mardi 27 novembre 2012

Blogs, Censorship and Civic Discourse in China

Rebecca MacKinnon, “Flatter World and Thicker Walls? Blogs, Censorship and Civic Discourse in China”, Public Choice, Vol 134, No ½, Blogs, Politics and Power (Janvier 2008), pages 31-46.

Texte de Catherine Gauthier

    Diplôme d’Harvard, Rebecca MacKinnon a été journaliste pour CNN et tête dirigeante des branches de Beijing et de Tokyo. En 2004, elle cofonde Global Voices Online, un regroupement de journalistes, bloggers et traducteurs qui font la synthèse de la blogosphère mondiale. Elle fait partie d’organisations pour la liberté de presse et de prévenir la censure de l’Internet et les droits individuels sur la toile. Elle publie aussi en 2012 son premier livre, Consent of the Networked: The Worldwide Struggle For Internet Freedom. De plus, elle est elle meme bloggeuse, elle connait donc très bien le sujet.

    Dans l’article Flatter World and Thicker Walls? Blogs, Censorship and Civic Discourse in China, MacKinnon tente de démontrer que l’Internet et la démocratie ne sont pas qu’un, qu’il s’agit d’un outil et “non [d’]une cause de changement politique” (31) en Chine. Elle retrace l’histoire et l’utilisation des blogs entre 1994, date à laquelle la toile a fait son apparition en Chine, et 2008, date de l’article. Avec des exemples de compagnies de blogs et d’expériences de bloggers, elle en explique aussi la censure et les perceptions des utilisateurs chinois vis-à-vis la celle-ci.


    À leurs débuts, les blogs, bien que populaires, restaient dans l’ombre des forums et des bulletin boards, jusqu’en 2005, où le gouvernement a commencé à resserrer l’étau et réglementer la toile. Les BBS devaient alors exiger à ses utilisateurs de fournir leurs vraies identités, entre autre, ce qui poussa les gens à se tourner vers les blogs pour pouvoir s’exprimer de façon plus libre, un mouvement qui s’est fait de façon plutôt massive. Cette migration à grande échelle est présentée à l’aide de quelques données qui démontrent qu’en Janvier 2005, on comptait près d’un demi million de blogs chinois; 6 mois plus tard, on en compte quelques 5 millions alors que dès la fin de l’année, Baidu estimait à plus de 36 millions de pages, un estimé qui n’enlève pas dans son nombre les blogs inutilisés et ceux considérés comme étant des ‘spam’ (35).

    Les blogs étaient moins surveillés de par leur nombre moindre d’utilisateurs par rapport aux BBS avant la réglementation, mais avec la surveillance accrue de ce dernier, l’univers blog a connu un boost monstre, qui éventuellement attire aussi l’attention du gouvernement. Ce dernier donne une liste de termes tabous aux entreprises qui gèrent les blogs et les laisse gérer à leur convenance la façon d’appliquer la censure et le contrôle de leurs bloggers. La censure vise principalement l’empêchement d’organisations aux idées politiques, de toutes activités qui peuvent nuire au régime ou d’obscénités. Dans cette liste, on retrouve sans trop de surprise les mentions du ‘mouvement de Falun Gong’ ou encore de sujets politiques plus sensibles tels que ‘l’indépendance tibétaine’ et ‘Tiananmen’. La méthode de censure importe peu, tant que le résultat satisfasse le régime et ses dessins. Certains utilisent des méthodes de censure automatique, d’autre un blocage lors de l’enregistrement d’un billet de blog contenant un mot ou une expression visée par la censure. Le gouvernement surveille les blogs, et lorsqu’une mention bannie semble avoir passé sous le radar, la compagnie qui gère le site blog reçoit un appel et doit revoir rapidement ses méthodes et contrôler ses bloggers. Les utilisateurs peuvent voir leur blog fermé lorsqu’ils contreviennent aux règlements, et on parle parfois d’arrestation de contrevenants.

    L’auteur explique que le gouvernement chinois doit en venir là pour s’assurer que l’Internet ne devienne pas un moyen de diffusion d’idées contre le gouvernement tel qu’observé précédemment en Ukraine et au Liban, où les médias et les communications ont servi aux activistes à des fins révolutionnaires. C’est pourquoi ce dernier surveille et contrôle ce qui circule sur la toile afin de prévenir tout dommage ou atteinte au régime. On constate aussi de moins en moins d’utilisateurs de proxy selon les données de 2000 et de 2005. Les utilisateurs semblent en effet préconiser les sites permis par le gouvernement et donc moins sujets à être fermés (33).

    Selon l’auteure, la perception de cette censure par les chinois diffère de la perception occidentale ‘libre’. En effet, « plusieurs bloggers chinois soutiennent que la vraie histoire dans la blogosphère chinoise n’est pas celle d’une victime oppressée qui attend d’être libérée » (42). Les chinois voient les blogs comme un moyen de « partager des informations librement » (42) et comme un endroit ou on peut « entendre la vérité et dire la vérité » (42). Certains vont même jusqu’à dire que les occidentaux se mêlent de ce qui ne les regarde pas. La libération de l’Internet chinois ne dépend que des Chinois.

    MacKinnon conclut que dans le court terme, le régime a plutôt bien réussi à prévenir une « infestation de démocratie » (44) et qu’on peut prévoir dans le long terme une nouvelle génération de bloggers chinois ayant grandi dans un univers de blogs plus apte à être autonome vis-à-vis les restrictions du gouvernement. Elle maintient que le discours civique permit par les blogs, malgré la censure, évolue tranquillement, certes, mais pas vers la démocratie. Des changements sont à prévoir aux vues des millions de conversations et d’utilisateurs, bien que ceux-ci soient guidés dans un certain étau. Cet étau gouvernemental permet toutefois une certaine libération de la « pensée collective chinoise » (45).

    Dans l’optique du cours, l’article présente des aspects de l’univers des blogs chinois et la perception qu’ont les cybercitoyens de la censure qui est imposée à l’Internet chinois mais aussi de l’évolution de cet outil informatique. Le point de vue des principaux concernés, selon MacKinnon, sembleraient être moins outrés devant la censure que les observateurs occidentaux, tels les Américains, qui sont nommés.

2 commentaires:

femme russe lyon a dit…

Est ce qu'Internet doit être surveillé ou non?

belles russes a dit…

D'après moi, Internet est synonyme de liberté et aucune censure ne devrait y être admise.