mardi 27 novembre 2012

« Internet Development, Censorship, and Cyber Crimes in China »


« Internet Development, Censorship, and Cyber Crimes in China. »
Bin Liang et Hong Lu
Journal of Contemporary Criminal Justice 2010 26: 103 DOI: 10.1177/1043986209350437

Texte de Véronique Forest-Marchand

Bin Liang est professeur au département de sociologie de l’université de Tulsa, en Oklahoma. Il est l’auteur de plusieurs articles portant sur la criminalité et le système légal chinois. Ses recherches portent actuellement sur la globalisation et sur son impact sur le système légal ainsi que sur la criminalité en Chine. Hon Lu est professeure à l’université du Nevada à Las Vegas. Elle a publié de nombreux articles sur la sociologie du droit et sur la criminologie comparée. Dans l’article intitulé  Internet Development, Censorship, and Cyber Crimes in China., les auteurs tracent un portrait global du développement de l’internet en Chine, depuis son implantation en 1994 jusqu’à  2009. Ils y expliquent les moyens employés, depuis 1994, par le gouvernement central chinois pour tenter de contrôler et de censurer internet et pour exercer son influence sur ce média révolutionnaire. Le « rideau de fer » ou le « great firewall» chinois, mis en place par le gouvernement pour contrôler l’utilisation d’internet en Chine, comporte plusieurs aspects. L’outil de contrôle prédominant utilisé par le gouvernement chinois, sur le plan de l’infrastructure d’internet, est la restriction de l’accès à l’information. Seules les compagnies et entreprises approuvées par le gouvernement peuvent établir un réseau de connections internet en Chine. De plus, les fournisseurs privés de service internet doivent être liés à l’un de ces réseaux de connections internet et installer des filtres sur leurs réseaux, pour bloquer  tout contenu internet jugé indésirable par le gouvernement. Enfin, les internautes doivent tous s’inscrire auprès de ces fournisseurs pour avoir du service internet.
Le contrôle du gouvernement chinois sur internet et sur les télécommunications en général vise, depuis le départ, à la fois à protéger les intérêts politiques du Parti communiste chinois et à favoriser le développement économique de la Chine. Ce contrôle est exercé  principalement par le MII (Ministry of Information Idustry) depuis 1998, bien que d’autres ministères, tels le ministère de la culture ou le ministère de la sécurité publique, s’en occupent également. Bin Liang et Hong Lu exposent également, dans leur article, les mesures législatives chinoises qui découlent de ce contrôle, et donnent des exemples de codes de lois ou d’articles adoptés pour légiférer les différents cas de cyber criminalité. Toutefois, ils précisent que cette législation demeure souvent vague et que ce flou juridique pourrait être volontaire de la part du gouvernement, puisque celui-ci maintient les internautes dans la peur et les incitent à s’auto censurer. Les auteurs s’interrogent également sur les rapports entre l’engagement civil et l’utilisation d’internet au sein de la population chinoise branchée. Selon eux, il serait faux de croire, contrairement à ce qu’ont avancés certaines études, que les internautes chinois ne se préoccupent pas, ou très peu, des enjeux politiques sur la toile, étant donné le contrôle et la censure gouvernementale assez sophistiquée et étendue, bien que partielle, d’internet dans leur pays. Leur participation et leur engagement public via internet serait passablement en hausse. Bien que ce type de contestations populaires soit imprévisible, aléatoire et spontanée, ils ont néanmoins apportés dans certains cas, des changements quant à la censure autour d’événements particuliers et ont donc eu des effets politiques, tel que le démontre notamment l’affaire « hiding from the cat » en 2009 (voir article p.112). Bin Liang et Hong Lu  tentent, avec cet article, de pousser plus loin les recherches menées sur la censure gouvernementale chinoise, exercée sur une partie de l’internet, et surtout celles portant sur la cybercriminalité en Chine. Liang et Lu affirment que la plupart des recherches portant sur le développement de l’internet en Chine et sur ses conséquences se concentrent sur l’impact que pourrait avoir internet sur la démocratisation de la Chine et que peu portent sur la cyber criminalité en Chine. Après les fraudes en ligne, la diffusion de pornographie et le jeux de paris en ligne, qui sont les cyber crimes les plus souvent jugés en Chine, le human search flesh est réglementé dans certaines localités. Devenue le pays comptant le plus grand nombre d’internautes au monde depuis 2008, la Chine fait face à de nombreux défis et questionnements en ce qui a trait à l’impact d’internet sur la société, l’économie et la politique chinoises et en ce qui concerne le rôle du gouvernement dans le contrôle de la cyber criminalité. Il en de même quant aux mesures législatives à revisiter, adopter ou abandonner. Internet favorisera-t-il la démocratisation de la Chine? L’outil qu’il est aux mains du gouvernement  est-t-il une arme à double tranchant? Tout ceci reste à voir, concluent les auteurs.

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