mercredi 5 décembre 2012

Han Supremacism on the Chinese Internet


Jonathan Gaudreau

James Leibold – More than a Category: Han Supremacism on the Chinese Internet
 The China Quarterly, 203, septembre 2010, pp.539-559.

James Leibold est un historien politique spécialisé sur la Chine moderne avec comme principal champ de recherche l’ethnicité, l’identité raciale et nationale en Chine moderne et les connexions entre la mémoire collective et l’identité ethnique dans la Chine contemporaine. Il détient un baccalauréat en Études est-asiatiques de l’Université Wittenberg, une maîtrise en Études est asiatiques de l’Université Washington, puis un PhD en histoire chinoise de l’Université de Californie du Sud. Il travaille maintenant sur l’analyse critique de l’identité « Han » en Chine, le cybernationalisme Han et il s’intéresse à savoir comment l’internet, en Chine, façonne l’identité politique.
Dans ce texte, Leibold tente de contextualiser et examiner la forme que prend le nationalisme chinois sur internet. Il démontre comment un groupe de jeunes chinois « urbains » se réapproprie les vieux clichés Han pour remettre en question les politiques multiculturelles du PCC, tout en mettant la « race Han » sur un piédestal, attaquant toutes les autres minorités chinoises. Son étude prend un exemple majeur : le cas de Yan Chongnian, historien de 74 ans. Celui-ci, lors d’une dédicace de livre, s’est fait gifler au visage à deux reprises par un homme (Huang Haiqing) qui, alors que la sécurité l’emmenait, criait « Han traitor, Han traitor! ».

L’auteur, qui base son argumentation sur des articles scientifiques et sur ses propres publications (livres, articles), explique que Huang Haiqing fut condamné à 15 jours d’emprisonnement et 1000 yuan d’amende. Suite à sa libération, il empressa de justifier ses actes sur le site Han Wang (hanminzu.com) où le nom « Great Wind of Han ». Il avança que Yan Chongnian, dans ses écrits, louangeait le régime des Manchous et Huang le compara aux négationnistes de l’holocauste. Étonnamment, bien que quelques personnes critiquaient les actes de Huang Haiqing, la plupart des internautes se rangeaient derrière lui, au point de traiter Yan Chongnian de « Shameless old dog » ou de « slavish han traitor. Pire encore, on s’est mis à inciter à la violence à son égard : « It should come as no surprise that a Han traitor who has forgotten his origins should be beaten », « If it was up to me, I would spill his excrement ». En quelques jours, le sujet de Huang Haiqing a dépassé le scandale du lait contaminé et des milliers de dollars ont été accumulés pour appuyer Huang. Un autre sujet est couvert par l’auteur : le Hanfu (vêtements Han). Un mouvement de retour aux vêtements traditionnels Han se met en marche. Les nationalistes « radicaux » considèrent les vêtements traditionnels chinois tels que vu à la télévision et dans les films (cheveux tressés derrière la tête pour les hommes, Qipao pour les femmes, veste à poche pour les hommes), importés par les Manchous lors de la dynastie Qing, ne représentent pas du tout la culture Han traditionnelle. Ceux-ci militent pour la réinstauration de la robe en soie qui était traditionnellement portée. Ce nationalisme de Hanfu vise même à s’étendre vers la réinstauration du pouvoir Han (ce qui est déjà le cas), car ceux-ci considèrent que les Hans ont perdu leur pouvoir traditionnel. Selon le blogueur Zhao Fengnian, le mouvement « ne recherche pas une revanche contre les autres minorités, mais la restauration de l’ordre naturel, en ramenant la sagesse et la culture des descendants de l’empereur jaune et en détruisant la culture violente et oppressante des nomades » (Leibold, P. 548) L’auteur termine en démontrant que désormais, les ennemis étrangers (occidentaux par exemple) ont été remplacé par des ennemis internes (Ouïgours, Tibétains) stimulant la colère des jeunes internautes.
Ce texte est très intéressant puisqu’il traite du nationalisme et de l’internet. À l’heure où les Chinois accèdent à une pléthorique d’idées différentes, le nationalisme ethnique séduit bien des gens et mène même à l’émergence d’un mouvement fasciste d’extrême droite. Cependant, il n’est pas très utile dans le cadre de notre cours, puisque la grande partie du texte traite avant tout du nationalisme et une infime partie parle des blogueurs et de l’internet.

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