lundi 26 novembre 2012

Internet, levier de puissance nationale


Texte de Vincent Valentine

Arsène, Séverine, Chine : Internet, levier de puissance nationale, I.F.R.I., Politique étrangère, 2012/2 – été, pages 291 à 303.

Séverine Arsène est docteur en sciences politiques de l’Institut d’études politiques de Paris. Elle est actuellement en étude postdoctorale et titulaire de la bourse « Yahoo ! » à l’Université de Georgetown à Washington D.C. Elle est aussi l’auteur du livre « Internet et politique en Chine ».

L’article de Séverine Arsène est très intéressant, car l’auteur nous fait connaître les problèmes auxquels les grandes puissances autoritaires et démocratiques, mais principalement la Chine, font face devant un réseau Internet mondial qui ne cesse de s’étendre. L’auteur parle donc de l’arrivée de l’Internet en Chine jusqu’à aujourd’hui et nous explique en fait sa progression à l’intérieur des politiques de l’État chinois sur le plan national et international. Pour ce faire, l’auteur va utiliser des sources Internet, des articles de revues politiques, des monographies et des ouvrages généraux, etc.

Séverine Arsène étudie donc le rôle de l’Internet aujourd’hui, demain et hier en Chine en partant de ses débuts dans ce pays jusqu’à la « White Paper on the Internet in China » publié en 2010. Dans ce document, l’État chinois affirme qu’il faut utiliser Internet dans les domaines du commerce, du divertissement et de l’administration en ligne. Très tôt dans les années 1990, la Chine décide d’investir dans le développement de l’Internet en y voyant un grand intérêt commercial et économique.


L’article de Séverine Arsène traite de différents sujets quant à l’utilisation d’Internet. Son article est divisé en plusieurs parties. Premièrement, l’auteur affirme et nous montre comment l’Internet est un outil important de modernisation et de nationalisation. Dans le discours chinois, l’Internet est un élément important du retour de la Chine au sein des grandes puissances mondiales car l’Internet est un instrument de première importance pour mesurer le niveau de modernisation d’un pays et de sa puissance nationale global. Internet devient donc partie intégrante du développement et de l’affirmation nationale chinoise. Cependant, comme l’auteur nous le fait part, pour ce faire, la Chine doit avoir un contrôle serré de l’Internet sur son territoire. Cette censure pour les puissances occidentales fait de la Chine une « ennemie d’Internet » et de son développement dans une optique mondiale de liberté d’expression et de démocratie. Les autorités chinoises quant à elles affirment qu’une censure de l’Internet favorise une stabilité et une meilleure sécurité dans le réseau. Donc un bon contrôle et une censure est essentiel pour son bon fonctionnement.

Beijing favorise donc dans le cadre de congrès mondiaux sur la gouvernance d’Internet, pour remplacer les forums internationaux de gérance d’Internet comme l’IETF, une gouvernance multilatérale interétatique dans le cadre de l’ONU. Ce qui permettrait une plus grande souveraineté des États qui serait accompagnée d’une structure interétatique de l’Internet. L’arrivée d’un réseau efficace de l’Internet en Chine rentre donc dans une stratégie de développement économique et de redressement de la puissance nationale. Elle est un élément du contrat social chinois, dans lequel le Parti promet une vie moderne mais en échange d’une stabilité politique. Il faut donc avoir un contrôle d’Internet pour faire valoir ce système, car sinon la souveraineté du parti peut être remis en cause et donc l’Internet ne serait plus au service de la nation chinoise en créant une instabilité politique. La Chine refuse donc le modèle de gérance « multi-skateholder » qui ne reconnaît pas les États comme étant les seuls représentants légitimes de leurs populations et propose donc, comme nous l’avons mentionné, une gestion de l’Internet dans un cadre onusien.

Dans une optique de politisation croissante d’Internet, il sera intéressant de voir comment le « web » va se développer lors des prochaines décennies dans les pays autoritaires. Car, l’Internet représente la liberté d’expression et la libre circulation des idées à travers le monde et la Chine tente de censurer et de contrôler l’Internet sur son territoire. Ce qui est intéressant d’analyser, et ce dans le cadre de notre cours, est que le PCC propose une modernisation de la vie aux Chinois avec, entre autres, Internet. Cependant, cette politisation de l’Internet pose des problèmes aux PCC, car l’Internet est un outil de contestation indispensable au XXIe siècle pour la diffusion de l’information et risque de créer une instabilité politique. Il sera aussi intéressant de voir lors des prochaines décennies, si certains pays occidentaux adopteront certaines politiques de censure chinoise de l’Internet compte tenu du fait de l’accroissement de la présence chinoise dans les marchés mondiaux.

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