lundi 5 novembre 2012

Confucius, les libéraux et le Parti


Texte de Samantha Gauvin

Ji Zhe, « Confucius, les libéraux et le Parti: Le renouveau du confucianisme politique." La vie des idées, mai 2005, p.9-20. 


Ji Zhe, l’auteur de l’article en question est docteur en sociologie à l’EHESS à Paris. Il est notamment chercheur post-doctorant du CNRS, affecté au Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (GSRL). De plus, il est chercher associé à l’Institut d’études religieuses de l’Université de Fudan à Shanghai et à l’Académie des cultures européennes de l’Université de Tongji en Chine. Ji Zhe a écrit de nombreux articles sur la religion et la société chinoises contemporaines. Ces derniers ont été publiés dans des revues scientifiques prestigieuses telles que Perspectives Chinoises ou encore Cahiers internationaux de sociologie. 

L’article traite de la Chine actuelle en tant que société en mouvance et du renouveau confucéen dans la politique chinoise visible dans le conservatisme culturel croissant dans les courants politiques. En effet, Ji Zhe explique que le conservatisme culturel ou traditionnel dont il est question fait référence au confucianisme. Il insiste particulièrement sur l’impact que le confucianisme a sur les sphères intellectuelles et les débats nouveaux qui en émergent concernant la place du confucianisme dans les courants politiques. L’auteur chercher donc à montrer la légitimité que l’on peut donner actuellement au confucianisme en Chine alors qu’il semble incarner la réponse aux problèmes chinois associés à la mondialisation ou encore au besoin de revitalisation morale. 



L’auteur cherche tout d’abord à montrer le débat qui existe entre philosophes et intellectuels chinois spécialistes sur le confucianisme quant aux théories de légitimité, à savoir de quelle manière on doit intégrer le confucianisme à la société chinoise. Il porte son attention sur la théorie de politique confucéenne lancée par Jiang Qing. Ce dernier distingue confucianisme spirituel (néo-confucianisme) et confucianisme politique. Pour lui, seuls les idéaux politiques du confucianisme vont permettre à la Chine de bâtir un modèle efficace et supérieur à la démocratie occidentale. Le confucianisme politique représenterait ainsi un moyen de légitimiser le parti qui ne peut compter uniquement sur l’économie pour perdurer. Vivement critiqué, le débat s’envenime en 2004 avec la nouvelle parution d’un livre de Jiang qui fait une promotion directe des classiques confucéens au près des jeunes, afin de se réapproprier la culture. 

L’auteur cherche par la suite à montrer les débâcles qui existent au sein des milieux intellectuels chinois libéraux face à la parution du dernier livre de Jiang et la critique faite par Xue Yong. Dans le débat, on comprend que l’adhésion des libéraux au conservatisme culturel est loin de faire l’unanimité. Pourtant, ce débat relève également le remodelage des idéologies qui se produit actuellement en Chine, car certains libéraux ne forment plus l’opposition directe au confucianisme politique. Le confucianisme politique fait donc ressortir les diverses tendances chez les intellectuels quant à l’avenir de la Chine. 

Dans la troisième partie du texte, Zhe porte le regard sur un événement important à ses yeux : le colloque réalisé en 2004 qui tente d’intégrer les trois courants politiques chinois (nouvelle gauche, libéralisme et néo-confucianisme) au sein d’une tradition chinoise réinventée. L’auteur conclu qu’à partir de ce colloque, on retient que le confucianisme spirituel est aujourd’hui essentiel pour une Chine qui désire se placer dans une féroce compétition internationale, renforcir sa cohésion sociale et protéger ses intérêts nationaux. Ainsi, il semble normal que certains libéraux et conservateurs chinois commencent à partager certains idéaux afin d’en arriver à ce but commun. Il faut cependant se rappeler que ce mouvement de rassemblement est loin d’être unanime.   

L’article est donc important, car il s’intègre dans les nouvelles recherches scientifiques qui portent sur la tradition confucéenne, sujet de haut intérêt depuis les années 80. L’article montre en quoi le renouveau confucéen est d’une importance majeure, car avec la politique, on tente de lui redonner un statut institutionnel. De plus, ce renouveau s’inscrit dans un débat important en plus d’être révélateur d’importantes transformations sociologiques. Finalement, avec l’article, on comprend en quoi le destin politique du confucianisme reste incertain, malgré sa nouvelle visibilité donnée en 2004. 




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