lundi 26 novembre 2012

Pourquoi Internet ne démocratisera pas la Chine



Pourquoi Internet ne démocratisera pas la Chine.

Par David Bilodeau Gonthier

Hughes, Christopher R. « Pourquoi Internet ne démocratisera pas la Chine », Critique internationale, 2002/2, no. 15, p. 85-104.

Christopher Hughes est directeur au Centre de recherche sur l’Asie de la London School of Economics. Ses recherches portent notamment sur les politiques intérieures de la Chine, ainsi que sur ses relations internationales. Il s’intéresse aussi à l’impact que le nationalisme chinois peut avoir sur ces deux domaines.
Dans son article paru dans la revue française Critique internationale, M. Hughes s’interroge sur la possibilité d’un État à contrôler Internet sur son territoire, et sur l’impact que la mondialisation des nouvelles technologies de l’information et des communications (NTIC) peut avoir dans un probable processus de démocratisation des régimes autoritaires, dont la Chine.
D’après l’auteur, l’ère de l’information dans laquelle nous vivons ne permettra pas à ces États autoritaires de se démocratiser sous le poids d’idées étrangères libérales véhiculées par les NTIC. Selon lui, la mondialisation des technologies de l’information apporte bel et bien un changement dans les politiques de la Chine, mais beaucoup plus vers une manipulation de « l’architecture » des technologies et de la collecte des données informatiques par le gouvernement à des fins de sécurité, que dans celui d’un désir de transformation démocratique.

Dans un premier temps, l’adhésion de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) n’a pas mis un frein aux réglementations du pays concernant l’Internet, car le champ d’action de l’OMC est limité. En invoquant des raisons comme la protection de l’unité nationale ou la stabilité sociale, la Chine est capable d’imposer les règles qu’elle veut concernant son cyberespace, et est donc en mesure de conserver le contrôle de ce dernier.
Ensuite, l’adhésion à cette organisation a aussi permis aux firmes étrangères d’investir le marché chinois des télécommunications. Toutefois, cette ouverture à la concurrence n’est pas le signe d’une démocratisation du pays grâce aux technologies informatiques. Au contraire, les investisseurs étrangers participent plutôt à la poursuite du contrôle chinois sur son Internet. Séduites par des contrats lucratifs, les entreprises étrangères contribuent à la construction d’un système de surveillance massif, en acceptant de conserver pendant 6 mois les informations utilisées par leurs clients par exemple, ce qui permet de former un réseau de surveillance global du web. La mondialisation des NTIC ne permet donc pas nécessairement une transmission des valeurs démocratique aux régimes autoritaires.
De plus, « le souci de sécurité, partagé par les États occidentaux, fournit une motivation beaucoup plus forte, pour développer des institutions destinées à réguler les NTIC à l’échelle planétaire, que les craintes sur les violations des droits de l’homme ». En d’autres mots, les États feront passer la sécurité nationale en premier avant de vouloir s’attaquer aux cas de violations des droits des hommes dans le monde. Le cyberespace étant devenu un nouveau champ de bataille pour la guerre moderne, les démocraties occidentales vont donc préférer fermer les yeux sur les mesures sévères adoptées par la Chine qui peuvent brimer les libertés des citoyens, pourvu que celles-ci permettent de maintenir l’ordre international.
Pour ma part, je crois que ce texte vient effectivement s’insérer dans un des points que nous avons aperçus en classe : celui que le confucianisme représente le passé de la Chine, et l’Internet son futur. Il vient surtout faire contraste à l’idée qu’Internet est un vecteur de la démocratie, et que par conséquent la Chine n’aura pas d’autre choix que de s’y conformer avec le temps. Enfin, on y voit aussi à quel point le commerce international joue un rôle important sur la politique chinoise.

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