mercredi 28 novembre 2012

Les frontières chinoises de l’internet


Texte de Félicia Legault 

Douzet, Frédérick, «Les frontières chinoises de l’internet», Hérodote, 2007/2, n. 125, p. 127-142. 

L’auteure de Les frontières chinoises de l’internet, Fredrick Douzet est maître de conférences à l’Institut Français de Géopolitique de l’Université Paris 8.  Elle est également membre du comité de rédaction de la revue Hérodote.  Après avoir effectué ses études en sciences politiques et journalisme, sa thèse doctorale est axée, quant à elle, sur la géopolitique.  Ses principaux sujets de recherches portent sur des questions de géopolitique urbaine ainsi que sur les évolutions géopolitiques présentes en Californie et aux États-Unis.  Par ailleurs, l’auteure nourrit d’autres intérêts, notamment au niveau des enjeux propres au cyberespace ainsi que des médias, comme nous le verrons dans ce texte.  Cet article se base sur une quinzaine d’études écrites autant en français qu’en anglais, toutes provenant d’Occident.   



Douzet établit tout d’abord le fait que depuis le début des années 1990, l’internet a présenté une croissance exceptionnelle autant du point de vue de ses utilisateurs, de la quantité de données mises en ligne, ainsi que des services en ligne qui se sont propagés à l’ensemble de la planète.  Elle annonce ensuite que l’Internet pose maintenant de nouveaux défis en terme de sa régulation.  Ces nouveaux défis de contrôle de l’internet engendrent dès lors des rivalités de pouvoir entre les organismes de gestion du réseau, les gouvernements nationaux ainsi que les communautés d’utilisateurs et les entreprises.  Ces enjeux apparaissent tout particulièrement importants pour les régimes autoritaires, tel que la Chine.  En effet, il y a de sérieux risques que l’ouverture des populations sur le monde grâce à l’internet puisse ébranler le gouvernement chinois.  L’auteure en vient toutefois à la conclusion que le PCC a réussi avec brio à contrôler à ce jour autant les utilisateurs que l’information qu’on retrouve sur le net et ce, grâce à l’utilisation de technologie de pointe et une législation appropriée.  

L’auteure débute son article en faisant un bref historique de l’Internet en Chine.  Elle y explique notamment qu’à partir de 1994, le moment où il y a eu la première ligne internationale dédiée à l’Internet en Chine, les autorités contrôlaient absolument toute l’information y compris les réseaux.   Suite à une restructuration complète du réseau, les Chinois se sont vue obligés de se connecter par le biais de lignes internationales fournies exclusivement par le PCC.  L’auteure explique ensuite que le PCC gère et élabore les lois et réglementations au fur et à mesure que les coups arrivent.  Grâce à cette fine réglementation couvrant tous les aspects de la connexion sur l’Internet, le PCC a établi un réel cordon sanitaire autour de la Chine.

Afin de bien réguler cet outil formidable qu’est l’Internet, le gouvernement chinois a mis en place plusieurs outils de contrôle.  Le PCC commence par filtrer l’information à la source, en s’appuyant sur la collaboration technologique et politique de compagnies étrangères, dont la majorité sont américaines.  Ces dernières se voient dans l’obligation de se conformer à la législation chinoise si elles veulent pénétrer le marché prometteur chinois de l’Internet.  Pour ne pas perdre leur accès au marché, les compagnies américaines ont acceptées de développer la technologie permettant au PCC d’avoir un contrôle de l’Internet par le biais d’une infrastructure physique où il n’y a que neuf fournisseurs ayant accès à l’Internet.  Ces neuf fournisseurs contribuent eux aussi au contrôle en se voyant obligés de tenir des fichiers comprenant le nom de chaque client ainsi que tous les sites visités et leurs messages personnels.  Le PCC renforce ensuite son contrôle en utilisant des patrouilles policières qui ont reçues un mandat de surveillance.  Ces patrouilles doivent scanner les sites, procèdent à des raids dans les cyber cafés, organisent une surveillance des dissidents.  Finalement, grâce à la législation et à une répression sévère, le PCC a réussi à implanter une autocensure efficace chez les internautes.  Si toute critique envers le gouvernement, qu’elle soit petite ou grande, est susceptible d’être réprimée, les chinois peuvent tout de même s’exprimer comme bon leur semble sur des sujets économiques, culturels et sur les loisirs.  Il y a en effet une abondance d’information et d’échanges qui circulent, chose qui n’était pas possible en Chine avant internet.  Il est important de comprendre que cette censure n’est pas condamnée par tous les chinois.  Certains disent que l’ouverture sur le monde qu’apporte l’Internet est une nette amélioration sur le passé, et qu’il apparaît tout à fait légitime d’émettre des limites dans certains domaines tels que la pornographie, la violence ou la sécurité nationale.  Toutefois, on assiste à l’élaboration d’une résistance qui s’organise parmi certains utilisateurs du net qui développent des logiciels pour contourner les réseaux nationaux, ou encore qui se servent de serveurs basés à l’étranger qui changent automatiquement les adresses internets, ce qui rend la tâche difficile à toute police désirant retracer les usagers.

Au final, il n’est pas évident d’en venir à la conclusion que l’Internet aura la peau du PCC.  Il reste que le PCC à montrer jusqu’à présent une capacité d’adaptation grâce à l’innovation technologique ainsi qu’aux stratégies de contrôle utilisées.  Le filtrage est désormais plus sophistiqué, subtil et efficace.  La Chine, tout en convainquant les entreprises occidentales à collaborer à l’élaboration de son système, a ignoré toutes les contestations des démocraties occidentales concernant les droits de l’Homme.  L’auteure en conclut alors que les autorités chinoises réussiront à résister à toutes les formes de dissidence, autant internes qu’externes.

Ce texte s’inscrit dans le cadre de notre cours car il résume bien la situation présente de l’Internet en Chine.  Il pose également des questions sur l’avenir du PCC face à l’ouverture sur le monde, bien que limitée, qu’apporte l’Internet.  Ce texte explique particulièrement bien les circuits de collaboration de tous les organismes, autant chinois qu’étrangers, permettant d’exercer une forte régulation de l’Internet.  Après avoir pris connaissance de cette structure régulatrice à plusieurs plateaux, il devient intéressant de réfléchir sur les réelles possibilités d’organiser une opposition durable et forte susceptible d’ébranler les bases sur lesquelles reposent le pouvoir du PCC.               
            

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