lundi 5 décembre 2011

L'agitation paysanne menace-t-elle le régime?


Texte de Karl-Philippe Gauthier-Sanchez


Bianco Lucien. L'agitation paysanne menace-t-elle le régime ?. In: Perspectives chinoises. N°17-18, 1993. pp. 13-16.

Lucien Bianco est un sinologue français avec un curriculum vitae assez impressionant. Il se spécialise en histoire de la paysannerie chinoise au 20e siècle. Il a enseigné à Harvard, Princeton, Stanford ainsi qu’à Taiwan et Hong Kong. Il est aussi directeur de l’École des Hautes Études en Sciences Sociales de Paris. Ce texte sur les émeutes de Renshou en juin 1993 s’inscrit parfaitement dans sa spécialisation et son œuvre plus générale. 


Bianco tente de relativiser les émeutes de Renshou en 1993 que certains appelèrent à l’époque un petit Tian’men. Ce texte est une réaction à ces auteurs qu’il ne cite pas et Bianco démenti cette thèse avec véhémence. Pour ce faire, il se base sur des statistiques et des faits relevés dans les régions rurales de Chine. Il démontre donc que ces émeutes à Renshou ne sont qu’un événement parmis tant d’autre. Il explique ensuite les causes de ces révoltes généralisés. La baisse du prix des céréales et l’obligation des paysans de les vendrent au gouvernement en échange d’assignats (monnaie avec une valeur moindre que le yuan) est à la base du mécontentement paysans. La hausse des prix du nécessaire au travail de ferme tel l’essence et l’engrais et la baisse des revenus rend donc la vie plus dur à la paysannerie chinoise. 



L’autre point majeur qu’il soulève pour expliquer les émeutes sont les exactions des gouverneurs locaux qui prélèvent des impots parafiscales. Ceux-ci contournent les lois du gouvernement central pour extorquer plus d’argent aux paysans. La réaction du gouvernement central est « traditionelle » selon lui (c’est à dire que la même solution était appliqué par le gouvernement impérial et républicain). Le PCC punit sévèrement les meneurs des émeutes pour donner l’exemple tout en réprimandant les gouverneurs locaux pour leurs exactions tout en cédant aux demandes des paysans à court terme pour calmer le jeu.


Sa conclusion est donc que les émeutes paysannes ne menacent en rien le régime communiste en place et qu’une union entre les mécontents ruraux et urbains semble impossible grace à la nature antagoniste de leurs revendications. De plus, il avance que la mort de Deng Xiaoping (il a 89 ans à l’époque) représente un plus grand danger pour le régime que les émeutes et les revendications de millions de paysans. 

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