lundi 5 novembre 2012

Que signifierait la sinisation du monde?


Ly Lam Fung, « Que signifierait la sinisation du monde ? », Armand Collin, Revue internationale et stratégique, 2011/1, no81, pages 79 à 86.

Ly Lam Fung est ingénieur et haut fonctionnaire au ministère de la Défense.

L’article de Fung porte sur le « retour » de la Chine sur la scène mondiale. L’auteur va, à travers plusieurs thèmes, comme nous allons le voir, nous démontrer comment la Chine va prendre sa place dans son « retour » au rang des grandes puissances de ce monde. Effectivement, comme l’auteur nous le souligne, les succès de la Chine pour la réalisation des Jeux olympiques de 2008 et de l’Exposition universelle de 2010 à Shanghai sont le signe d’un retour flamboyant de la Chine dans l’Histoire. Donc, la Chine devient une nouvelle puissance de plus en plus reconnue dans son propre « style ». 

La Chine est donc une nouvelle puissance avec des pratiques culturelles, un système de gouvernance tant sur plan politique qu’économique et aussi avec comme l’auteur nous le souligne, un système climatique, bien différents de ceux de l’Occident. Ly Lam Fung nous présente donc les différences entre l’Occident et la Chine et nous donne et explique les raisons pour lesquelles ils pourraient s’entraider. L’auteur construit donc son article en comparant les particularités du système chinois et du système occidental.



Premièrement, l’auteur va aborder le point de la morale. La vision chinoise du monde place la collectivité avant l’individu alors que la vision de l’Occident est l’inverse. Comme l’auteur nous le mentionne, cette mentalité chinoise de la collectivité avant l’individu provient de Confucius et de ses disciples du VIe av. J-C, donc de ses valeurs traditionnelles. De plus, l’auteur nous montre que les Chinois ne croient pas en une vérité absolue à l’inverse de l’Occident où elle est la préoccupation première. Donc, comme l’auteur nous le souligne, la quête de l’Occident de la vérité absolue l’incite à croire qu’elle est indispensable, universelle et applicable à tout le monde. Ces différences morales sont donc à l’origine des incompréhensions entre les concepts occidentaux et les concepts chinois.

Dans un deuxième temps, l’auteur aborde le problème du système politique : un dirigisme contre une démocratie. L’Occident va juger la Chine avec ses valeurs démocratiques auxquelles il tient fermement et ne pourra donc  pas va voir les progrès de la Chine des dernières années à cause d’un biais intellectuel qui exagère les insuffisances du régime chinois. Cependant, l’auteur nous montre le contraire. En effet, le PCC, depuis la mort de Mao Zedong, nous démontre qu’il fait du bon travail et ce, de manière paisible, puisque ses différentes administrations se succèdent à tous les huit ans sans effusion de sang. De plus, l’auteur nous montre bien qu’il y a eu beaucoup de changements sociaux  et économiques importants en Chine malgré le fait qu’ils restent méconnus en Occident. Ce dernier concentrant toute son attention sur le système politique chinois de parti unique et ne voit donc pas les progrès que le PCC réalise.

Dans un troisième temps, l’auteur aborde l’idée qu’on constate généralement l’existence d’un parti unique dans les pays et régions subissant un climat défavorable. L’auteur nous démontre que des conditions climatiques difficiles favorisent un système de parti unique, car ces problèmes sont difficiles à gérer par trop d’instances politiques. Tandis qu’en Occident, la nature étant plus clémente, la population peut être plus autonome. Donc, de nombreux Chinois pensent qu’un système démocratique pluraliste serait incapable de gérer des catastrophes naturelles.

Puis, l’auteur affirme qu’il serait impossible d’appliquer un système occidental en Chine et vice-versa. Effectivement, une démocratie à l’occidentale est impossible en Chine, les Chinois étant trop attachés à leurs systèmes de « collectivité confucéenne ». Autant il serait impossible qu’une sinisation s’amorce en Occident, car il serait impossible d’apporter un peu de collectivité dans notre système capitaliste qui prône une démocratie individuelle. Pourtant, l’auteur montre bien que la Chine et l’Occident peuvent s’entraider par l’universalisme. L’universalisme étant indissociable du progrès et de la science, la Chine pourrait donc apporter des idées universelles démocratiques dans son système confucéen. De plus, le va-et-vient de touristes et d’Occidentaux en Chine permettaient à cette dernière d’apporter des modifications sans pour autant changer son système de « A » à « Z », même si il est difficile pour les Chinois de mélanger collectivité et individualisme et ce, même depuis l’arrivée d’une économie de marché. La Chine est donc très ancrée dans son traditionalisme et n’est pas prête de sans départir comme on peut le voir avec le cas du nobéliste en physique d’origine chinoise Lee Tsung Dao qui reprend des lignes de Lao Tseu, un penseur comparable à Confucius. Il est donc impossible de voir une Chine puissante et prospère sans son « traditionalisme confucéen ». 

La Chine, lorsque la révolution maoïste a échoué, s’ouvre donc sur le monde en gardant ses valeurs traditionnelles. Le retour du confucianisme depuis quelques années nous le prouve. Le PCC, depuis la fin de la période maoïste, a donc trouvé une nouvelle manière de gouverner en revalorisant le confucianisme : une morale basée sur les traditions confucéennes, respect de la hiérarchie, un nationalisme d’état, etc. Ça lui permet donc de s’assurer l’appui de sa population. On peut donc conclure que la Chine peut s’ouvrir sur le monde tout en gardant ses traditions et toujours rester dans le rang des grandes puissances. En effet, une démocratie à l’occidentale est trop risquée, et un retour complet au confucianisme bloquerait les relations aux niveaux internationaux. Cependant, si le PCC veut survivre et faire en sorte que la chine conserve son rang de grande puissance, il lui faudra trouver un juste milieu entre l’universalisme et le confucianisme. 






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