lundi 5 décembre 2011

La population chinoise face à la règle de l’enfant unique


Texte de Marie-France Vaillancourt


Bianco, Lucien et Chang-Ming, Hua. « La population chinoise face à la règle de l’enfant unique », Actes de la recherche en sciences sociales, vol. 78, juin 1989, p. 31-40.


Lucien Bianco est sinologue et historien français, directeur de recherche émérite au CNRS qui s’intéresse particulièrement à la paysannerie chinoise du XXe siècle. Il est également retraité du poste de directeur d’études de l’EHESS. Hua Chang-Ming a, quant à lui, été bibliothécaire au Centre de recherche et de documentation sur la Chine contemporaine de l’EHESS.



Les auteurs cherchent ici à exposer la situation de la Chine, principalement celle des campagnes, face à la politique de l’enfant unique appliquée par le gouvernement chinois pour assurer une transition démographique. Ils se réfèrent principalement à des articles de journaux locaux et exposent les histoires et les exemples de plusieurs individus qui ont vécu les effets d’une telle politique, qu’il s’agisse de gens défiants et contournant les règles ou des cadres du gouvernement qui visent a les faire appliquer, tout en profitant souvent largement de leur statut particulier pour s’élever également au-dessus de la loi. Les deux chercheurs se penchent ainsi plus particulièrement sur les difficultés à faire appliquer cette politique dans les années 80, qui visait à réduire la croissance démographique de la Chine et qui fut plutôt efficace.


Les volets d’application de cette politique démographique, dont les méthodes pour empêcher le dépassement du nombre familial (contraception, récompenses, avortement, fuite, etc.), les répercussions, les mauvais exemples et les effets d’une telle politique, surtout chez les femmes et sur les taux démographiques en général sont exposés. Rapidement, on constate que les autorités chinoises n’ont guère d’autres choix que d’assouplir les règles encadrant les politiques face aux naissances, en permettant aux familles une flexibilité moins éprouvante, particulièrement dans une société où les enfants, particulièrement les garçons, sont tout ce qui peut assurer aux parents une vieillesse relativement confortable.


Les auteurs concluent en établissant les résultats de cette politique et leur possible application dans les années 2000. Ils font état des coûts d’une telle approche de la planification familiale et évoquent une certaine continuité de son application, bien que la grogne soit bien présente, surtout dans les campagnes. Lentement, mais surement, les injustices, les abus et les difficultés qu’entraine la limitation des naissances commencent à se faire ressentir au sein de la population chinoise. En fin de compte, cette politique peut avoir fait plus de mal que de bien à long terme, alors que le vieillissement de la population pourra difficilement être soutenu par les générations beaucoup moins importantes au niveau du nombre.


Le texte de Lucien Bianco et Hua Chang-Ming est ainsi un exposé de la politique de l’enfant unique appliquée en Chine dans les années 80, avec toutes ses ramifications. Datant de la fin de la décennie abordée, le texte n’est pas d’une actualité brulante, mais permet tout de même d’avoir une idée des effets d’une telle politique dans la société chinoise, plus particulièrement dans ses campagnes. En filigrane, il est ainsi possible de capter les tensions qui commencent à ébranler le système chinois qui cherche à se maintenir.

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