lundi 22 octobre 2012

L’Histoire n’a pas de fin


Billet de  Marc-André Pagé

« L’Histoire n’a pas de fin » texte de Pierre-Étienne Will. P. 7-40, dans Delmas-Marty, Mireille et Will, Pierre-Étienne. « La Chine et la démocratie ». Collège de France et Centre National du livre. Édition Fayard 2007. 894 pages.

           
            Pierre Étienne Will est professeur au Collège de France depuis 1991 où il  enseigne l’histoire de la Chine moderne. Il a été directeur d'études à l'EHESS (École des hautes études en sciences sociales de 1988 à 1991. Il est depuis 1992, le Directeur d’études cumulant à l’EHESS. Pierre-Étienne Will a publié cinq ouvrages sur la Chine et est l’auteur de plus de 40 articles sur le même sujet.
            Le texte traite des raisons pour lesquelles la Chine n’est toujours pas un État démocratique malgré le fait qu’elle soit ouverte sur le monde. Une des raisons avancées pour expliquer ce fait est la présence millénaire du confucianisme ancrée dans la mentalité des Chinois. Une autre partie du texte explique pourquoi les Chinois ne croient pas au « mythe » de la démocratie à l’Occidentale. En fait, ce n’est pas parce que les Chinois n’y croient pas, c’est plutôt dû au fait qu’ils n’ont jamais eu l’occasion de la vivre. Depuis Shi Huangdi jusqu’à l’arrivée du Parti Communiste Chinois (PCC), ils ont toujours vécus sous une autorité qu’ils n’ont jamais choisie. Le confucianisme a été critiqué lors du Mouvement du 4 mai et du mouvement de libération des années 1980 qui, par leur nature, était opposé à l’idée du respect (ou de la soumission) de la hiérarchie que le confucianisme proposait. Le confucianisme a toujours résisté.    

            L’auteur, par le biais de l’historien chinois Qian Mu, nous dit que la démocratie, peu importe qu’elle sorte ou dans quel pays, est toujours inégale ou imparfaite. Par sa nature, elle s’adresse toujours à la majorité laissant de côté la minorité. En parallèle de cette affirmation, l’auteur nous donne comme exemple de démocratie chinoise comme le recrutement des fonctionnaires. Le système de concours impériaux basé sur l’idée de Confucius même représentait une forme de démocratie. Les meilleurs éléments provenant du peuple avec leur formation d’érudit et de valeurs morales faisaient qu’ils représentaient les mérites du peuple. L’auteur développe des arguments que la société chinoise était relativement égalitaire (à l’intérieur des différentes couches sociales) et que même à l’époque des Qing, des assemblées de locales et provinciales eurent lieu afin de prendre certaines décisions. Après les années Mao, le PCC a permis aux Chinois de s’enrichir et d’augmenter considérablement  leur niveau de vie. La recherche du PCC de l’harmonie sociale entre le parti et le peuple est, pour l’auteur, une sorte de « néo-confucianisme ». Les autres pays du monde semblent lui donner raison, car leurs critiques sur le respect des droits de l’homme et de l’instauration de la démocratie se sont tues au court des dernières années.
            Il est vrai que le confucianisme reste présent dans la société actuelle de la Chine. Le respect de l’autorité semble respecté et le PCC fait des efforts considérables pour garder la paix sociale intacte. Je doute fort bien qu’une démocratie puisse être bénéfique pour le peuple. Les inégalités présentes en Chine sont trop énormes et les différents intérêts trop nombreux pour arriver à un consensus démocratique. J’ai bien aimé ce que l’auteur a écrit comme quoi une démocratie ne peut être efficace que si elle est élaborée de l’intérieur. Comme la Chine n’a aucune expérience dans le domaine, on peut se poser des questions sur les succès de l’application d’une démocratie comme la notre. Le confucianisme ne s’oppose pas à la démocratie et aux libertés individuelles, il prend simplement un chemin différent pour y arriver.

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