Pourquoi Internet ne démocratisera pas la Chine.
Par David Bilodeau Gonthier
Hughes, Christopher R. « Pourquoi Internet ne
démocratisera pas la Chine », Critique
internationale, 2002/2, no. 15, p. 85-104.
Christopher Hughes est directeur au Centre de recherche
sur l’Asie de la London School of Economics. Ses recherches portent notamment
sur les politiques intérieures de la Chine, ainsi que sur ses relations
internationales. Il s’intéresse aussi à l’impact que le nationalisme chinois
peut avoir sur ces deux domaines.
Dans son article paru dans la revue française Critique internationale, M. Hughes s’interroge sur la
possibilité d’un État à contrôler Internet sur son territoire, et sur l’impact
que la mondialisation des nouvelles technologies de l’information et des
communications (NTIC) peut avoir dans un probable processus de démocratisation
des régimes autoritaires, dont la Chine.
D’après l’auteur, l’ère de l’information dans laquelle nous vivons
ne permettra pas à ces États autoritaires de se démocratiser sous le poids d’idées
étrangères libérales véhiculées par les NTIC. Selon lui, la mondialisation des
technologies de l’information apporte bel et bien un changement dans les
politiques de la Chine, mais beaucoup plus vers une manipulation de
« l’architecture » des technologies et de la collecte des données
informatiques par le gouvernement à des fins de sécurité, que dans celui d’un
désir de transformation démocratique.
Dans un premier temps, l’adhésion de la Chine à
l’Organisation mondiale du commerce (OMC) n’a pas mis un frein aux
réglementations du pays concernant l’Internet, car le champ d’action de l’OMC est
limité. En invoquant des raisons comme la protection de l’unité nationale ou la
stabilité sociale, la Chine est capable d’imposer les règles qu’elle veut
concernant son cyberespace, et est donc en mesure de conserver le contrôle de
ce dernier.
Ensuite, l’adhésion à cette organisation a aussi permis aux firmes
étrangères d’investir le marché chinois des télécommunications. Toutefois,
cette ouverture à la concurrence n’est pas le signe d’une démocratisation du
pays grâce aux technologies informatiques. Au contraire, les investisseurs
étrangers participent plutôt à la poursuite du contrôle chinois sur son
Internet. Séduites par des contrats lucratifs, les entreprises étrangères
contribuent à la construction d’un système de surveillance massif, en acceptant
de conserver pendant 6 mois les informations utilisées par leurs clients par
exemple, ce qui permet de former un réseau de surveillance global du web. La
mondialisation des NTIC ne permet donc pas nécessairement une transmission des
valeurs démocratique aux régimes autoritaires.
De plus, « le souci de sécurité, partagé par les États
occidentaux, fournit une motivation beaucoup plus forte, pour développer des
institutions destinées à réguler les NTIC à l’échelle planétaire, que les
craintes sur les violations des droits de l’homme ». En d’autres mots, les
États feront passer la sécurité nationale en premier avant de vouloir
s’attaquer aux cas de violations des droits des hommes dans le monde. Le
cyberespace étant devenu un nouveau champ de bataille pour la guerre moderne, les
démocraties occidentales vont donc préférer fermer les yeux sur les mesures
sévères adoptées par la Chine qui peuvent brimer les libertés des citoyens, pourvu
que celles-ci permettent de maintenir l’ordre international.
Pour ma part, je crois que ce texte vient effectivement
s’insérer dans un des points que nous avons aperçus en classe : celui que
le confucianisme représente le passé de la Chine, et l’Internet son futur. Il
vient surtout faire contraste à l’idée qu’Internet est un vecteur de la
démocratie, et que par conséquent la Chine n’aura pas d’autre choix que de s’y
conformer avec le temps. Enfin, on y voit aussi à quel point le commerce international
joue un rôle important sur la politique chinoise.
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