mardi 27 novembre 2012

« Blogging Everyday Life in Chinese Internet Culture »

Texte de Samantha Gauvin

Haiqing Yu, « Blogging Everyday Life in Chinese Internet Culture ».  Asian Studies Review December 2007, Vol. 3 I, pp. 423-433. 

Haiqing Yu est maître conférencier de la culture et les médias dans la Chine contemporaine à l’université de New South Wales en Australie. Elle est associée au JMRC et est l’une des chefs investigateurs du Australian Research Council Discovery project qui dirige le projet suivant : Internet Histories in Australia and Asia Pacific. Elle supervise des étudiants à la recherche tout en poursuivant ses propres recherches sur les structures sociales, politiques et culturelles des nouveaux médias en Chine. Elle a fait sa maîtrise en langue et littérature anglaise à Nanjing et détient un doctorat en culture et communication de l’université de Melbourne. Elle enseigne également dans les programmes d’études asiatiques et chinoises à UNSW.

L’article de Hinqing est en continuité avec ses travaux précédents, puisqu’il traite des dimensions populaire et quotidienne des nouveaux médias en Chine, mais traite plus particulièrement d’un phénomène relativement nouveau dans la culture Internet chinoise : les blogues. La croissance de blogues depuis 2002 amène différentes questions au niveau de la pratique des utilisateurs dans le contexte d’une culture chinoise contemporaine, mais également au niveau de la politique. L’auteur cherche à montrer l’émergence d’une nouvelle voie vers l’exercice de la citoyenneté chez les Chinois en tant qu’individu, non pas à travers la résistance, mais à travers un processus d’interaction sociale et d’une circulation de leurs propres histoires via les médias tel que les blogues. Les pratiques des masses consommatrices qui semblent à première vue apolitiques, sont en réalité révélatrices d’une certaine politique : leur immense influence est visible dans l’opinion publique chinoise au niveau de la politique, la culture et la société.


En effet, on voit au milieu des années 1990 une explosion de l’usage relié à Internet en Chine, mais c’est l’année 2005 qui révèle de l’importance des blogues alors que plusieurs évènements sont organisés qui participent à la création d’une «culture-internet». Par exemple, deux grands producteurs de service Internet vont promouvoir des compétitions pour stimuler les blogues chez les internautes. L’auteure s’attarde par contre à des vidéos amateurs en ligne «A Hard Day’s Night» et «A Bloody Case Caused by a Steamed Bun» (ce dernier donnera lieu à une parodie, «The Promise»). Haiqing Yu se base donc en particulier sur ces deux cas, qui sont à l’image de l’importance du phénomène des blogues en Chine. Elle utilise également certains sites Internet, articles et monographies portant sur les médias pour réaliser sa recherche.

À la fin de l’année 2005, bloguer est devenu une pratique largement répandue dans les milieux urbains chinois. L’auteur montre que son impact sur la vie quotidienne des Chinois est importante et traduit les tendances culturelles de la Chine actuelle. La communication a pris des formes surdimensionnées et versatiles permettant aux Chinois d’appartenir à leur nouvelle réalité moderne : elle est devenue mondiale et accessible notamment par les blogues. Haiqing Yu tente donc de montrer en quoi les bloggeurs deviennent des participants même d’une nouvelle culture en circulation. Dans les exemples donnés des films, on voit comment bloguer est devenu une force rebelle dans la nouvelle culture médiatique. Bloguer semble donc devenir une voie postmoderne empruntée par la consommation médiatique et une force rebelle contre la culture dominante. Toutefois, cette résistance populaire n’est pas un phénomène unique en Chine et il faut comprendre que dans les deux films, les auteurs n’ont pas nécessairement essayé de confronter l’État. Le succès qu’ils ont rencontré a montré qu’à travers l’action collective du divertissement, la résistance peut être véhiculée. Il ne fait aucun doute qu’aujourd’hui cette résistance a migrée à travers le monde en ligne et ce sans l’approbation étatique. Les blogues continuent donc d’accroitre sans qu’il y ait une répression venant de la part de l’État et malgré les commentaires occidentaux concernant leur possible volonté politique.

Finalement, l’article est important dans la cadre du cours, puisqu’il montre en quoi bloguer représenterait alors au XXIe siècle «the graying of Chinese Internet culture» : les bloggeurs ont créé une culture-propre, pour eux-même et leur nation, chinoise et non chinoise. Bref, les sentiments «gris» qui caractérisent la culture populaire de la période post-Mao auraient migré depuis les grandes villes chinoises jusqu’à une communauté mondiale en ligne à travers les SMS, les mises en ligne et les blogues et entrainé une certain démocratisation de la Chine.

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