lundi 5 décembre 2011

La population chinoise face à la règle de l'enfant unique


Texte de Jean-Philippe Zamojski


Bianco Lucien, Chang-Ming Hua, «  La population chinoise face à la règle de l'enfant unique ». Actes de la recherche en sciences sociales. Vol. 78, juin 1989. pp. 31-40


Lucien Bianco est un sinologue français spécialisé dans la paysannerie chinoise. Il est directeur d’études à L’École des hautes études en sciences sociales et directeur du Centre de recherches et de documentation sur la Chine contemporaine en France. 


L’article s’intéresse aux difficultés qu’a engendrées la mise en application de la règle de l’«enfant unique», principalement entre les années 1980 et 1984. Cette règle instaurée en 1978, afin de contrer l’essor démographique engendré par le «baby-boom» des années 60, s’est avérée très impopulaire. L’auteur nous présente les différents aspects que cette règle a occasionnés. Il est important de noter que le texte a été écrit en 1989.



Au début de la décennie 70, le gouvernement avait entamé une campagne pour diminuer le nombre d’enfants par couple. Cette campagne avait diminuée de moitié le nombre d’enfants par femme, passant d’une moyenne de 5.8 enfants à 2.8. Elle incitait les couples à se marier plus tardivement, donc à procréer plus tard, ainsi qu’à espacer les accouchements. Pourtant, le gouvernement s’inquiétait de l’essor démographique prévu pour la décennie 80, puisque la Chine se retrouvait avec une importante population en âge de procréer. À partir de ce problème est né la règle de «l’enfant unique», qui incitait les couples à concevoir un seul enfant, afin de contrôler l’essor démographique. 


Dans les premiers temps, le gouvernement octroyait  une «carte d’enfant unique» pour ceux qui adhéraient à la règle. Cela donnait de nombreux avantages, tels des primes mensuelles, des logements plus spacieux, les soins médicaux et l’enseignement gratuits, etc…  Le coût qu’engendrait ces avantages a cependant obligé le gouvernement à abandonner l’initiative rapidement. D’un autre côté, les familles nombreuses recevaient des pénalités et amendes. La règle s’est donc retrouvée impopulaire très tôt. Les couples adhéraient donc rarement à la loi de l’enfant unique, et ce, surtout à la campagne. Plusieurs raisons expliquent cela.


Tout d’abord, les cadres devant imposer les règles ne sont pas en mesure de donner l’exemple. Leur manque de détermination entraine une diminution de l’adhésion, puisque la population se basent sur les agissements des cadres pour former le leur. Il y a beaucoup de naissances clandestines et le sort réservé aux filles est particulièrement cruel. Le taux d’infanticide augmente, puisque les filles sont considérées comme indésirables. Les garçons assurent une sécurité pour les couples, et ce, particulièrement à la campagne. Moins d’e un paysan sur soixante détient une assurance retraite, contre un citadin sur cinq. Le fils peut combler les besoins des parents et s’occuper de la terre, tandis que la fille s’occupe généralement des beaux-parents et demeure souvent hors du village familial. Les fillettes sont alors souvent abandonnées ou tuées à la naissance. Elles sont noyées, étouffées, jetées à l’eau ou dans un fossé, etc.c… Les autorités supérieures déplorent le fléau, mais les autorités locales ferment les yeux. Donc, la situation pe fléau perdure.  Il y a aussi une recrudescence des adoptions et de la vente d’enfants, soit pour que le couple ait une chance de donner naissance à un garçon, ou pour se départir du deuxième enfant qu’ils ne peuvent avoir et ainsi éviter les amendes venant avec cette transgression de loi. Pour assouplir ces fléaux, les autorités ont alors décidées depuis 1984 de permettre dans certains cas, un deuxième enfant aux couples ayant une fille. 


Au final, le nombre de jeunes en âge de procréer fait tout de même augmenter le taux de natalité. Il y a moins d’enfants par couple, mais il y a plus d’enfants dans l’ensemble, car il y a plus de couples. 

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