lundi 22 octobre 2012

Que signifierait la sinisation du monde ?


Texte de Adrien Lacroix

Ly Lam Fung, « Que signifierait la sinisation du monde? »  Revue internationale et stratégique 2011/1 - n° 81 pages 79 à 86.

Fung Ly Lam est un ingénieur et haut fonctionnaire au ministère de la défense.

Depuis quelques années, la Chine fait son grand retour sur la scène mondiale. Sa puissance est de plus en plus reconnue et devient un modèle dans son genre. Cependant la Chine reste un pays où les pratiques culturelles, le système de gouvernance politique et économique, ainsi que les conditions naturelles, s’opposent à celle de l’occident. L’auteur expose toutes ces différences et se demande qui de l’occident ou de la Chine va imposer sa façon de penser et comment ceux-ci peuvent-ils s’inspirer mutuellement. Il construit son article sous la forme d’une comparaison sur tous ces points entre les deux parties et explique les apports que chacune de ces conceptions pourraient s’apporter afin de s’améliorer. 
Ly Lam Fung s’attarde premièrement sur le domaine moral. Le point le plus évident étant que la Chine se base sur le principe de collectivité tandis que l’occident se focalise sur l’individu, « Ainsi, la morale chinoise met en avant les notions de devoir et d’harmonie alors que la morale occidentale privilégie les notions de droit et d’équité. » De plus, la Chine ne croit pas aux vérités absolues, ses pratiques ne sont pas basées autour de doctrines exclusives, les chinois se réfèrent à différentes pensées selon le problème rencontré. Une vision totalement différente de celle de l’occident qui croit en des vérités et valeurs absolues, fondamentales et universelles.

Puis, l’auteur s’attarde sur la différence entre le dirigisme et la démocratie. L’occident juge la Chine car elle ne se base pas sur la valeur idéale qu’est la démocratie à leurs yeux. Toutefois, le régime chinois, soutenu par la population, fonctionne bien. Malgré des insuffisances exagérées, le PCC, depuis la mort de Mao, fait du bon travail, et ce, de manière paisible. De formidable progrès au niveau économique et social se sont réalisés, mais ça, les occidentaux ne s’en sont pas rendu compte, étant trop enfermer sur leur concept de gouvernance.
Troisièmement, l’auteur explique que la nature joue un rôle dans la différence d’organisation. En Chine, les conditions naturelles sont beaucoup plus défavorables ainsi le peuple a besoin d’un pouvoir fort capable de gérer tous ces problèmes tandis qu’en occident, les problèmes naturelles sont moindres et la population plus autonome. Nombreux chinois pensent qu’un système démocratique serait incapable de gérer un territoire aux conditions naturelles défavorables et risquerait une instabilité politique et sociale.
Malgré les deux conceptualisations de société totalement différentes entre occident et Chine, l’auteur affirme que chacune pourrait s’apporter des choses. Bien entendu, au niveau de la gouvernance, une sinisation est quasi impossible, l’occident étant trop encré dans les valeurs démocratique pour laisser ne serait-ce qu’une once de collectivité dans son système et que les chinois sont fiers de leurs concepts confucéens uniques. Le point majeur où chine-occident pourrait s’influencer mutuellement est celui de l’universalisme, en effet la Chine pourrait mixer des idées provenant de la démocratie dans son concept confucéen, notamment depuis le va et vient humain récent entre les deux. Cela pourrait être difficile à cause de l’opposition entre collectivité et individualisme, cependant la Chine est depuis quelques années beaucoup plus aptes à s’adapter grâce à la mise en place de l’économie de marché. De plus, il est difficile d’imaginer une Chine prospère en dehors du concept confucéen, et donc un nouveau système de gouvernance se créerait, joignant les deux concept. La sinisation apporterait donc une modération du concept universaliste sans le faire disparaître car essentiel à la modernité et au progrès. 
Depuis que la révolution maoïste a échoué, la Chine s’est ouverte au monde tout en gardant des valeurs traditionnelles, le retour au concept confucéen en est la preuve. Le PCC voulant maintenir son pouvoir en Chine tout en ayant le soutien du peuple, essaye de trouver une nouvelle manière de gouverner et c’est en passant par le confucianisme, qui a de nombreux avantages : reliant autorité positive, moralité traditionnelle et nationalisme d’état, qu’il a trouvé. La démocratie étant trop risquée pour le moment. Toutefois le régime reste hésitant et préfère parler de tradition. Cet article explique bien comment le régime actuel ne peut se résoudre à passer à une démocratie complète mais aussi le blocage qu’un retour au confucianisme apporterait au niveau international. On en conclut que la Chine pour maintenir sa puissance à l’internationale et son pouvoir national doit réussir à trouver un équilibre en combinant des caractéristiques universalistes et traditionalistes (confucianistes), dont « l’issue sera vraisemblablement une nouvelle synthèse, qui naîtra de la sinisation et de l’incorporation des valeurs occidentales aux concepts confucéens. »



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