lundi 22 octobre 2012

Universal and Local Aspects of Confucianism


Texte de Jonathan Gaudreau

Chen Lai, "On the universal and local aspects of Confucianism," Frontiers of Philosophy in China, Vol. 1, No. 1 (Jan., 2006), pp. 79-91 

Chen Lai est un professeur de philosophie à l'université Tsinghua. Il détient un baccalauréat en géologie, une maîtrise en philosophie et un doctorat en philosophie. Il préside l'association chinoise de philosophie et d'histoire, l'institut de recherche Zhu Xi, l'institut de recherche Feng You Lan, en plus d're professeur aux Universités de sciences et technologies de Hong Kong et de Wuhan. Le professeur Chen Lai se spécialise en histoire de la philosophie chinoise, plus particulièrement sur le confucianisme, le néo-confucianisme des dynasties Song et Ming  et sur le confucianisme moderne.

L'auteur cherche établir si le confucianisme et sa propagation en Chine est localisée ou si  celle-ci résulte davantage d'un universalisme. Chen Lai veut comparer les diverses localités et écoles de pensées pour constater plus tard qu'elles ont toutes eu la nécessite de recourir au confucianisme, ne serait-ce que pour régler les conflits internes dans les structures locales. Les données de l'auteur reposent essentiellement sur des monographies sur le sujet du confucianisme. Ses sources sont citées en bibliographie, comprenant un des livres de l'auteur lui-même (The Huijiang activities of the Wang Yangming School in Jiajing period of the Ming Dynasty in China). L'anthropologue Clifford Geertz est aussi cité à plusieurs reprises (The volume of elucidatory Anthropology discourse)



L’auteur en arrive à la conclusion que le confucianisme est effectivement universel. Sa transmission fut effectuée partout grâce à l’intelligentsia qui voyageait et faisait la promotion du confucianisme auprès de tous les souverains. Évidemment, le confucianisme s’est développé différemment selon les régions et ce, non pas par contexte politico-économique différent, mais résultant de différences culturelles. Cette omniprésence de la pensée confucéenne s’explique aussi par le fait que dès dynasties Han à Tang, l’éducation classique (ou confucéenne) dominait. Bien que Confucius provienne de Qufu, dans la province du Shandong (anciennement le pays de Lu), le développement du confucianisme s’est effectué dans le pays de Qi et dans le pays de Lu au même moment (par les voyages de Confucius et par ses discussions avec ses disciples). L’auteur, à la page 84, conteste l’argument des historiens américains et européens qui affirment que « Gradually, from the Northern Song to the Southern Song Dynasty, the intelligentsia turned their interest to local affairs, especially local benefits of their inhabiting cantons or counties ». Selon l’auteur, il faut critiquer ce genre de réflexion, puisque la « localité » et le « monde » ne sont pas deux opposés. Pendant les dynasties Tang et Song, les intellectuels voyageaient partout à travers la Chine, transportant la culture et le savoir avec eux. Puis, lorsqu’ils atteignaient le degré le plus élevé des examens impérial (jinshi 进士), ils deviennent administrateurs et enseignants et continuent à étendre la pensée de Confucius. Une expression résume assez efficacement cette différence entre universalité et localité : « The principle is one, but its concrete exhibitions  are various »  (Li Yi Fen Shu 理一分殊).

En conclusion, il est clair que ce texte théorique pose un regard nouveau sur le confucianisme. Alors que plusieurs historiens considèrent que le confucianisme est typique d’une région localisée (i.e. Shandong), Lai Chen démontre avec des faits que la philosophie confucéenne est universelle et c’est ce qui a facilité son expansion. Ce texte est très pertinent dans le cadre d’une analyse de regain du confucianisme en Chine moderne, puisqu’il utilise les traditionnelles oppositions entre « relativisme » et « universalisme ». Si le gouvernement chinois considère le confucianisme comme une philosophie universelle, cela signifie la possibilité de contrôler tant les populations que les administrateurs en utilisant le confucianisme.



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