lundi 3 décembre 2012

The Power of the Internet in China

The Power of the Internet in China: Looking Beyond People’s Power

Texte de Grégoire Chevillat

Morozov, Evgeny, « The Power of the Internet in China : Looking Beyond People’s Power », Asia Policy, n°10, 2010, pp. 171-175.

    Evgeny Morozov est un chercheur biélorusse, il est spécialiste de l’impact social et politique des nouvelles technologies. Il contribue régulièrement au magazine américain Foreign Policy pour lequel il tient un blog intitulé Net effect. Son ouvrage phare, The Net Delusion : the Dark Side of Internet Freedom, est paru en 2011 et s’inscrit dans la lignée du présent article.

L’auteur commence à présenter la thèse d’un autre chercheur, Guobin Yang, pour ensuite mieux montrer en quoi cette thèse est erronée selon lui et nous apporter sa vision du rôle d’Internet en Chine. Guobin Yang est professeur à l’Université de Pennsylvanie et la thèse dont il est question dans l’article de Evgeny Morozov est issue de son dernier ouvrage : The Power of the Internet in China : Citizen Activism Online.

Pour Yang le plus grand avantage d’Internet en Chine est le fait qu’il crée un semblant de monde démocratique virtuel et qu’à terme, ce monde virtuel deviendra réalité et s’imposera de fait en Chine. En effet, grâce à l’activisme contestataire qu’il génère, Internet pousserait petit à petit la Chine vers la démocratie.



Pour Morozov, l’activisme sur Internet ne sert pas la démocratie mais au contraire, il permet de renforcer le régime actuel. L’auteur fait même l’hypothèse que le gouvernement chinois laisse délibérément fleurir certains groupes d’activistes car au bout du compte, c’est à lui que cela profite. Morozov explique cela par le fait que bien souvent, les activistes emploient des méthodes violentes ou défendent des causes polémiques – comme l’activisme des hackers ou les revendications nationalistes par exemple – ce qui entraîne un rejet de la part de la population et donc un renforcement indirect du régime en place. Ainsi, les activistes sont bien souvent les défenseurs de causes régionales, des porte-paroles de minorités dont les revendications sont condamnées et considérées quérulentes par l’opinion publique chinoise. Les activistes contestant directement le régime sur le sujet des droits de l’homme par exemple ou de la démocratie sont eux victimes de la censure gouvernementale et ne profitent donc d’aucun écho. Nous voyons donc clairement que le gouvernement fait le tri dans les activistes, ceux qu’il laisse s’exprimer car leurs contestations profitent indirectement au régime et les autres qui sont bâillonnés car le remettant directement en cause.

Par ailleurs, et contrairement à Guobin Yang, Morozov indique que l’activisme sur Internet en Chine ne concerne qu’un faible pourcentage de la population et qu’un grande partie ne voit seulement en Internet qu’un moyen de distraction et pas un outil de contestation. De plus, l’auteur note que la toile en Chine est devenue le lieu de toutes les délations, ce qu’il appelle les « human flesh search engines », et que cela prouve encore une fois qu’Internet n’est pas un moyen d’apporter la démocratie mais plutôt un générateur de tensions sociales.

Cet article – bien que très pessimiste sur le rôle d’Internet en Chine – est intéressant pour notre cours car il s’inscrit à contre-courant des discours habituels sur le rôle d’Internet en Chine. Il permet de voir en quoi le Parti a, peut-être, réussi à faire de la menace potentielle que pouvait représenter l’arrivée d’Internet en Chine, un instrument de pouvoir.

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