lundi 5 décembre 2011

Les «visites» collectives des paysans auprès des autorités supérieures


Texte de Steven Peng-Seng

Xing, Ying. « Les «visites» collectives des paysans auprès des autorités supérieures ». Études rurales, no. 179 (janvier 200). p. 155-168

L’auteur de cet article est Ying Xing, professeur à l’Université chinoise des sciences politiques et du Droit – École de la sociologie. Il obtient son doctorat en sociologie à l’École supérieure de l’Académie chinoise des sciences sociales.

Il étudie le phénomène social des « visites » collectives, un mouvement de la masse populaire qui utilise le dispositif institutionnel du xinfang (lettre et visite). Ce dispositif permet aux citoyens de contacter des cadres supérieurs. Cette institution a été créée par le Parti communiste chinois et devait être un organe qui offrirait plusieurs possibilités à ses utilisateurs. Cependant, aujourd’hui, il est utilisé par les citoyens ordinaires chinois pour se plaindre et pour revendiquer le droit d’assistance.
Pour comprendre le phénomène, Ying Xing se base sur un cas typique de ce type de mouvement, le mouvement de xinfang du Dahe. Ce mouvement de la province du Sichuan se forma vers la fin des années 1970 alors que la province entreprend la construction d’un barrage hydro-électrique qui ruina de nombreuses terres agricoles. Malgré les avertissements des techniciens du barrage de Dahe, aucune action n’a été entreprise par les autorités supérieures. Après deux ans de visites des paysans, les autorités décident de régler ce problème. Ils envoient une aide financière afin de construire une usine locale, mais cette usine n’a pas pu voir le jour dû à des complications. Les paysans se remobilisent et leurs responsables, étant opportunistes pour obtenir de l’argent, les incitent à protester. Les autorités supérieures redonnent une aide financière à la communauté, mais les paysans n’en profiteront pas vraiment puisque cette aide fût détournée par les autorités. Ainsi, les paysans comprennent que le gouvernement ne réagit que s’ils font des protestations.
À travers une analyse du phénomène, l’auteur conclut que le dispositif des lettres et visites du gouvernement s’avère inefficace. La lenteur du gouvernement à réagir face à ce type de problème et la corruption des fonctionnaires locaux a contribué à la détérioration de la légitimité du gouvernement. Le dispositif des lettres et visites a fini par produire un cycle sans fin de complication.
Le texte cherche avant tout à décrire et analyser le fonctionnement du xinfang à travers le cas du Dahe. Par cette analyse, il cherche à comprendre les problèmes et les conséquences que l’institution a engendrées.
Dans le cadre de notre cours, ce texte permet une compréhension de l’attitude du gouvernement chinois face aux problèmes de la société chinoise. Par le cas du Dahe, il est possible de saisir une certaine ambiguïté de la part du gouvernement: d’un côté, il établit un moyen de communication entre le haut et le bas, mais de l’autre, ce moyen ne s’avère point efficace puisque celui-ci préfère se concentrer sur les problèmes considérés urgents laissant ainsi les petits problèmes se détériorer au point d’en devenir grave. Certes, ce moyen de communication permet tout de même aux paysans d’être entendus.


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