mardi 6 décembre 2011

L'agitation paysanne menace-t-elle le régime ?


Texte de Sarra Beninal


Lucien Bianco, « L'agitation paysanne menace-t-elle le régime ? » Perspectives chinoises. N°17-18, 1993. pp. 13-16. 

Historien, est sinologue français, Lucien Bianco est un spécialiste de la paysannerie chinoise et l’auteur  de  Les origines de la révolution chinoise (1967), En 2003 il reçoit le prix Levenson pour son livre Peasants without the Party. Son parcours académique est marqué par son passage dans plusieurs université de renommée mondiale ; d’abord la Sorbonne où il soutient sa thèse sur la crise de Siam, puis un an à Harvard, Princeton, université du Michigan… il est présentement directeur d’étude à l’École des hautes études en science sociales et directeur du Centre de recherche et de documentation sur la Chine contemporaine.


Les soulèvements des paysans de Renshou en 1993 ont suscité de nombreuses réactions de la part des médias et de nombreuses questions quant à la viabilité du régime communiste. Ainsi, beaucoup se sont demandés si les agitations paysannes menaceraient la stabilité du régime. L’auteur tente donc de répondre à la question en évoquant plusieurs aspects des révoltes paysannes dans le pays. Tout d’abord, nous apprenons que le cas de Renshou n’est pas un cas unique et que déjà depuis 1992 des révoltes éclatent un peu partout dans les provinces du Guangdong et au Heilongjang. Les attaques paysannes visent autant l’administration que ces représentants et de nombreuses manifestations, grèves et rassemblements illégaux ont lieu. Nous apprenons aussi, que le mécontentement des paysans est surtout causé par la hausse des taxes et les payes en «monnaie de singe» inconvertissables avant un long moment et subissant l’incertitude de l’inflation. Obligés d’attendre, un long moment, avant de pouvoir acheter engrais et essence, les paysans, impuissants, voient le prix du grain chuter. Cette situation injuste est, en plus, inégale entre villageois en raison de la corruption qui existe au sein des cadres qui «savent se souvenir des services rendus» et qui favorisent certains villageois sur d’autres, créant ainsi un fossé entre ces derniers.

Nous apprenons aussi, que les paysans sont de plus en plus informés en ce qui concerne les inégalités qui existent entre eux et les citadins. Les revenus, en 1992, des paysans étaient de 770 yuans contre 2000 en ville, ces différences sont en plus accentuées par la qualité et les faibles coûts des services offerts en ville. Le pouvoir d’achat des paysans a stagné, ou même reculé depuis 1989 en raison de la politique économique qui favorise les régions côtières et les villes… Malgré tout cela, ce n’est pas ce qui consterne le plus les paysans, mais plutôt le fait d’avoir sans cesse de nouvelles taxes à payer et ce en dépit de leur situation financière déjà précaire. Les paysans sont d’autant plus contrariés par ces taxes supposées servir pour des projets locaux ou services dont ils ne voient que peu souvent l’utilité étant donné qu’ils ne bénéficient pas de ces services. Concernant le Renshou (nov.1992), c’est le prix de 45 millions de yuans imposé aux villageois pour la construction d’une route nationale qui mettra le feu aux poudres et qui obligera les forces de l’ordre à intervenir en arrêtant les protestataires. 


L’article se termine avec l’affirmation que les émeutes des paysans ne sont pas un danger pour le gouvernement et que le communisme déjà vieux en 1993 finira par mourir de lui-même. L’auteur démontre que ce genre de réactions ont déjà eut lieu par le passé sans avoir rien changé et que l’impossibilité d’une alliance entre villageois et citadins, étant donné leurs énormes divergences n’aidera en rien leur cause. Cet article serait intéressant pour les étudiants qui choisiront comme sujet de synthèse d’aborder la question de la crainte que devrait avoir ou non le parti communiste face au mécontentement paysan.      





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