mardi 30 octobre 2012

« Confucianization : A Future in the Tradition »

Texte de Pascale Couturier

Kang Xiaoguang, « Confucianization : A Future in the Tradition », Social Research, vol.73, no.1, Spring 2006, p. 77-120.

Kang Xioguang a fait ses études en mathématiques appliquées à la Dalian Polytechnic University et a gradué à l’Académie chinoise des sciences. Il a enseigné l’agriculture et le développement rural et l’administration publique. Ceci dit, depuis une dizaine d’années ses études portent surtout sur la relation entre l’État et la société, la culture politique et les relations entre le confucianisme et le développement politique en Chine.

Dans son article, Kang Xiaoguang trace le portrait des deux destinées potentielles de la Chine pouvant mettre fin au « statu quo » actuel : une occidentalisation du pays ou une « confucianisation » de celui-ci. L’auteur tente de démontrer en quoi le retour de la Chine vers des valeurs confucéennes adaptées au contexte moderne est la meilleure solution à appliquer puisqu’elle est bénéfique à la fois au niveau des institutions administratives, politiques et économiques, mais aussi au niveau culturel et social. Ainsi, Kang Xiaoguang présente la « confucianisation » comme étant la réponse aux maux de la Chine contemporaine.

Tout d’abord, Kang Xiaoguang décrit  le « statu quo » dans lequel se retrouve la Chine. Depuis les réformes économiques de Deng Xiaoping des années 1960-1970, la Chine est passée à une économie de marché et le CCP base sa légitimité sur ses réalisations économiques, ce qui aggrave les relations entre l’État et la société. De plus, l’auteur indique en quoi la place d’une « alliance des élites » au sein du pouvoir n’aide pas la cause des droits humains en Chine. Bref, la situation présente en Chine est caractérisée d’une efficacité économique, d’une injustice sociale et d’un manque de légitimité du pouvoir qui garde le pays dans un état de stagnation.

Par la suite, Kang Xiaoguang critique la démocratie libérale et indique en quoi elle ne serait pas en mesure de régler les problèmes de la Chine contemporaine et menacerait potentiellement les avancées économiques et la stabilité politique du pays. L’auteur commence par indiquer que les principes de la démocratie sont différents en théorie qu’en pratique et que la Chine ne devrait pas courir le risque d’en faire l’expérience. Il compare la Chine à l’Union Soviétique et la Yougoslavie où l’installation de la démocratie a mené à la division nationale. De plus, l’auteur écrit que la démocratie n’est qu’utopique. Il critique la légitimité et l’efficacité de celle-ci en indiquant que ses valeurs sont mauvaises et ne correspondent pas à celles de la Chine (plus communautaires qu’individualistes), qu’il n’y a pas de fondation concrète à la démocratie et que celle-ci s’est avérée être une série de mensonges en pratique (comme dans le cas de l’égalité sociale).  Kang Xiaoguang marque que le constitutionalisme américain n’est pas bien différent du système politique chinois dans le sens où ce sont les groupes d’élites qui ont le contrôle.

La solution à apporter selon l’auteur est l’instauration d’un « gouvernement bienveillant » dictatorial,  basé sur l’entraide, la vertu et les principes confucéens. Ce faisant, la Chine se doterait d’une politique bénéficiant l’opinion publique, la continuité de la stabilité économique et politique et  l’épanouissement de sa culture permettant au peuple chinois de retrouver son identité chinoise. Kang Xiaoguang propose qu’un groupe d’érudits confucéens soit à la tête du gouvernement. D’après lui, la bienveillance et l’orthodoxie confucéenne du gouvernement feraient en sorte qu’il n’y aurait pas de raison d’avoir en Chine un multipartisme. De plus, le confucianisme en Chine servirait à l’expression de l’opinion publique. L’auteur suggère que le « gouvernement bienveillant » ouvre les médias de masse et doive consulter les corporations du peuple (dotées de liberté associative) afin de prendre ses décisions administratives et politiques. Par ailleurs, la mise en place du confucianisme comme religion d’État et l’éducation confucéenne de la population permettraient de combler le manque de légitimité du parti et l’injustice des masses. Ainsi, le confucianisme devient le point de référence de la politique, l’économie, la culture, la religion et la société chinoise et permettrait à la Chine de rayonner dans ses valeurs et par ses propres moyens.

L’article de Kang Xiaoguang est écrit de manière claire et ordonnée. Il donne une bonne vue d’ensemble des enjeux politiques, économiques et culturels de la Chine contemporaine et leurs rapports au débat sur la démocratisation du pays, ce qui est pertinent pour notre cours. Or, puisque la solution proposée de la « confucianisation »  n’a jamais été appliquée en Chine ou ailleurs, l’auteur se base plus sur des principes que des faits palpables dans son argumentation. Il donne aussi un ton très personnel à son texte qui n’a pas de références bibliographiques ou de notes de bas de page. Ceci étant dit, l’article de Kang Xiaoguang est fort intéressant du fait qu’il justifie l’importance que la Chine progresse selon ses principes et sa culture plutôt que par l’occidentalisation de ses institutions. Ainsi, l’auteur présente avec beaucoup de détails et de raisonnement une solution envisageable à la Chine.

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