lundi 29 octobre 2012

“Chinese Middle Class Attitudes Towards International Affairs: Nascent Liberalization?”


Alastair Iain Johnston, “Chinese Middle Class Attitudes Towards International Affairs: Nascent Liberalization?”, The China Quarterly, No. 170 (Septembre 2004), pages 603-628.

Texte par Catherine Gauthier

Alastair Iain Johntson est professeur dans le département de sciences politiques à Harvard, présentement enseignant de la Chine dans les affaires internationales. Détenteur d’un baccalauréat en relations internationales et histoire à Toronto ainsi que d’une maitrise en études est-asiatiques d’Harvard et d’un doctorat en sciences politique à l’université du Michigan, il est auteur de multiples articles, chapitres et livres sur ses champs d’expertise. Dans l’article Chinese Middle Class Attitudes Towards International Affairs: Nascent Liberalization?, l’auteur s’appuie sur une étude menée par la Beijing Area Studies (BAS) entre 1998 et 2002 pour démontrer que la classe moyenne chinoise tend vers plus de libéralisme que la classe plus pauvre. Les répondants à l’étude étaient questionnés sur leur attitude entre autre envers le libre marché, les institutions internationales, les dépenses militaires, le nationalisme et les États-Unis.

Il explique d’abord que définir le terme ‘classe moyenne’ est plutôt difficile, étant donné que chaque pays est différent. Certains se basent sur le revenu moyen, d’autres sur le niveau d’éducation ou encore le travail, ou un mélange des trois, pour définir le rang social d’un individu. L’auteur choisi de placer dans la classe moyenne les chinois dont le revenu mensuel familial est supérieur à 3 000 yuans, et dans la classe moyenne potentielle, soit les gens entre la classe moyenne et les pauvres, les familles ayant un revenu mensuel se situant entre 800 et 2 999 yuans. 


Johnston émet quatre hypothèses quant aux tendances de la classe moyenne chinoise. Premièrement, que « les intérêts économiques vont généralement amener la classe moyenne à supporter le marché libre et le libre-échange » (610). En second, la classe moyenne questionnerait les dépenses militaires plus que la classe potentielle. Troisièmement, la classe moyenne est plus encline à avoir une vision plus positive des institutions internationales de par leur tendance plus libérale, et finalement, que la classe moyenne serait plus ouverte, plus internationale et un peu moins nativiste que la classe potentielle.

Afin de soutenir ses hypothèses, l’auteur présente sous forme de statistiques et de graphiques les données recueillies par la BAS regardant leur attitude vis-à-vis certaines questions. Les résultats pointent vers un certain libéralisme dans la classe moyenne. Les avis sur l’économie internationale sont plutôt partagés mais démontrent que la classe moyenne est plus susceptible de tendre vers une conception libérale interdépendante lorsque comparée aux idées de la classe potentielle; sur les dépenses militaires, les statistiques démontrent que la classe moyenne pékinoise n’est pas aussi « en faveur du détournement des ressources vers l’armée » (618) que les moins nantis; les données indiquent aussi que les gens de la classe moyenne voient moins de différences entre les Chinois et les Américains, par exemple, que leurs confrères moins fortunés. Les tableaux présentent une perception plus positive des relations et des interactions Chine – États-Unis qui peut être due à « un niveau d’éducation, d’exposition à l’information ou d’intérêts économiques » (621) plus élevés chez la classe moyenne; à l’affirmation « les gens devraient supporter leur pays même si celui-ci est dans le tort », plus de 50% de la classe moyenne répondent qu’ils sont plutôt ou fortement en désaccord alors que la classe potentielle répond à plus de 55% qu’ils sont fortement et plutôt d’accord (623). Cela semble indiquer que lorsque confronté au nationalisme, la classe moyenne maintient une position plus sceptique que la classe potentielle. 

Johnston tire six conclusions qui appuient ses hypothèses : (1) il est évident qu’il y a une corrélation entre les perceptions du monde et la classe. Il résume les tendances de la classe moyenne citées en exemple ci-haut comme étant une vision des relations internationales comme un realpolitik moins dur que ce que les réponses offertes par la classe potentielle indiquent ; (2) un développement rapide d’une classe moyenne chinoise va permettre une propagation des idées plus ou moins libérales de la politique internationale à travers la Chine ; (3) ces données démontrent une forte opinion publique sur certains sujets et des points de vue différents entre les groupes, alors que le régime tente de montrer un front uni en ce qui a traits aux politiques externes ; (4) l’opinion publique est sensible aux autres états et que c’est coutume pour les élites d’un état d’écarter l’idée que ce dernier a pu « aider à produire un comportement négatif » (627) chez un autre état ; (5) les données sont peu représentatives de la population chinoise en générale car elles sont basées sur la classe moyenne de Beijing, mais donne tout de même une idée des perspectives présentes dans la population pékinoise ; (6) les résultats ne sont pas si surprenants, considérant que la classe moyenne pékinoise possède déjà des valeurs et des attitudes que les théories de relations internationales soutiennent. 

En d’autres termes, les données présentées par la BAS démontrent que « la classe moyenne émergente [de Beijing] a une vision relativement distincte sur un éventail de politiques étrangères » et sur des questions de politiques et économiques étrangères (623). Dans l’optique du cours, l’article présente les opinions d’une partie de la population par rapport au reste du monde, économiquement et politiquement parlant, ce qui démontre une ouverture possible au reste du monde. Bien que les données soient désuètes, elles montrent une tendance qu’il serait intéressant de voir comparée dix ans plus tard suite aux Olympiques, par exemple.

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