lundi 3 décembre 2012

« The Internet and the Framentation of Chinese Society. »


Jens Damm (2007).  « The Internet and the Framentation of Chinese Society. » Critical Asian Studies, 39:2, 273-294.

Texte de Samantha Gauvin

Jens Damm travaille sur plusieurs projets concernant plus particulièrement sur la technologie moderne et internet en Chine. Il a également travaillé sur la diaspora chinoise et taïwanaise ainsi que sur l’étude des genres. Il a fait sa maîtrise en sinologie et économie à l’Université de Trier en Allemagne et son doctorat en sinologie et études chinoises à l’Université de Berlin. Il est actuellement assistant professeur au «Graduate Institute of Taiwan Studies».

L’auteur de l’article étudié cherche à montrer dans quelle mesure les recherches réalisées depuis quelques années sur internet en Chine sont inadéquates: dans la majorité des recherches, internet conduit nécessairement à des développements politiques et sociaux. Ces développements seraient responsables d’une ligne directrice dépendante des innovations technologiques. Selon l’auteur, cette visée serait inappropriée pour deux raisons. Tout d’abord, elle donne aux internautes chinois un rôle différent de ceux en Occident. Ensuite, elle ignore la montée d’un mode de vie urbain et l’accentuation de la consommation depuis quelques décennies dans la nouvelle société chinoise. Ces déterminants auraient directement mené à une plus grande fragmentation et une accentuation sur l’identité politique. L’auteur utilise alors diverses recherches menées en Chine et en Occident et s’appui sur des évidences tirées du «Chine Bulletin Board Systems» (BBSs) à des fins d’argumentation.


La première partie de l’article examine en quoi les recherches menées par les Chinois et les Occidentaux s’opposent et de quelle manière elles sont trompeuses, puisqu’elles oublient l’impact de l’arrivée de la modernité vers les années 1990. L’auteur explique que la montée d’internet a fait augmenter les spéculations sociales et politiques par rapport à la société chinoise. L’Occident met l’accent sur l’impact démocratisant d’internet et le modèle américain à suivre pour la Chine. Les recherches reflètent donc particulièrement la question de la liberté versus le contrôle étatique d’internet, puisque dans les années 1980, les Occidentaux voyaient internet comme un outil qui allait au-delà des frontières géographiques. Néanmoins, cette vision a toutefois déclinée au courant des dernières années et est plutôt dirigée vers l’influence des gouvernements et corporations multinationales sur internet. Le contrôle exercé par la Chine est alors attribué à la répression ou encore à la censure. Dans tous les cas, les observateurs occidentaux négligent l’apport des compagnies chinoises et des innovations qui remodèlent internet: ils réduisent tout à une relation antagoniste entre deux l’État et les internautes chinois, alors qu’en réalité les implications d’internet touchent plusieurs sphères de la société.

D’un autre côté, les recherches menées en Chine insistent sur l’aspect technologique et mettent l’emphase sur le potentiel économique et modernisant d’internet. L’accent est mis sur le développement des infrastructures et des nouvelles technologies en Chine. Dans cette perspective, internet est établi comme étant un moyen d’incorporer aux régions peu développées une certaine modernité. L’opposition entre Chinois et Occidentaux est particulièrement visible dans l’exemple de la fermeture de cybercafés en 2002 : la Chine se justifie par une protection de la population via des sites dangereux et l’Occident voit cela comme étant uniquement un prétexte.

Dans tous ces discours, on remarque l’absence d’attention portée sur les internautes et l’utilisation qu’ils font d’internet. Il y aurait trois raisons qui expliquerait ce manque dans les recherches menées par les Occidentaux: l’influence des dissidents chinois, le problème de gestion lié à la trop grande panoplie de documents disponibles et finalement la réticence des fournisseurs d’internet en Chine à donner des renseignements quelconque.

L’article permet ainsi de comprendre une toute autre réalité, peu observable dans les recherches actuelles et précédentes. Selon l’auteur, les internautes apprécieraient en réalité les efforts du régime pour faire d’internet un pilier de l’économie et la société moderne. L’auteur explique que l’instabilité politique n’est pas recherchée par les internautes et les réformes politiques effectuées en Chine leur sont profitables. On ne veut pas l’obtention de la démocratisation de la Chine ou encore un système multipartiste, mais seulement l’acquisition de la confiance gouvernementale. L’auteur insiste par exemple sur des évidences détaillées dans le BBS, c’est-à-dire les forums, pour démontrer en quoi les utilisateurs d’internet en Chine considèrent l’aspect social et commercial d’internet beaucoup plus important que son utilisation politique. Les Chinois sont concernés par les politiques d’identité, comme la régionalisation, l’âge, le genre, la religion et autres. Cette fragmentation de l’internet représente la société chinoise contemporaine et est visible entre les régions développées et celle non développées, les milieux urbains et ruraux ou encore dans la société postmoderne en soi.  Elle démontre les nouvelles avenues qu’emprunte internet dont notamment la libération sexuelle. La dépolitisation d’internet Internet aurait permis à la classe moyenne qui représente le groupe d’internautes le plus important de faire d’internet un terrain propice aux loisirs, au commerce et à la sociabilité. Bref, internet a permis la formation d’une nouvelle culture citoyenne, sans être pour autant une plate-forme pour l’activisme politique.

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