mardi 23 octobre 2012

Redéfinir la démocratie et les droits de l’Homme ?


Texte de Grégoire Chevillat

Wang Alex, “Redéfinir la démocratie et les droits de l'Homme ?”, in Revue internationale et stratégique, 2011/1 n°81, pp. 95-102.

Alex Wang est docteur en philosophie et professeur invité à la Berkeley Boalt Law School. Il a exercé la profession d'avocat pendant de nombreuses années pour Natural Resources Defense Council – un lobby environnementaliste – à Pékin. Il a travaillé à renforcer la mise en oeuvre de lois et de politiques publiques en Chine en matière de protection de l'environnement. Il a aussi étudié le rôle de l'opinion publique dans l'application de ces politiques. Pour autant, l'article qu'il nous propose ici n'est pas en rapport direct avec la question environnementale en Chine. 
Alex Wang débute son article par une mise au point en direction de son lecteur : il entend parler de la Chine et de son gouvernement de manière neutre, sans à priori. Il ne s'agit pas pour lui de s'inscrire dans la lignée de la critique récurrente adressée par les Occidentaux au gouvernement chinois : le caractère non-démocratique du régime. 

L'auteur se justifie, dès le commencement de son propos, par l'idée que la démocratie n'est pas une panacée universelle et que chaque pays doit trouver une méthode de gouvernement qui lui convient, en accord avec ses particularités culturelles, économiques, politiques, historiques...etc. Pour Alex Wang il est donc inutile de vouloir transposer le modèle démocratique occidental car on nierait de fait les singularités de la société chinoise. Il serait d'autant plus inopportun de vouloir convertir la Chine aux normes démocratiques occidentales que depuis 30 ans, selon Alex Wang, la Chine est parvenue à développer avec succès un système hybride de gouvernement, ce qu'il nomme “le monopartisme avec une dose de démocratie naissante”. Les termes “monopartisme” et “démocratie” apposés ensemble peuvent nous sembler assez antinomiques dans notre schéma de pensée occidental ; pour autant, il n'empêche que ce modèle d'un genre nouveau a fait ses preuves en Chine. C'est ce que l'auteur nous démontre dans la suite de son article. 
Wang commence par nous exposer les raisons qui ont fait que le régime chinois actuel s'est stabilisé et imposé depuis son avènement. 
Il met d'abord en avant le besoin de protection que ressent la société chinoise vis-à-vis de son gouvernement, il justifie cela en utilisant l'histoire. En effet, les guerres coloniales, les conflits avec le voisin japonais et les réformes maoïstes ont laissé des traces que les Chinois peinent à effacer. La priorité est aussi pour eux, selon Wang, d'avoir un gouvernement fort et efficace, qui permette l'amélioration de leur niveau de vie. C'est précisément ce à quoi est parvenu le régime actuel : l'auteur nous rappelle que le nombre de Chinois vivant sous le seuil de pauvreté est passé de 652 millions à 135 millions entre 1981 et 2004 ! 
Par ailleurs, la société chinoise ne voit pas dans la nature du régime politique une fin en soi, mais seulement le moyen de progresser et d'atteindre des objectifs ; Wang nous donne quelques exemples de ce que sont ces objectifs : « une société stable, une diminution de la pauvreté, une baisse de l’illettrisme, l'espoir d'une vie meilleure...etc. ». Là encore le régime a – de manière générale depuis 30 ans – réussi à répondre à ces attentes, il apparaît donc légitime aux yeux de nombreux Chinois qui ne voient pas l'intérêt d'un changement radical de régime. 
L'auteur s'attache ensuite à démontrer que, malgré les critiques venant de l'Occident, le régime politique chinois n'est pas dénué tant de démocratie que de droits de l'homme. Il conseille d'ailleurs aux opinions publiques occidentales de ne pas apposer trop vite l'étiquette « non-démocratique » à la Chine. En effet, il tend localement à se développer de plus en plus de participation citoyenne, de vote citoyen à l'échelle des villages, des villes et des cantons ; il en va de même au niveau national où l'Assemblée populaire nationale voit ses pouvoirs et son influence sur les politiques menées croître d'année en année. 
Du côté des droits de l'Homme les choses progressent également quoi que les Occidentaux puissent en penser, un Etat de droit émerge par étapes : autonomie des juges, non-ingérence du politique, procédure pénale claire sont maintenant garanties – en principe – par le droit. La fin de l'article nous apprend même qu'un groupe de réflexion de l'Ecole du Parti Communiste recommande l'augmentation des mesures démocratiques. Des concessions faites par le parti pour pérenniser ce « monopartisme à dose de démocratie ? »


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