lundi 26 novembre 2012

Les discussions en ligne en Chine

Séverine Arsène : «Les discussions en ligne en Chine : Développement collaboratif de normes spécifiques pour l'expression individuelle. »   Perspectives chinoises.  2008/2 (2008)

Par Adrien Lacroix

    Séverine Arsène est docteur en science politique de l'Institut d'études politiques de Paris, et est actuellement postdoctorante à l'université Georgetown, Washington DC. Ses recherches portent principalement sur la gouvernance internet, notamment en Chine. Elle commence par expliquer que les échanges sur internet jouent un rôle important dans les décisions politiques de nos jours, et les autorités ne peuvent faire autrement que prendre en compte l’opinion du peuple. Ainsi, elle dit que la délibération populaire est devenue très importante en Chine et est étudiée comme technique moderne de gouvernement car elle permet un soutient populaire plus large dans la prise de décision.
    Cependant, la pluralité d’espaces communicatifs tous différents que l’on trouve sur internet sont une barrière pour la délibération. Les internautes devraient accepter la contradiction et avoir la capacité de construire des arguments clairs pour exprimer leur point de vue. Cet idéal-type est assez difficile au niveau de l’internet mais pourrait servir à analyser la participation populaire sur internet.
    Elle démontre dans son article que les internautes moyens chinois n’adhèrent vraiment pas à ce modèle de délibération si celui-ci est définit comme un « échange rationalisé d’arguments contradictoires entre pairs, débouchant sur l’élaboration d’une opinion publique». Les internautes sont pour un internet comme une plateforme légitime d’expression individuelle. Pour ce faire, elle a eu l’occasion d’interviewer de nombreux internautes chinois moyens, essentiellement de la génération post-réforme, celle-ci étant le principal groupe d’utilisateurs selon les statistiques chinoises. Elle s’intéresse donc aux internautes eux-mêmes et leurs motivations et non au simple contenu que l’on trouve en ligne.

    En effet, une grande partie de leur activité n’est pas visible sur internet car certains hésitent à s’impliquer publiquement et se contentent de lire les commentaires des autres. Toutefois les discussions commencent par la décision de s’impliquer. Grâce à ces interviews, elle montre la perception qu’on les internautes chinois, notamment les utilisateurs passifs, sur les conversations en ligne par messagerie instantanée, e-mail, sur les forums et les blogs et tous autres espaces sur lesquels ont lieu la majorité des actions sociales en ligne de la plupart des internautes.  Ils ont notamment été interviewés à propos de leur utilisation de ces services, leur opinion sur les règles de chacun de ces services mais également sur les valeurs qui leur semble important de respecter en ligne.
    Dans toutes ces questions l’auteur utilise le terme de « problèmes sociaux » afin que l’opinion personnelle des participants soit réelle et qu’ils puissent réagir sans contraintes sur des sujets aux dimensions générales et ne pas les perturber par des thèmes considérés comme sensibles, notamment la question du politique. L’objectif de l’auteur étant de se focaliser sur l’étude des opinions concernant les discussions en lignes tout simplement.
    Après la lecture de cette article et des réponses données aux différentes questions posées, on peut en venir à la conclusion que cette nouvelle génération d’internautes est pour une liberté d’expression sur internet et un respect et une tolérance de l’opinion des autres. L’internet est la nouvelle plateforme d’expression populaire, dont les règles sont élaborées progressivement et collectivement, et cette perception de ce que l’on peut et ne peut pas faire nous fournit également des indices sur la vision qu’on les internautes sur ce que l’on peut, ou pas, faire dans la société chinoise. Toutefois, il existe certaines limites, notamment sociales et politiques, atténuant la liberté d’expression des utilisateurs. Les chinois considèrent l’internet comme une place où ils peuvent exprimer leur opinion individuelle et non un espace où arriver, après débat, à une opinion publique, ce qui confirme le fait que le principe de délibération n’est pas présent.
    Malgré la possibilité de s’exprimer publiquement et ’anonymement’ que ressentent les internautes chinois, on peut se demander si celle-ci est réelle et se développera sur le long terme. En effet, les forces gouvernementales et commerciales chinoises cherchent de plus en plus à influencer l’opinion de la population. L’internet a certes un avantage pour diffuser l’information rapidement et favoriser les échanges, mais le fait que le pourcentage d’internautes qui osent exprimer leur vision critique est faible, nous ferait penser que ceux qui sont inactifs pourraient être toujours influençables par la propagande et le contrôle exercé par le Parti Communiste Chinois ce qui n’avancerait en rien le passage à un système plus démocratique qu’autoritaire.

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