jeudi 25 octobre 2012

Le Confucianisme en tant que connaissance


Texte de Gabrielle Renault

Xiangjun Li, Xin Yan. A Recontruction of Contemporary Confucianism as a Form of Knowledge. In: Frontiers of Philosophy in China, Vol. 1, No. 4 (Dec., 2006), pp. 561-571

          Li XiangJun est un ressortissant de l’université de Beijing qui consacre sa carrière à l’étude du confucianisme, et en particulier à ses implications dans la réalité moderne. Dans son texte A Reconstruction of Contemporary Confucianism as a Form of Knowledge, l’auteur tente de redéfinir ce qu’est le concept du confucianisme en tant que connaissance et propose des solutions afin de permettre à ce concept de se ré-enraciner dans la culture chinoise actuelle.
          Le confucianisme constituait autrefois le cœur de l’apprentissage dans la culture chinoise traditionnelle, et bien qu’il fut remplacé par le système d’éducation à l’occidentale en tant que méthode d’enseignement, il conserve aujourd’hui une certaine influence dans les domaines touchant aux aspects spirituels de la vie, comme la religion et la vertu. Les « Cinq Classiques » du confucianisme (le ciel, la terre, le roi, la famille, le professeur), constituaient les cinq notions qui régulaient l’harmonie dans l’univers et plus précisément dans le monde humain. Les néo-confucéens des dynasties ultérieures reprirent ces notions et leur ajoutèrent des idées bouddhistes et daoïstes, afin de faire du confucianisme comme savoir une discipline qui engloberait et influencerait aussi des sciences naturelles comme la médecine, l’astrologie et l’agriculture. L’étude du confucianisme traditionnel par les néo-confucéens permit également de grandes avancées dans des domaines tels que la philologie, la phonologie, la critique de texte, etc. En rappelant que le Confucianisme a su changer et s’adapter aux mœurs de la société au fil du temps, l’auteur cherche à démontrer que le confucianisme pourrait réintégrer la société moderne et le système académique.

         L’auteur déplore d’ailleurs le fait que le confucianisme en tant que savoir ait perdu son rôle de vecteur de connaissances en même temps que son dynamisme, et qu’il ne soit devenu qu’un « sujet d’études » ou, au mieux, un accessoire dans le développement de domaines d’étude modernes. Li explique que le confucianisme traditionnel est « a consistent and developing living system » qui devint malheureusement une sorte de tradition brisée dans le contexte académique. Cette situation commence toutefois à changer, nous rassure-t-il, car autant les érudits chinois que les chercheurs occidentaux s’accordent pour dire que le système d’éducation actuel n’est qu’une forme différente du système occidental et ne peut continuer de monopoliser le domaine académique tout entier. 
         Li exprime aussi sa réticence face aux espoirs de certains érudits du confucianisme de voir celui-ci prendre un tournant profondément religieux dans le but d’augmenter sa visibilité et son acceptation dans la société. Le confucianisme ne peut être qu’une religion, il a besoin d’une base de savoir, d’une institution (l’État) pour le protéger et d’être mis en pratique dans la vie courante pour exister et étendre son influence. 
          L’auteur suggère alors deux solutions pour reconstruire et améliorer le confucianisme. La première serait de mettre l’emphase sur ses caractéristiques et de le considérer comme une partie organique et interne du savoir académique moderne. Li convient tout de même que cette approche est limitée car le système occidental et le système chinois sont, de par leurs différences ancestrales, assez incompatibles. La seconde serait de se détourner du système académique actuel et de mettre à l’avant-plan des idées de pluralisme culturel post-moderniste, et ainsi permettre au confucianisme traditionnel de se développer.
          Li XiangJun insiste surtout sur le fait que le confucianisme est capable de changement et d’adaptation, ainsi que sur l’influence positive qu’il a eu sur la société chinoise traditionnelle, mais il admet tout de même que les solutions qu’il propose sont difficiles à mettre en application en raison de sa longue histoire. Ce texte soulève de nombreux bons points au sujet du caractère renouvelable du confucianisme, démontrant par le fait même que bien que le système académique occidental l’ait remplacé, le confucianisme est loin d’avoir disparu, et qu’il est toujours aussi influent dans de nombreuses sphères de pensée. 

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