce que cette classe moyenne ait une opinion positive sur les politiques d’ouverture du marché, sur les politiques  internes plus libérales et les autres états avec qui la Chine faire affaire et donc, qui l’enrichit. 
3. L’auteur nous fait remarquer que la variable «classe moyenne» dans l’étude est relative dans le sens où, si les individus de la classe moyenne en Chine sont plus libéraux que les individus des autres classes du même pays, ils le sont probablement moins que dans les individus de la classe moyenne dans les pays occidentaux. 
4. Le degré de sympathie envers les Américains est grandement biaisé dans l’étude par les crises diplomatiques qui se sont produites en 1999 et en 2001. 
5. L’étude ne touche que la classe moyenne urbaine de Beijing et ses résultats sont difficilement applicables sur le reste de la Chine. 
6. L’auteur fait l’apologie du libéralisme économique qui a réussi à faire son chemin jusque dans l’esprit des Chinois communistes. 

L’étude de Mr. Johnston est très intéressante, mais comme elle n’étudie qu’une toute petite partie de la très grande population chinoise, il est difficile d’appliquer les résultats sur le reste du peuple chinois. Ainsi, sur le sujet de la légitimité du PCC, les réponses des individus qui composent la classe moyenne ont une portée limitée. Toutefois, on voit bien les effets de l’ouverture de la Chine au système capitaliste sur le pays en général et cela pourra nous aider à mieux établir un portrait du pays post-mao, post-chute de l’URSS. 

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