lundi 22 octobre 2012

École du parti et formation des élites dirigeantes en Chine


Texte rédigé par Félicia Legault 

Émilie Tran, « École du parti et formation des élites dirigeantes en Chine » , Cahiers internationaux de sociologie, 2007/1 n° 122, p. 123-144. 

Emilie Tran est doyenne à l’Université de Saint-Joseph à Macao.  Elle est également professeure et coordinatrice des programmes de maîrises, ainsi que coordinatrice au centre de recherche de l’Université.  Tel que le démontre ses publications, ses principaux champs d’intérêt concernent les problèmes politiques gérés par le Parti Communiste Chinois depuis sa fondation, et l’impact plus global des décisions politiques sur la société chinoise.  Le texte analysé s’inscrit dans cette thématique en abordant le fonctionnement de la transmission et de l’exercice du pouvoir contrôlé par le Parti Communiste Chinois sur les élites dirigeantes via les Écoles du Parti.  En analysant le fonctionnement de l’École des cadres du Parti de Shanghai, il est possible de cerner qui est l’élite dirigeante de demain, et comment cette élite est régularisée par le pouvoir malgré les tentatives de modernisation.  Le tout permet de comprendre la nature actuelle et future du régime politique chinois.

Cet article a été écrit suite à une enquête de terrain inédite jusqu’alors.  En effet, l’auteure a bénéficié d’un laissez-passer a titre de chercheur, chose jamais vue jusqu’alors, à l’École du Parti de Shanghai de septembre à décembre 2001.  L’auteure utilise donc la méthode de l’observation participante.  Le choix de l’École du Parti de Shanghai est tout à fait pertinent, car cette École du Parti apparaît dès 1982 comme le modèle à suivre.  L’auteure pense qu’en étudiant le fonctionnement relatif à la formation des élites, il est possible d’entrevoir la direction politique, économique et sociale qu’empruntera le pouvoir politique chinois.  Elle base alors cette affirmation en analysant l’histoire des Écoles du Parti depuis 1949, en démontrant que les Écoles de Parti ont toujours été le reflet des politiques mises de l’avant par le Parti Communisme Chinois, et donc son organe principal de contrôle et de continuité jusqu’à aujourd’hui.



De 1949 jusqu’à la révolution culturelle, les Écoles du Parti forment les cadres dirigeants, mais les troubles sociaux et politiques occasionnés au début des années 1960 force l’École du Parti à Shanghai à fermer ses portes.  Lors de sa réouverture en 1978, l’École vise alors une formation plus moderne de ses cadres dirigeants.  Cette modernisation se caractérise par de nouveaux bâtiments d’une architecture plus moderne, ainsi que l’utilisation de technologies d’avant-garde, dont l’accès à internet.   De plus, le contenu de ses cours et la pédagogie subissent également une certaine évolution.  Finalement, le recrutement des stagiaires et des professeurs vise désormais l’excellence professionnelle où les jeunes sont plus favorisés.  Même si ces réformes peuvent sembler plus libérales au plan économique, faisant davantage la promotion d’un relâchement du contrôle politique ainsi qu’un ajustement conséquent de la gestion administrative, l’École du Parti reste toujours au centre du Parti-d’État en transmettant le concept de base suivant : un bon cadre doit suivre en permanence la ligne du Parti, assurant alors sa domination.  Ces réformes suivent donc toujours le but de légitimation le PCC. 

Cet article s’intègre bien dans le cadre de notre cours, car il nous permet d’entrevoir les moyens actuels et futurs qu’utilisent le PCC pour maintenir sa main mise, autant sur tous les aspects de la société que sur sa légitimité en assurant sa domination sur les futurs cadres dirigeants.  L’article nous aide donc à comprendre toutes les subtilités du mécanisme en place et de l’idéologie du Parti-d’État chinois lorsqu’il se donne des airs de modernisme et de relâchements politiques, tout en assurant son système de domination sur les fonctionnaires et, par extension, la société chinoise.  L’article donne donc un bon outil d’étude afin d’évaluer dans toute sa mesure la réussite du PCC, lequel ne manque jamais de rappeler son omniprésence à toutes les étapes du développement de la Chine post-coloniale.
            

   Beijing, Oct. 2012.

         

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