mardi 27 novembre 2012

« Blogging Everyday Life in Chinese Culture »

Haiqing Yu, « Blogging Everyday Life in Chinese Culture », Asian Studies Review, Décembre 2007, vol. 31, pages 423-433.

Texte de Pascale Couturier

Haiqing Yu a fait ses études doctorales sur l’utilisation des médias et les études de la culture à l’Université de Melbourne. Elle travaille présentement sur des recherches portant sur la transformation des médias en Chine et la structure culturelle, sociale et politique qu’ils adoptent. Ses études portent aussi sur la sociologie des médias et  la communication culturelle. De plus, elle enseigne des cours d’études asiatiques à l’Université de New South Wales à Sydney.

Son article « Blogging Everyday Life in Chinese Internet Culture » tente de démontrer en quoi internet est en voie de devenir une plateforme pour l’activisme politique et pour la démocratie en Chine. Cette transition aurait comme origine non seulement le contexte de globalisation, mais aussi les demandes socioculturelles de la population dans le contexte de la Chine moderne. Pour se faire, l’auteure s’appuie sur l’exemple des « bloggeurs » qui, selon elle, démontrent comment internet est devenu un moyen pour les individus d’exprimer leur citoyenneté et leur opinion sur divers sujets politiques ou autres. Ainsi, ces individus deviennent des créateurs culturels et influencent l’opinion publique sur la politique, la culture et la société  et conséquemment,  affectent la manière dont les gens se servent d’internet à tous les jours en Chine.


Tout d’abord, Haiqing Yu trace le portrait du blog en Chine. Elle indique que cette méthode médiatique y a fait son apparition en 2002 et est vite devenue populaire à cause, notamment, de son impact sur la vie de tous les jours des utilisateurs. Peu à peu, une « culture-internet » se créerait en Chine. L’auteure donne aussi les exemples des vidéos amateurs « A Hard Day’s Night », « The Promise » ou « A Bloody Case Caused by a Steamed Bun » mis en ligne par des bloggeurs chinois afin de démontrer que le blog en Chine permet un « entertainment for entertainment’s sake » (p. 425) plutôt qu’une éducation vis-à-vis le divertissement. Ce sont des moyens de démontrer des situations particulières de la vie en Chine à l’aide du sarcasme, de la moquerie et du « spoof. » Le blog devient une pratique de culture et change peu à peu  le fonctionnement de la culture de consommation en Chine. 

Par ailleurs, Haiqing Yu soulève le fait que le blog permet d’étudier les médias d’un autre point de vue. Ils ne sont plus qu’une consommation et assimilation par le peuple, mais plutôt d’une création de celui-ci. Ainsi, ce type de média est créé de manière active et fluide – ce qui serait une caractéristique de la postmodernité chinoise. De ce fait, le blog ouvre la porte à la création d’une culture de circulation et d’échanges à une plus grande sphère de la société. Tous sont libres de s’exprimer à l’aide de cet outil «rebelle » contre la culture et l’idéologie dominantes.

Finalement, l’auteure explique que le blog est un moyen plus doux ou « soft core » pour certains bloggeurs de s’opposer à la culture populaire ou la politique à l’aide de parodies, moqueries et caricatures. Or, cette nouvelle forme de culture chinoise serait entrain de créer une sorte de zone grise en Chine puisque son évolution et ses motifs ne sont pas toujours clairs. 

Dans « Blogging Everyday Life in Chinese Culture », l’auteure appuie ses propos avec de nombreuses recherches (exemples tirés de blogs chinois, études, monographies, articles, etc.) et observations. Cet article nous permet donc d’étudier la place qu’occupe internet et le blog dans la routine et la vie quotidienne de certains Chinois et en quoi une culture-propre est entrain d’y émerger. J’ai trouvé cette optique intéressante et originale, quoi qu’elle ne soit pas par elle-même suffisante pour expliquer la possible démocratisation de la Chine via les nouveaux médias.

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