mercredi 7 décembre 2011

Engagement citoyen et gouvernance locale


Texte de Yassine Idrissi


Wu Guoguang, « Engagement citoyen et gouvernance locale en Chine », Perspectives chinoises 2008/1 | 2008.


Wu Guoguang né à Shandong, est un érudit renommé chinois et un membre de l’office de restructuration de la politique centrale durant le mandat du premier ministre chinois Zhao Ziyang. Il obtient un BA en journalisme à Beijing University, un MA en droit a l’académie chinoise des sciences social, un MA et un PHD en science politique de Princeton University. Il fut aussi secrétaire du président de l’académie chinoise des sciences sociale et chef éditeur du département des affaires courantes au People’s Daily.
Cet article est publié dans Perspectives chinoises, revue analysant les mutations du monde chinois contemporain dans leurs aspects politiques, économiques, sociaux et culturels et s’insère donc parfaitement dans l’œuvre générale de l’auteur.

Dans son article « Engagement citoyen et gouvernance locale en Chine » Wu Guoguang tente d’expliquer les limites de l’engagement citoyen en chine à travers l’exemple des contestations/protestations dans les villages de Taïchi et de Dongzhou. Dans ces derniers se déroulèrent des manifestations pacifiques mais tout de même fortement réprimé par le gouvernement locale, et ce, malgré l’implication des medias etc : sous prétexte de maintenir « l’ordre sociale ».
L’auteur souligne que ces manifestations font parties intégrante du paysage chinois avec 240 manifestations par jour impliquant en moyenne 5 millions de personnes. Ces dernières se soldent pour la plus part par des échecs à cause des différentes répressions cautionnées par l’état. Or, le paradoxe entre le discours étatique et ses actes est ici flagrant. En effet, d’un coté l’état prône des concepts tels que la « bonne gouvernance » et « l’engagement citoyen », mais viens couper court à toutes manifestations spontanées et engendrées par la nouvelle conscience civique/citoyenne des chinois. Il n’y a donc pas de réel dialogue instauré entre la population chinoise et le gouvernement. Ainsi, ce denier réprimande ces manifestations même si elles ne vont pas à l’encontre de sa légitimité et qu’elles tentent plus d’engager une coopération/négociation.
L’article nous explique que l’impératif économique régit les agissements du gouvernement chinois qui en fait son fer de lance et donc sa priorité. Cela crée un fossé entre le développement économique et le développement social et donne donc la priorité à l’économique  en dépit du mécontentement sociale : mentalité du « développement à tout prix ». Comme montré par l’exemple de Taïchi et de Dongzhou, le gouvernement local justifie la répression violente en indiquant que les actions des manifestants risqueraient d’effrayer les investisseurs étrangers.
Ainsi, le gouvernement locale par le biais de ces répressions, garanti la  « mission centrale/première » du gouvernement. Cependant d’autres raisons en faveur de l’étouffement des voix populaires émergent tel que la corruption des cadres du Parti dont la carrière, les bénéfices et les avantages (voitures de luxes, banquets et loisirs etc.) dépendent plus de l’essor des activités économiques que du bien-être et de l’avis des résidents. C’est donc tout un système parallèle de corruption qui se nourrit de la prospérité économique dans un but d’enrichissement personnel et familiale (les cadres locaux placent leurs enfants à la tête de grandes sociétés) et met par la même occasion un frein au développement social.
Il existe cependant des cas ou les cadres sont plus intègres mais « s’ils soutiennent les citoyens, ils n’ont rien à gagner si ce n’est d’avantage de problèmes, s’ils se tournent contre les citoyens, ils peuvent protéger leurs acquis, voire accroitre leurs gains. » : ce qui, dans un pays ou la corruption ne se cache pas, règle le problème de manière drastique.
L’article nous explique aussi la relation ambiguë qu’entretiennent dirigeants nationaux et cadres locaux. Les dirigeants nationaux sont les plus indépendants en matière de décision politique, mais dépendent grandement de leurs subordonnées car ces derniers représentent la branche exécutive et sont chargés de la « sale besogne ». Les dirigeants nationaux ne peuvent limoger comme bon leur semble les cadres locaux a moins de mettre en péril leur propre carrière. Les « seigneurs locaux » constituent donc  à leur manière un bloc de pression vis-à-vis du gouvernement centrale.
L’auteur conclu que la notion d’engagement citoyen aura du mal à s’intégrer complétement dans un pays a base autoritaire et ce malgré sa pseudo-ouverture sur les questions sociales. Le jeu politique entre gouvernement centrale, locale, et poursuite frénétique du développement économique au détriment des revendications populaires aura raison de cette engagement citoyen, pourtant synonyme d’une autre façon de penser et de pratiquer la gouvernance en Chine.
















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