lundi 3 décembre 2012

Internet, nouveau territoire de lutte pour les opposants politiques en exil

Billet rédigé par Gabrielle Maisonneuve

Égré, Pascale, Internet,  nouveau territoire de lutte pour les opposants politiques en exil, Migrants.com, N°1240,  septembre-octobre 2002

      Pascale Égré est reporter pour le journal Le Parisien et se spécialise dans les questions sur la société et les migrations. Cet article fut sélectionné dans le cadre du dossier Lettres d’exil regroupant plusieurs autres témoignages d’exilés politiques. Celui-ci n’est qu’un aperçu des vécus des militants dans les pays où le peuple est réprimé. Nous faire partager leurs opinions et leurs expériences nous permet d’humaniser ce débat chaque jour plus enflammé. 

    L’Internet s’avéra être un outil inestimable de coordination et de diffusion de l’informationdans la  lutte contre les abus du pouvoir de l’élite dirigeante, mais s’agit-il en fait d’un cadeau empoisonné pour les militants? Cet article tiré du journal Le Parisien consiste en les témoignages de trois exilés politiques de nationalités et d’opinions différentes sur l’utilisation de l’Internet dans la lutte contre les violations des droits de l’homme commis par leur pays respectif. Une Tunisienne, un Mauritanien et un Chinois partagent leur passé et leur opinion sur la contribution de cette arme à double tranchant dans leur combat pour la justice. 

        ImenDerouiche, victime de torture et de viol par son gouvernement, se sert maintenant d’Internet pour avoir accès à une quantité beaucoup plus large d’information beaucoup plus rapidement. C’est sa génération qui fournit aux vieux militants les données qu’ils ont besoin pour rédiger des prospectus et être au courant de la situation à l’extérieur du pays. Internet lui procure également durant son exile une source de soutien de la part du monde entier sous la forme de emails et de messages d’encouragements.

     Addet Nasser OuldYessa est un antiesclavagiste et fondateur de Conscience et résistance, un mouvement d’opposition né d’une simple adresse électronique et qui est maintenant craint par le gouvernement mauritanien. Il a trouvé dans le web une fenêtre vers d’autre gens dans la même situation que lui et vers des alliés dans sa lutte pour les droits de l’homme. Internet lui permet à lui et à des millions de militants de porter sa voix et de ‹‹devenir lui-même une source d’information››. Il croit cependant que cet outil ne sera jamais un substitut pour la lutte qu’il mène tous les jours, qu’un combat se gagne dans les rues et non sur le web. 

        Le dernier interviewé est Chongguo Cai, dissident chinois menant une lutte politique et syndicale et dirigeant d’un important mouvement syndical indépendant, le China labour. Internet lui permet d’être au courant de la situation dans son pays natal durant son exil et d’avoir accès à des opinions qui seraient tabous en Chine. Il reconnait cependant les limites du phénomène électronique : une fraction seulement du pays fait partie des rangs des internautes (50 millions sur 1,3 milliards d’habitants) et qu’il encourage la paresse chez les militants. Il est beaucoup plus facile et sécuritaire d’écrire un blog contestataire que d’aller manifester dans les rues.

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